18 mars 2015 - 00:00 |
à Conakry
Production de banane en Guinée

La banane de Guinée, grande absente du marché mondial

Suite à la relance en 2002 de la filière banane en Guinée, la production aurait atteint 215 927 tonnes (t) en 2013, selon la FAO, ce qui serait insuffisant pour exporter. En réalité, le pays ne serait plus à l'export depuis 1970, selon le Centre d’appui à la filière d’exportation fruitière. Toutefois, les exportations clandestines vers les pays de la sous-région, comme le Liberia, ont toujours existé.

Pour Moustapha Donzo, chargé de la Planification, du suivi et de l'évaluation au Centre de recherche agronomique de Guinée, la filière banane ne se porte pas bien car il n’existe plus de superficies suffisantes de production. Spécialiste en banane depuis 15 ans, il déplore qu’on ne retrouve plus que deux à trois hectares par endroit à travers le pays.

A ceci s'ajoutent une mauvaise présentation du fruit, ce qui nuit à la compétitivité de la Guinée face à d'autres pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire, ainsi que le manque de rentabilité de la filière, ce qui en détourne les planteurs.

En outre, le débouché local serait plus avantageux que l'export, explique Moussa Bangoura, coordinateur des Fruits et légumes dans les régions de Mamou et Kindia. En Guinée, le prix  du kilo varie entre 4 000 à 5000 francs guinéens (FG, soit € 0,51 à 0,64). 

"Avant c’était le port Conakry qui contrôlait les exportations alors qu'actuellement, elles se font par voie terrestre.  Au plan national, on ne peut pas évaluer parce que tout se fait par voie terrestre. Il  n’y a pas de volume de production important par manque de superficie cultivable.  C’est une production paysanne", explique Moustapha Donzo. 

Un fort potentiel

Pourtant, dotée des meilleures conditions de production des fruits et légumes de toute la sous-région, selon Moussa Bangoura, la Guinée a un potentiel majeur. En est pour preuve  l'exportation de plus de 100 000 t de bananes en 1959, à l'Indépendance, ce qu’aucun autre pays de la sous-région ne faisait.

"La Guinée a les meilleures variétés. On a développé ici des cultivars  qui ont porté le nom de villages comme la variété Maneah qu’on retrouve en France", rappelle-t-il. Puis, face aux  problèmes techniques, financiers et politiques avec la France, la production nationale est retombée  presqu’à zéro, rappele l'agronome. 

La relance en marche

Pour relancer les cultures maraichères, le gouvernement guinéen a mis en œuvre en 2002 le Projet fruits et légumes dans les régions Mamou et Kindia en collaboration avec la Fondation hondurienne de recherche agricole (FHIA). Il s'agissait de recherche de cultivars et la FHIA  23 (la 23ème variété testée) a été sélectionnée en raison de sa forte productivité, sa résistance à la maladie de la cercosporiose des bananiers et  sa capacité d'adaptation aux conditions climatiques de la Guinée. A partir de 18 0000 rejets multipliés  à Kindia  et à Mamou, 200 ha ont été plantés, rapporte Moussa Bangoura. Cela a permis l’obtention  des régimes de plus de 50  kg alors que la variété Naine ne donne que 40 kg, explique-t-il.

Le gouvernement a également mis en place un Plan national de relance de l’horticulture (PNRH). Actuellement, les seules  structures impliquées  dans ce secteur sont les coopératives qui ne sont guère outillées pour produire à grande échelle. Elles se limitent à  la production  dans les bas fonds. C’est le cas de la Coopérative des producteurs et exportateurs des fruits et légumes de Friguiagbé (COPEFL), dans la préfecture de Kindia, qui exporte des bananes  au Sénégal, en Guinée Bissau, en Côte d’Ivoire et au Maroc.

En 2013 et 2014, la COPEFL a produit 140 t de banane FHIA 23 sur une  centaine d’hectares, dont 98 t ont été exportées, selon le secrétaire administratif, Abdoulaye Sylla.  Ce serait autant les taxes à l'export, fixées à FG 50 000 (€ 6,4) la tonne, que le manque d'emballage qui freinent l'export, précise-t-il.

"Les autorités guinéennes  ne nous aident pas et il n’y a pas d’investisseurs. On se débrouille  pour payer d’anciens emballages de carton de cigarettes. Les taxes nous fatiguent parce qu’actuellement, l’Etat n’exporte pas", affirme le secrétaire administratif. De son côté, l’Etat guinéen soutient qu’il ne peut pas aider ses producteurs à l'export car les volumes de production sont insuffisants, regrette-t-il.

 

Afrique de l'Ouest - Production de banane

en tonnes

2000

2013

Bénin

7 030

18 143

Côte d'Ivoire

305 300

320 000

Ghana

10 000

84 240

Guinée

161 755

215 927

Guinée Bissau

5 265

7 592

Liberia

110 000

132 046

Mali

70 000

181 430

Sénégal

6 000

33 444

Togo

21 511

23 198

Source : FAOSTAT

 

 

 

 

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