La Chronique matières premières agricoles au 17 janvier 2019

 La Chronique matières premières agricoles au 17 janvier 2019
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Alors que le rendez-vous annuel de Davos démarrera mardi prochain, les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, les efforts de la Première ministre britannique pour parvenir à un divorce présentable avec l’Union européenne ou encore les interrogations sur l’évolution des politiques monétaires des grandes banques centrales ont placé au second rang -à tort- les résultats trimestriels des entreprises aux Etats-Unis et en Europe qui, pourtant, soulignent le ralentissement important en cours de l’économie mondiale, écrit Patrick Vignal dans son point hebdomadaire des marchés. Les analystes ont réduit leur prévision de croissance du bénéfice des entreprises du S&P-500 au quatrième trimestre 2018 à 14,3% contre 20,1% le 1er octobre. Un ralentissement économique qui a toujours un impact sur les marchés de matières premières.

Côté monnaies, hier soir le dollar s’est orienté à la hausse et la livre sterling a gagné encore du terrain car de nombreux investisseurs tablant sur des tentatives d’un Brexit plus souple. L’euro était hier soir à $ 1,1380 dollar. Le brut léger américain a baissé de 1,6%, revenant sous $ 51,50, le Brent clôturant à $ 60,75 le baril. L’Opep a annoncé hier avoir fortement réduit sa production en décembre, avant même l’entrée en vigueur du nouvel accord d’encadrement des pompages conclu avec d’autres pays.

 

CACAO

Le cacao a évolué différemment sur les marchés britannique et américain cette semaine. Partie de £ 1 728 en fin de semaine dernière à Londres, la tonne a clôturé hier soir à £ 1 701, alors qu’à New York, de $ 2 356 en fin de semaine dernière, elle a terminé à $ 2 369.

Un marché qui était, hier, dans l’attente des statistiques de broyages de cacao en Amérique du Nord qui sont tombées, comme d’habitude, après la clôture des marchés. Ils sont décevants puisqu’en hausse de seulement 1,25% par rapport au dernier trimestre 2017 alors que les prévisions du marché s’inscrivaient dans une fourchette allant de 1% à 4,9%, souligne Reuters. On est donc dans la bas de la fourchette. Surtout, on a maintenant l’ensemble des chiffres de broyages américains sur 2018, ce qui fait apparaître un glissement de 0,11% par rapport à 2017, à 484 099 tonnes (t) contre 484 680 t (lire nos informations Les broyages de cacao en Amérique du Nord en baisse de 0,11% sur 2018).

Cependant, ces résultats décevants ont été largement compensés cette semaine par ceux de l’Europe où, là, les broyages ont été quasiment record sur l’année, en progression de 4,2% à 1,4 Mt. Sur le seul quatrième trimestre, ils ont progressé de 1,6% par rapport à fin 2017, mais en baisse par rapport au troisième trimestre 2018 (lire nos informations La consommation de cacao en 2018 en Europe frôle le record)

Côté pays producteurs, les arrivages de fèves aux ports ivoiriens d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 1,195 Mt entre le 1er octobre et le 13 janvier, en hausse de 12% par rapport à la même période la campagne dernière, estiment les exportateurs. Ces derniers ont dû réviser leurs chiffres à la hausse car ils avaient initialement estimé à 1,051 Mt les arrivages entre le 1er octobre et le 6 janvier, contre 960 000 t un an auparavant. Mais suite aux chiffres officiels publiés le 31 décembre par le Conseil du café-cacao (CCC), les exportateurs ont porté les leurs à 1,065 Mt contre 921 000 t un an auparavant.

Quant à la semaine allant du 7 au 13 janvier, les arrivages, selon les industriels, auraient été de 60 000 t contre 72 000 t la semaine correspondante l’année dernière. Le ralentissement des arrivages se confirme bien.

CAFÉ

Une semaine faiblarde sur le front du café. Le Robusta coté à Londres a baissé depuis vendredi dernier, passant de $ 1 543 la tonne à $ 1 535 hier. Même destinée pour l’Arabica qui, parti de $ 1,0385, la livre (lb), a terminé hier soir à New York à $ 1,024.

Et les opérateurs sur le marché estiment qu’ils ont plutôt eu de la chance. “Vous devez être tout de même un peu impressionné que nous avons été capables de clôturer inchangé [par rapport à la veille, mercredi, Ndlr] malgré la faiblesse du real”, a souligné hier un trader américain interrogé par Reuters. A cet aspect monétaire se sont ajoutées quelques préoccupations face à un temps sec.

Le Brésil dont le gouvernement estime la récolte 2019 entre 50,48 et 54,48 millions de sacs de 60 kilos (Ms), par rapport aux 61,65 Ms en 2018, a-t-il annoncé hier. Rappelons que nous sommes dans l’année basse du cycle caféier, un cycle biennal qui affecte surtout l’Arabica. L’agence statistique brésilienne Conab déclare que les superficies caféières devraient rester stables cette année mais qu’on devrait enregistrer des gains de productivité.

Le trader Comexim, un des plus importants exportateurs de café brésilien, estime pour sa part la récolte 2019 à 58,2 Ms contre 63,05 Ms en 2018. La production de Robusta atteindrait le record de 19,8 Ms contre 16,35 Ms en 2018 alors que l’Arabica baisserait à 38,4 Ms contre 46,7 Ms du au cycle végétal biennal du caféier.

Selon l’Association des exportateurs brésiliens Cecafé, 31,52 Ms de café vert auraient été expédiés en 2018, soit 15% de plus qu’en 2017, la récolte ayant été record l’année dernière. Malgré la baisse des volumes attendus cette année, Cecafé estime que les volumes exportés devraient encore croître et atteindre 33 ou 34 Ms.

Sur les marchés asiatiques -plutôt vietnamiens car il n’y a plus de café en stock en Indonésie, les prix ont été à la baisse cette semaine. Les planteurs n’ont obtenu qu’entre 32 900 et 33600 dongs ($ 1,42-1,45) pour un kilo de café alors que la semaine précédente, ils avaient touché jusqu’à 34 000 dongs. “Les planteurs feront de la rétention si les prix demeurent bas, mais je pense qu’ils ne pourront pas tenir très longtemps car le Brésil devrait commencer à récolter son Robusta en avril“, estime un trader. En décembre, les exportations de Robusta vietnamien ont augmenté de 11,4% par rapport à novembre, à 153 906 t. Rappelons qu’en 2018, elles ont fait un bond de 19,9% à 1,88 Mt, générant $ 3,54 milliards en hausse de seulement 1,2% en valeur (lire nos informations Comment se sont portées les exportations du Vietnam, grand rival africain, en 2018 ?)

A l’export au Vietnam, le Robusta Grade 2, 5% grains noirs et brisés, s’est vendu cette semaine avec une décote de $ 20 ) $30 la tonne sur l’échéance mars contre $ 40 la semaine dernière.

CAOUTCHOUC

La reprise se confirme sur le marché du caoutchouc. Après avoir progressé de 3,8% la semaine dernière, les cours se sont encore appréciés sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) clôturant jeudi à 184,8 ($1,7 yens) contre 183,5 yens vendredi dernier. En revanche à Shanghai, ils se contractent légèrement à 11 575 yuans ($1709) la tonne contre 11 640 yuans vendredi dernier.

Une reprise emmenée par la Chine et sa décision d’injecter des liquidités  -un montant record de $83 milliards- dans le système financier pour relancer  l’activité économique. La reprise des cours du pétrole a été aussi un facteur favorable.

En Malaisie, la production de caoutchouc naturel a augmenté de 1,9%, en novembre à 52 174 tonnes contre  51 209 tonnes en octobre, selon le Département de la statistique de Malaisie (DoSM).Toutefois sur une année, elle a diminué de 11,1%. Les stocks se sont établis en novembre à 169 920 tonnes, en hausse de 2,6%. Quant aux exportations, elles ont chuté de 2,3% à 52 943 tonnes avec la Chine comme principal client (56,9%) puis l’Allemagne (11,9%,), la Finlande (4,6%), l’Iran (3%) et la Corée du Sud (3%). La consommation intérieure de caoutchouc naturel, principalement par l’industrie des gants, a baissé de 4,3% pour s’établir à 42 834 tonnes.

Le prix moyen du latex concentré était de 380,63 sen / kg  alors que le prix moyen du Standard Malaysian Rubber 20 (SMR 20) était de 509,35 sen / kg. « Ils ont tous deux chuté de 5,2% et 6,2% respectivement, par rapport au prix moyen d’octobre 2018 », indique le DoSM.

En Chine, les importations de caoutchouc naturel et synthétique se sont élevées à 667 000 tonnes en décembre 2018, en baisse de 0,4% par rapport à novembre. Sur l’année 2018, les importations ont totalisé 7 millions de tonnes, en recul de 2%.

La Chine cherche à établir une zone de libre-échange spécialisée pour les exportations à valeur ajoutée à base de caoutchouc au Sri Lanka, en s’associant avec des fabricants de caoutchouc du secteur privé, des exportateurs et des planteurs, y compris des sociétés de plantation régionales (RPC).

En Côte d’Ivoire, les exportations de caoutchouc ont totalisé 688 888 tonnes en 2018, soit 4% de plus qu’en 2017. Toutefois, les stocks d’invendus s’élèveraient à 150 000 tonnes contre 40 000 tonnes en 2017 (voir nos informations).

COTON

Les cours du coton sont toujours suspendus à l’évolution des négociations entre la Chine et les Etats-Unis tandis que la poursuite de shutdown prive le marché d’informations. Jeudi, les cours ont clôturé en hausse, pour la deuxième session consécutive, clôturant à 74,37 cents la livre contre 72,49 cents vendredi dernier.  « Le coton était plus élevé sur ce qui semblait être des achats spéculatifs. Il ne semblait pas y avoir beaucoup de nouvelles fondamentales à l’origine de l’achat », a déclaré Price Futures Group dans une note de recherche.

La Chine a confirmé que le vice-Premier ministre Liu He se rendrait aux Etats-Unis les 30 et 31 janvier pour la prochaine série de négociations commerciales avec Washington.

Au Tchad, un accord a été conclu entre la société Olam, qui a acquis en mai dernier 60% du capital de Cotontchad Société Nouvelle, et l’Etat. Ce dernier prendra à sa charge la dette de €53 millions de CotonTchad (voir nos informations).

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme sont restés dans une fourchette étroite cette semaine fluctuant en fonction des cours de huiles concurrentes et du pétrole. Jeudi, ils atteignaient  2 198 ringgits ($534,53) la tonne contre 2 171 ringgits vendredi dernier.

Toutefois, un certain optimisme règne sur le marché de l’huile de palme. Lors de la Conférence de l’industrie de l’huile de palme à Putrajaya en Malaisie, les analystes ont anticipé une hausse des prix de l’huile de palme brute. Ils  devraient augmenter entre 2200 et 2300 ringgits ($559) la tonne d’ici juin suite à la baisse saisonnière des stocks, a déclaré Julian McGill, du cabinet de conseil en produits de base LMC International. Ajoutant que les mesures prises par l’Indonésie et la Malaisie pour augmenter le mélange d’huile de palme dans le biodiesel réduiraient les stocks. De son côté le Malaysian Palm Oil Board (MPOB), qui estime que la production d’huile de palme de la Malaisie s’établira à 20,3 millions de tonnes (Mt) cette année, les prix moyens devraient atteindre plus de 2 500 ringgits par tonne en 2019. Le directeur général du MPOB, Ahmad Kushairi, a déclaré que le raffermissement du prix de l’huile de palme serait influencé par le renforcement du mandat de mélange de biodiesel en Malaisie et en Indonésie, par la faiblesse du ringgit par rapport au dollar américain, par la demande accrue d’huile de palme sur les principaux marchés, dont l’Inde,  et par un impact éventuel d’El Nino sur la production d’huile de palme. La demande d’huile de palme à des fins de biodiesel pourrait également entraîner une demande supplémentaire de 2Mt  en Indonésie et en Malaisie, ce qui réduirait considérablement les stocks. La MPOB s’attend à ce que les stocks finaux d’huile de palme diminuent de 22,4% pour atteindre 2,5 Mt en 2019, après avoir atteint un record de 3,22 Mt l’an dernier. Les exportations, passeront de 16,5 Mt en 2018 à 17,2 Mt cette année tandis que les recettes d’exportation progresseraient de 10,7% à 75 milliards de ringgits malaisiens a déclaré Ahmad Kushairi.

En Inde, les importations d’huiles végétales ont grimpé de 11% à 1,21 Mt (Mt) en décembre 2018, selon les données de la  Solvent Extractors Association (SEA). Et la tendance devrait se poursuivre dans les mois à venir en raison de la  réduction des droits de douane. Le ministère des Finances a annoncé, en date du 31 décembre 2018, que le droit effectif d’importation de d’huile de palme brute et  l’huile de palme raffinée avait été réduit de 4,4% et 9,9%, respectivement. « La modification des droits de douane favorisera la demande d’importation indienne d’huile de palme aux dépens des huiles douces. Le taux préférentiel permettra à la Malaisie de conquérir des parts de marché au détriment de l’Indonésie » ​​a déclaré un haut responsable de l’industrie.

Parallèlement, la part de l’huile de palme dans les importations totales d’huiles végétales de l’Inde a grimpé de 71%, pour atteindre 811 700 tonnes en décembre 2018, son niveau le plus élevé en cinq ans. La part des huiles douces (soja, tournesol, etc.) a diminué de 29% à 333 094 tonnes.

La Malaisie envisage de doubler le mélange d’huile de palme dans son programme de biodiesel d’ici 2020 afin de réduire les stocks nationaux et de renforcer les sources d’énergie durables, a annoncé jeudi le gouvernement. La ministre des Industries primaires, Teresa Kok, a déclaré que le gouvernement avait l’intention d’augmenter la quantité d’huile de palme contenue dans son mélange de biodiesel à 20% d’ici l’an prochain, soit une augmentation par rapport au programme en cours B10 qui prévoit une utilisation de 10% d’huile de palme.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz  sur l’ensemble des pays d’Asie sont en recul cette semaine.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont baissé à $379-$384 la tonne contre  $382-$387 la semaine dernière affectés par la faiblesse de la demande et la hausse des prix, qui incitent les acheteurs à se tourner vers d’autres marchés comme le Vietnam. La dépréciation de la roupie indienne cette semaine a fait reculer les prix en augmentant la marge des exportateurs.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont chuté à  $355-$360 la tonne contre $370-$375 la semaine dernière dans la perspective de la prochaine récolte, qui devrait démarrer dans deux semaines. En outre, la récente annonce de l’agence nationale des achats de produits alimentaires d’Indonésie selon laquelle elle ne pourrait importer du riz cette année a également pesé sur les prix.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se sont légèrement abaissés à $385-$400 la tonne contre $390-$400 la semaine dernière, principalement en raison des fluctuations de la valeur de la monnaie nationale. « La demande reste stable, mais certains exportateurs commencent à parler de commandes éventuelles en provenance des Philippines », a déclaré un négociant basé à Bangkok.

Au Bangladesh, une augmentation des prix intérieurs du riz pourrait inciter le gouvernement à réduire les droits d’importation sur les céréales de base, ont déclaré des négociants. En juin 2018, afin de protéger les agriculteurs, le pays avait imposé un droit de douane de 28% sur le riz.

SUCRE

Le sucre continue de grimper ! Après avoir enregistré la semaine dernière une hausse de 7,2% de son prix, terminant vendredi dernier à 12,78 cents la livre (lb), le sucre roux s’est hissé hier soir à 12,85 cents sur le marché à terme de New York. Mercredi, en cours de séance, il a même touché 13,27 cents, son prix le plus élevé depuis le 5 novembre, puis s’est rétracté car la hausse était surtout spéculative.

En outre, les cours du pétrole ont baissé ce qui, mécaniquement, conduit davantage de cannes à être transformées en sucre plutôt qu’en éthanol au Brésil. “La parité avec l’éthanol demeurera très importante durant la campagne 2018/19”, indique Carlos Mera, analyste commodités chez Rabobank. “Donc les prix du sucre et de l’énergie demeureront étroitement corrélés“.

Dans la ceinture de production de canne au Brésil, dans le centre-sud, la production de sucre devrait atteindre 30,2 Mt en 2019/20, en hausse de 14% sur la campagne précédente, souligne le courtier et analyste INTL FCStone. Or, les raffineries devraient accroître la part de cannes allant à la production de sucre par rapport à l’éthanol car les prix du pétrole devraient baisser, poursuit-il. Ainsi, il estime que la production d’éthanol sera de 26,8 milliards de litres en 2019/20 contre 30 milliards la campagne dernière ; 41% de la production de canne irait à la fabrication de sucre contre 35,3% la saison dernière.

Mais ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour le sucre car INTL FCStone voit son prix augmenter avec le retour à un déficit dans l’approvisionnement mondial, de l’ordre de 700 000 t en 2018/19 face à un excédent de 9 Mt en 2017/18. L’analyste s’appuie sur les chiffres déjà connus des récoltes en Inde, en Thaïlande et au Pakistan pour faire sa démonstration. Quant au Brésil, dans le centre-sud, le production de canne cette campagne 2019/20 est estimée par le courtier atteindre 564,7 Mt,  soit 1% de moins qu’en 2018/19. Une canne qui prospère bien malgré un faible niveau de pluies en décembre.

Quant au blanc, parti de $ 344,90, il a terminé hier à Londres à $ 348,50.

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