Le ministère de l’Agriculture ivoirien se délocalise quatre jours et dresse le bilan du PNIA1

 Le ministère de l’Agriculture ivoirien se délocalise quatre jours et dresse le bilan du PNIA1
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Ce matin, le ministre de l’Agriculture de Côte d’Ivoire accompagné de l’ensemble des plus hauts responsables de ses différents départements ont pris la route pour leur tournée annuelle de quatre jours dans les campagnes ivoiriennes. Cette année, le cap est mis sur les régions d’Agneby-Tiassa et de la Mé.

Il s’agit de la 8ème édition des Journées de l’administration agricole délocalisée (JAAD) initiées en 2012 par le ministre de l’Agriculture Sangafowa Coulibay. Objectif : permettre à l’administration centrale de mieux faire connaitre et  comprendre ses politiques et aux populations locales leur permettre d’échanger et de faire remonter directement au ministre leurs préoccupations de terrain. “Le ministre pourra ainsi recueillir les propositions des agriculteurs mais aussi de l’ensemble des opérateurs de la chaîne des valeurs. Chacun aura une réponse. Il s’agit d’un dialogue direct avec le monde agricole“, a précisé à CommodAfrica un responsable du ministère.

Cette année, le thème est “Le Programme national d’investissement agricole (PNIA2) pour une croissance agricole durable“, ce qui permet au ministère de faire état, sur le terrain, du bilan du premier PNIA démarré en 2012. Rappelons que le PNIA2 porte sur la période 2018-2025 et a pour objectif central de créer neuf pôles de développement agricole intégrés autour d’activités agro-sylvo-pastoraux et halieutiques, en regroupant les 31 régions que compte le pays.

Ce thème des JAAD 2019, encore plus vaste que celui de 2018 qui portait sur la transformation structurelle de l’économie agricole, permet d’aborder tous les sujets, souligne-t-on. D’autre part, plusieurs projets seront réceptionnés durant ces quatre jours.

L'”engouement” constaté pour le Pasa phase d’urgence

Rappelons que le PNIA phase 1 était composé, tout d’abord, du programme d’appui à la sécurité alimentaire (Pasa) avec des volets manioc et cultures maraîchères, ainsi que banane plantain. Au niveau national, souligne le ministère, le Pasa phase d’urgence a connu “un réel engouement de la part des populations“. La production de manioc frais a atteint 171 500 tonnes (t) contre 200 000 t attendues, soit un taux de réalisation de 86%, avec 51 647 t commercialisées par les plateformes. A noter que trois de ces plateformes de commercialisation d’igname ont été mises en place sur les cinq prévues, commercialisant 3 563 t.

Quant à la production de banane plantain de contre-saison, 136 ha sont en cours d’aménagement sur les 200 ha prévus ; 1 544 t de banane ont été produites sur un objectif de 3 000 t, soit un taux de réalisation de 51% car, rappelle le ministère, la “quasi-totalité des parcelles ont été inondées durant de longs mois faute d’aménagement”. Deux  plateformes de commercialisation ont été mises en place sur cinq et ont commercialisé 1 346 t de banane plantain.

En ce qui concerne les cultures maraichères, 121 ha sont en cours d’aménagement sur 346 hectares ; 537 ha ont été réalisés sur le 346 ha prévus, soit un taux de réalisation de 100%. Mais la production n’est que de 3 637 t sur les 10 380 t prévues, soit 37% de réalisation, le ministère expliquant ceci par un “retard considérable dans les aménagements des sites de production“. Ceci dit, 17 plateformes de commercialisation ont été mises en place sur 18 et ont commercialisé 4 128 t de légumes.

La banane bio sera à l’honneur

Le PNIA comprenait aussi un programme banane avec un nouveau document de stratégie nationale adopté en 2010 et couvrant la période 2010-2019. Rappelons qu’en cours de programme”, en 2011, l’Union européenne a amendé son instrument de coopération au développement pour y intégrer des mesures d’accompagnement au programme banane suite à la libéralisation totale de son marché instaurée en 2006 “et tout particulièrement dans le contexte de la baisse des droits de douanes des pays NPF (Nation la Plus favorisée) qui devraient passer de 176 €/t en 2009 à 75 € /t en 2020”, précise le ministère. Pour faire face à cela, l’UE a alloué € 190 millions à la Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Ghana pour mettre en place des mesures d’accompagnement. De cela, la dotation européenne pour la Côte d’Ivoire était de € 44,75 millions, somme à laquelle le gouvernement ivoirien a ajouté € 750 000 en fonds propres, faisant un total de € 45,5 millions.

Dans le cadre de cette filière banane, vendredi, le ministre devrait réceptionner un projet en cours portant sur 10 jeunes qui développent maintenant chacun 20 ha chacun de banane bio, générant pour chacun un revenu d’environ FCFA 1 million par mois (€ 1 524).

Un bilan maraîcher en demi-teinte

Un troisième point du PNIA 1 était un appui aux filières manioc et maraichères (PRO2M sur financement du 11ème FED, qui s’achèvera le 16 novembre 2019) face au déficit de la production nationale constatée en 2013 avec une offre nationale de 7 559 477 t face à une demande estimée à 11 059 138 t.

Le PRO2M est mis en œuvre dans 21 régions de la Côte d’Ivoire dont les régions de la Mé et de l’Agnéby-Tiassa visitées actuellement par le ministère. Si des réalisations ont été faites dans ces deux régions (4 serres dont deux pour des agroentrepreneurs, 8 unités artisanales et une unité semi-industrielle de transformation de manioc, 5 sites de production plein champ et 9 pépinières), mais ” au stade de la mise en œuvre du projet, aucun impact socioéconomique n’est encore perceptible“, souligne le ministère.

Aucun certificat foncier signé mais des délimitations opérées

Enfin le volet forêt (REDD), financé par l’Agence française de développement dans le cadre du C2D. L’objectif était de délimiter les territoires de 7 villages, de délivrer des certificats fonciers sur 3500 ha et de promouvoir la contractualisation formelle des rapports entre les propriétaires terriens et les exploitants non propriétaires. A janvier 2019, quatre territoires de villages avaient été délimités : Aboisso- Comoé dans le département d’Alépé, Allosso1, Kossandji et Mopodji dans l’Alépé. Si aucun certificat foncier n’a été signé, reconnait le ministère, 110 parcelles couvrant une superficie de 3872 ha ont été délimitées sur 1012 dossiers de demande de certificats fonciers.

Le programme d’appui à la relance des filières agricoles, sur financement, là aussi, de l’AFD dans le cadre du C2D, avait trois composantes : le foncier rural, les filières vivrières et un appui institutionnel. S’agissant précisément des régions de l’Agneby Tiassa et de la Mé, le ministère fait état de 150 acteurs de l’administration et du monde rural formés à la loi sur le foncier rural, 65 territoires de villages ont été délimités, un appui a été accordé à un multiplicateur d’alevins mono sexe mâles de tilapia, trois unités de biogaz ont été installées et des directions départementales de l’agriculture ont été créées et rénovées.

Nous reviendrons au fil de ces quatre jours sur les projets phares dans cette région d’Agneby-Tiassa.

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