La Côte d’Ivoire invitera le Brésil au SARA 2017, annonce le ministre de l’Agriculture Sangafowa Coulibaly

 La Côte d’Ivoire invitera le Brésil au SARA 2017, annonce le ministre de l’Agriculture Sangafowa Coulibaly
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Label Cacao Ivoire, montée en puissance de la recherche agricole, coup de pouce supplémentaire aux investissements dans la transformation du cacao, le ministre de l'Agriculture de Côte d'Ivoire, Mamadou Sangafowa Coulibaly,  n'hésite pas à rappeler que son pays figure parmi les plus réformateurs au monde dans le classement du Doing Business, et que son ministère n'est pas en reste. Avec de plus en plus comme modèle ce qui se fait dans les pays aux conditions de production similaires à celles de Côte d'Ivoire, explique le ministre Sangafowa Coulibaly à CommodAfrica, qui entend inviter le Brésil au prochain salon de l'agriculture à Abidjan, le SARA 2017.

Vous venez de lancer le label Cacao Ivoire au Salon international de l'agriculture 2016 à Paris (SIA – voir nos informations). De nombreux labels existent un peu sur tout aujourd'hui. Que va retirer concrètement la filière en Côte d'Ivoire et le producteur ?

Informez-vous auprès des chocolatiers, artisans ou industriels et vous vous rendrez compte que pour obtenir un niveau de saveur, ils sont tous obligés de faire un mélange d'au moins 30% d''origine Côte d'Ivoire. Parce que la saveur du cacao de Côte d'Ivoire est la plus prisée au monde. Or, nous n'avons jamais valorisé cela. Les paysans n'en ont jamais profité. C'est pour mettre un terme à cela que nous sommes dits qu'il fallait que ce soit connu du consommateur et que le paysan puisse profiter de la qualité gustative de nos fèves. Donc, en mettant le label Cacao Ivoire en place, bientôt les consommateurs pourront faire la différence et je suis certain que ce label aura une notoriété.

Comment est née l'idée?

Le gouvernement ivoirien a signé en octobre 2014 un engagement avec le Syndicat du chocolat et la Confédération des chocolatiers confiseurs de France tendant à la mise en place d'une démarche pour promouvoir l'utilisation du cacao d'origine Côte d'Ivoire comme un produit d'excellence. Car, depuis la mise en place de la réforme de la filière cacao, les producteurs ont été incités à mettre sur le marché du cacao de haute qualité. Le label Cacao Ivoire a été officiellement approuvé par le gouvernement le 24 février 2016 en Conseil des ministres et lancé au SIA 2016 à Paris. L'objectif est de créer un label qui sera apposé par les chocolatiers industriels et artisans sur leurs produits fabriqués à partir de cacao ivoirien. Du cacao ivoirien qui respecte les normes sociales et environnementales.  Ce devrait apporter un revenu additionnel aux producteurs méritants. Le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la traçabilité du cacao qui aura ce label.

Vous venez aussi de signer une convention avec le Cirad (voir nos informations). Quelle est sa feuille de route ?

Avec le Cirad, c'est une coopération de longue date. Mais elle a souffert au regard des aléas que nous avons connus au niveau interne, au niveau structurel. Nous relançons tout cela. Le but de la convention signée au SIA est de mettre nos chercheurs ensemble ; ils vont faire de la recherche auront des résultats que nous allons exploiter ensemble.

Il n'y a pas de priorités, sur le manioc ou autres ?

Nos centres de recherche fonctionnent sur la base de contrats programme, de priorités que les filières commandent. En Côte d'Ivoire, les producteurs expriment leurs besoins au travers de leurs organisations filières. Les filières adhèrent et cotisent au Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles (Firca) et ce sont ces ressources qui permettent de financer la recherche. Donc, la recherche travaille sur commande.

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Vous évoquez beaucoup le recours au secteur privé pour développer l'agriculture et l'agro-industrie en Côte d'Ivoire. Mais le secteur privé est sollicité par le monde entier. Que faites-vous très concrètement pour l'inciter à venir chez vous ?

Quand on regarde globalement, le Centre des investissements privés, le Cepici, a constaté une croissance des investissements privés. C'est dû à l'amélioration du climat des affaires. D'abord, on a réformé le code des investissements pour accorder plus d'avantages aux investisseurs privés, nous avons amélioré la gouvernance, l'environnement des affaires, la justice, etc. Le cadre global s'est amélioré. D'ailleurs, dans le dernier Doing Business, notre pays a enregistré des progrès remarquables : la Côte d'Ivoire a été classé parmi les premiers pays réformateurs au monde. Le pays et le président Alassane Ouattara l'ont fait pour attirer les investisseurs dans tous les secteurs, y compris le secteur agricole.

Pouvez-vous préciser ?

Si vous prenez une entreprise comme, pour ne pas la citer, Cemoi. Lorsque j'ai inauguré leur centre de recherche à Perpignan en décembre 2013, ils m'ont dit vouloir investir non pas dans la première transformation du cacao, mais aller jusqu'au produit fini. En retour, nous avons négocié avec le ministre du budget pour qu'ils aient des avantages spécifiques car ils allaient jusqu'au produit fini. C'est ce qui a permis de réaliser cet investissement. Aujourd'hui, ils ont une unité qui fabrique des produits finis, des chocolats qui sont vendus sur le marché local et dans la sous-région ; ils sont même exportés. Donc, quand il s'agit de projets de cette nature, on peut toujours regarder au-delà du Code des Investissements ce que nous pouvons accorder comme avantages.

Je sors d'une grande réunion récemment à Abidjan avec l'ensemble des transformateurs car le président nous a fixé un objectif d'aller au-delà de 35% de taux de transformation du cacao à 50% voire 100%. Nous avons discuté avec le ministre de l'Industrie et l'ensemble des chocolatiers pour voir ensemble quels sont les avantages spécifiques que nous pouvons leur accorder pour leur permettre d'investir à nouveau dans les unités de transformation. Bien sur il y a ce que le Code des investissements leur accorde mais, au-delà, nous avons vu les mesures que nous pouvons prendre, les incitations fiscales même limitées dans le temps que nous pouvons accorder pour leur permettre d'amortir leurs investissements et avoir leur retour sur investissement le plus rapidement possible.

C'est au cas par cas?

Oui, au cas par cas. Sinon, quand je prends les industries du chocolat, ce sera l'ensemble des industriels ou du moins ceux qui voudront faire de nouveaux investissements prou accroître leurs capacités de transformation.

Quels sont vos 3 partenaires principaux en matière agricole et vos 3 modèles notamment en matière de transformation?

Ce sont deux différentes questions car les partenaires ne sont pas forcément les modèles !

Parmi les partenaires, vous avez bien sur la France, partenaire traditionnel, qui nous appuie au travers des C2D (contrat de désendettement et de développement). Dans ce cadre, nous avons pu accéder à des financements pour des projets agricoles. Nous sommes dans la phase 2 du C2D. Ensuite, nous avons l'Union européenne (UE) qui nous appuie, notamment sur le foncier rural avec des financements conséquents. Car une des raisons pour lesquelles la loi a tardé à être mise en œuvre est qu'il n'y a jamais eu de ressources à la hauteur des besoins de mise en œuvre. Pour une fois, nous avons des ressources  en face. Ce que nous voulons maintenant c'est mettre en place une structure de gouvernance pour permettre d'aller rapidement à l'utilisation de ces ressources et à la mise en œuvre de la loi.

Et vous avez des pays qui sont dans des conditions similaires au nôtre et qui ont pu obtenir des niveaux de production que nous considérons comme étant des niveaux acceptables. Ce sont ces pays qui, pour la plupart, sont des exemples pour nous. Nous avons beaucoup de similitudes avec le Brésil et d'ailleurs, nous comptons inviter le Brésil au SARA 2017. Nous avons aussi des pays qui produisent dans des conditions beaucoup plus rudes que les nôtres et qui ont pu vaincre des obstacles liés à la nature. Vous avez Israël qui obtient des productions à haute intensité et avec lequel nous avons une coopération de longue date.

Et puis, bien sur, il y a le Maroc avec qui la coopération est bien relancée ; nous sommes des partenaires privilégiés.

Je pourrais continuer à vous citer de nombreux pays mais en ce qui concerne la Côte d'Ivoire, là où nous les trouvons les bons exemples, c'est dans les pays qui produisent dans les mêmes conditions que nous.

Le président turc s'est rendu en Côte d'Ivoire il y a une quinzaine de jours.  Y a-t-il eu des manifestations d 'intérêt d'investissements turcs dans l'agriculture et l'agro-industrie?

Je pense d'abord que la coopération avec la Turquie est, à tous points de vue, pour accroître les volumes des échanges entre nos Etats. Vous ne pouvez pas avoir une politique de coopération avec un pays dont l'essentiel de l'économie repose sur l'agriculture et ne pas avoir des échanges à ce niveau. Il y aura nécessairement des échanges qui concerneront le domaine agricole, surtout dans la transformation des produits agricoles.

Mais, lors de cette récente visite, les secteurs les plus mis en avant ont été la construction, l'hôtellerie, entre autres. Mais au niveau de la transformation de produits, nous aurons des angles de coopération très forts avec la Turquie.

Actuellement, l'essentiel des importations turques de produits ivoiriens est du cacao en fèves …

Oui, notre ambition est bien de transformer sur place le cacao. Donc je pense qu'avec la Turquie, avec le secteur privé turc, on va examiner ces questions.

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