Le pari ivoirien du caoutchouc, notamment du latex, conforté

 Le pari ivoirien du caoutchouc, notamment du latex, conforté
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Ces derniers mois ont vu un dynamisme certain dans la filière hévéa en Côte d’Ivoire, les efforts du premier producteur africain étant récompensés. En effet, sur les sept premiers mois de l’année, ses exportations ont fait un bond de 44% par rapport à la même période en 2019, ateignant 625 548 tonnes (t), selon les données provisoires portuaires publiées mardi.

L’objectif du leader africain est de dépasser le million de tonnes de caoutchouc naturel contre 780 000 tonnes (t) en 2019 (lire nos informations : Hausse de 25% de la production de caoutchouc en Côte d’Ivoire) et  se hisser du 7ème rangmondial au 4ème d’ici quatre ans. Pour ce faire, il a lancé entre autres un programme de formation de saigneurs, de réhabilitation de pistes agricoles et d’accroissement des superficies de plantations.

D’autre part, vendredi dernier, l’Association des professionnels du caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (Apromac) a fait d’une pierre deux coups et a démarré une vaste campagne d’identification de ses hévéaculteurs qui se déroulera jusqu’au 30 septembre dans le cadre du plan de soutien économique, social et humanitaire en réponse à la pandémie de la Covid 19. Au terme de l’opération les planteurs bénéficieront d’un appui financier de l’Etat dont l’enveloppe globale atteint près de FCFA 25 milliards (€ 38 millions). Cette identification des producteurs profitera aussi au développement de la filière et à son renforcement.

Parallèlement, la Côte d’Ivoire veut accroître sa valeur ajoutée et donc sa transformation. Rappelons que mi-juin, le gouvernement a signé hier 12 conventions d’investissement avec des usiniers pour accroître la capacité nationale afin d’absorber toute la production de fonds de tasse exportée (lire notre information La Côte d’Ivoire signe 12 conventions d’investissements dans le caoutchouc).

Destinations du caoutchouc naturel exporté de Côte d’Ivoire en 2018

Exportations de caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire en chiffres en 2018
 
Le caoutchouc prend des gants

Un effort qui intervient à un moment délicat. Le marché mondial a été durement impacté par la Covid-19, nombre de pays ayant vu leur parc automobile s’immobiliser pendant de nombreuses semaines, économisant ainsi voitures et pneus, sans parler des autres pans de l’économie qui se sont figés ou ont fortement ralenti. Selon, l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC), sur les sept premiers mois de l’année, la production mondiale de caoutchouc naturel aura baissé de 8,9% par rapport à la même période en 2019 tandis que la consommation a chuté de 14%. Ainsi, l’ANPRC table sur une production en 2020 de 13,149 millions de tonnes (Mt), en recul de 4,9% et sur une consommation de 12,544 Mt en retrait de 8,9%. Le marché serait donc excédentaire de 605 000 t (lire nos informations : La Chronique matières premières agricoles au 10 septembre 2020).

Le marché du latex (principale production ivoirienne) se maintient à un niveau relativement bas malgré l’explosion de l’industrie de fabrication des gants en caoutchouc. Ainsi, la Malaisie a vu ses exportations de gants grimper de 50,1% à $3, 617 milliards sur la période de janvier à juillet 2020. La demande mondiale en gants est estimée à 330 milliards d’unités pour 2020, et la production de la Malaisie pour le marché d’exportation est estimée à 220 milliards d’unités, soit 67% de la demande mondiale.

Coup d’accélérateur sur le latex en Thaïlande

Or, pour fabriquer des gants, il faut du latex. Un pays comme la Thaïlande a mis un coup d’accélérateur sur ce segment par rapport à sa fabrication traditionnelle de feuilles fumées Grade 3, utilisées dans la fabrication de pneus . Pourtant, le prix des feuilles fumées a atteint le 1er septembre un pic de 60 baht (€ 1,63) le kilo pour la première fois depuis plus d’une décennie.

Cette année, 30% de la production de caoutchouc en Malaisie est du latex contre 20% l’année dernière, selon Luckchai Kittipol, président honoraire de l’Association thaï du caoutchouc. Rappelons que la Thaïlande est le plus important producteur mondial de caoutchouc avec 4,8 millions de tonnes (Mt) l’année dernière dont 4 Mt sont exportées ; il est au 4ème rang des exportateurs de produits transformés de caoutchouc naturel derrière la Chine, l’Allemagne et les Etats-Unis.

Principaux pays exportateurs de caoutchouc naturel en 2018

Sur les 7 premiers mois de l’année, les exportations de gants en caoutchouc naturel de Thaïlande ont grimpé de 38,5%, selon le ministère du Commerce. En 2019, le pays en a produit plus de 20 milliards dont 89% étaient exportés, générant $ 1,2 milliard. Il est le troisième exportateur mondial de gants en caoutchouc ntaurel, derrière la Malaisie et la Chine.

Ceci dit, cette année, selon Luckchai Kittipol, la production de caoutchouc naturel devrait stagner à 4,5 Mt dont 3,8 à 3,9 Mt seraient exportées. Cette atonie est liée à la faiblesse des cours ces dernières années et au désintérêt relatif des producteurs, mais aussi à la concurrence accrue d’autres pays producteurs qui sont montés en puissance cette dernière décennie comme le Laos, le Cambodge, Myanmar et le Vietnam. Or, cette année, la Chine, entre autres, devraient réduire ses achats.

Pour pallier cette baisse du marché mondial, la Thaïlande entend donc accroître de 900 000 t sa consommation locale de caoutchouc contre 800 000 t l’année dernière, en l’utilisant par exemple pour fabriquer des barrières protectrices le long des routes, afin de réduire cette dépendance à l’égard du marché international.

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