L’UA adopte une charte sur la sécurité maritime

 L’UA adopte une charte sur la sécurité maritime
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L'Union africaine (UA) a adopté samedi à Lomé, une charte sur la sécurité maritime. Dix-sept chefs d'Etat et 38 délégations étaient présents depuis lundi dans la capitale togolaise qui se félicitait de retrouver sa superbe d'antan lorsqu'elle était réputée pour l'organisation de conférences internationales de tout genre. Cette conférence était la première de grande ampleur organisée depuis 30 ans et le premier sommet de l'UA à Lomé.

La charte a pour objet  d'assurer une meilleure sécurité des côtes (lutte contre la piraterie, le trafic de drogue, d'armes, d'êtres humains, et contre la pêche illégale), de créer et de financer un fonds de sécurité et de sûreté maritimes,  faciliter l'accès aux informations" et protéger l'environnement. L'Afrique recèle 17% des ressources mondiales en eau douce, une richesse qui doit être perçue "comme une opportunité de développement durable", selon le président kényan Uhuru Kenyatta.

La Charte doit s’intégrer à la Stratégie africaine intégrée pour les mers et pour les océans à l'horizon 2050, stratégie adoptée en 2012.

Sur les 54 pays que compte l'Afrique, 38 sont des Etats côtiers, totalisant 13 millions de km2 de zones économiques maritimes ; 40% du poisson pêché l'est de façon illégale. La piraterie serait devenue la plus importante au monde, avec le tiers des attaques répertoriées par le Bureau maritime international (BMI) au premier semestre 2016. Or, 90% des importations et exportations des pays africains transitent par la mer. Sur ce même premier trimestre, on recense 24 attaques dans les eaux nigérianes ; sur  les 44 équipages kidnappés, plus de la moitié le sont au Nigeria.

Des dissensions

A Lomé, la Charte a été adoptée par les délégations après seulement une heure de huis clos, mais 21 pays ne l'ont pas signé, dont bon nombre de pays d'Afrique de l'Est – qui se sentiraient moins concernés (on ne recenserait qu'un seul acte de piraterie dans le Golfe d'Aden depuis janvier, mais les côtes somaliennes demeurent très dangereuses)  mais aussi le Cameroun -qui avait pourtant organisé le sommet de Yaoundé en 2013 sur la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée, et le Sénégal, malgré la présence de Macky Sall et l'importance de la pêche pour le pays. "Cela n'a aucun intérêt de vouloir créer de nouveaux organes alors que des mesures existent déjà au niveau national", a souligné Ousmane Diallo de la direction du port de Dakar au Monde.

Au Cameroun en 2013, la régionalisation des moyens de sécurité maritime avait été décidé et un code de conduite avait été signé entre la Communauté des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et la Commission du Golfe de Guinée (CGC) pour mutualiser la lutte contre la piraterie. Mais sur les deux centres de coordination régionaux prévus dans le Golfe de Guinée, le Centre régional pour la sécurité maritime pour l'Afrique de l'Ouest prévu à Abidjan n'a pas encore vu le jour et celui de Pointe-Noire (Centre régional de la sécurité maritime pour l'Afrique centrale "affiche d'importantes lacunes techniques" selon des propos rapportés par Le Monde.

L'importance de l'échange d'information

Le manque de coopération, notamment d'échange d'informations entre les différents pays, est un grand avantage pour les pirates et les contrebandiers qui peuvent passer d'une zone territoriale à l'autre sans être inquiétés. Toutefois, même sous cette charte, les pays n'ont aucune obligation de divulguer des informations "si cela n'est pas dans l'intérêt de la sécurité nationale", note Timothy Walker, expert maritime pour Institute for Security Studies (ISS). "Ce sommet est un grand pas, mais il ne doit pas être le dernier. Il reste beaucoup de travail à faire", explique le chercheur, présent à Lomé, à l'AFP.

Au plan international, l'Union européenne (UE) a un important projet de formation de garde-côtes (opération Crimgo depuis 2011) et les Etats africains se coordonnent davantage contre les attaques de pirates, à l'instar de l'"Opération Prospérité" lancée en 2011 par le Bénin et le Nigeria conjointement.

A Lomé, il s'agissait donc de définir un cadre légal pour cette coopération régionale qui demeure faible. Pour que la Charte de Lomé entre officiellement en vigueur, 15 ratifications nationales sont nécessaires.

 

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