La Chronique Matières Premières Agricoles au 17 mai 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 17 mai 2018
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La période sous revue se termine sur fond de reprise des négociations entre les Etats-Unis et la Chine. En toile de fond, les investisseurs ne savent pas si on s’achemine vers une guerre commerciale ou vers l’espoir d’une issue négociée. L’euro demeure faible, terminant hier soir à € 1,18 pour un dollar tandis que le baril de Brent est à son plus haut depuis novembre 2014, au-dessus des $ 80 le baril, le brut léger américain passant la barre des $ 72 pour la première fois depuis trois ans et demi.

CACAO CAFÉ CAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

Le cacao a clôturé hier soir en baisse sur la période sous revue, terminant sur le marché de Londres à £ 1 856 parti de £ 1 946 la tonne vendredi dernier, tandis qu’à New York, il terminait à $ 2 639, parti de $ 2 805 la tonne.

La forte prime pour le cacao ouest-africain sur le marché new yorkais ne cesse d’augmenter depuis fin 2017 et a atteint $ 240 par rapport à Londres début mai. Depuis le mois de novembre, le cacao entreposé dans les stocks certifiés du ICE a gonflé de 33%, à quelque 5,3 Ms. Ceci dit, ils demeurent 5% en dessous des volumes stockés l’année dernière à pareille époque (cf.nos informations) .

Les achats des fonds d’investissements et spéculatifs ont boosté les marchés hier, effaçant les pertes enregistrées les jours précédents : mardi, l’échéance juillet à New York a perdu $ 105 la tonne soit 3,8% , sa plus forte baisse en une seule séance depuis le 3 avril. Le marché américain a subi la pression de l’affaiblissement de la livre sterling, ce qui incite les opérateurs à acheter sur Londres et vendre sur New York. Un mouvement de baisse qui a été intensifié par les ordres automatiques de “sell-stops” lorsque le cours est tombé en-dessous de $ 2 748. Certains y avaient vu l’amorce de la fin du cycle haussier des prix du cacao, mais la remontée dès mercredi les a amenés à se raviser.

A la mi-mai, la Côte d’Ivoire aurait déjà vendu 1,1 million de tonnes (Mt) de cacao à venir sur la campagne 2018/19 qui démarrera début octobre. Le Conseil du café-cacao (CCC) entend vendre jusqu’à 1,3 à 1,4 Mt, ont confié des responsables à Reuters. Le prix moyen obtenu permettrait de relever le prix garanti au planteur à FCFA 1 000 durant la prochaine campagne (lire nos informations).

Au Ghana, outre les $ 35 millions accordés par Eximbank de Chine pour construire une nouvelle unité de transformation du cacao, le Ghana Cocoa Board (Cocobod) recherche aussi $ 1,5 milliard pour aller plus loin dans la dynamisation de la filière (lire notre information).Il s’agirait de réhabiliter les vergers malades, d’améliorer l’irrigation et de construire de nouveaux entrepôts. A noter que le Ghana entend développer les marchés asiatiques pour son cacao. “Les marchés traditionnels du cacao que sont l’Europe et l’Amérique sont devenus stagnants mais il existe un nouveau modèle de consommation qui émerge en Asie, spécialement en Chine, que nous cherchons à explorer”, a déclaré Joseph Boahen Aidoo, CEO du Cocobod.

Côté entreprise, Barry Callebaut a lancé son Académie du Chocolat à Johannesburg, en Afrique du Sud. C’est la 21ème académie que le géant suisse du chocolat ouvre à travers le monde mais le premier sur le continent africain. L’académie a pour vocation de former des artisans et de professionnels à l’art du chocolat.

En Côte d’Ivoire, la Société africaine de cacao (Saco), filiale du géant suisse Barry Callebaut, ouvrira l’année prochaine  une nouvelle ligne de production de beure, de tourteaux et de poudre de cacao (cf. nos informations). 

CAFÉ

Le marché à terme de New York, l’Arabica a clôturé hier soir en baisse sur la période sous revue, à $ 1,179 contre $ 1,194 la livre (lb) vendredi dernier, tandis que le Robusta était à $ 1 750 la tonne contre $ 1 758 en fin de semaine dernière. Un Robusta qui, mardi, est tombé à son plus faible prix en un mois. “Les différentiels augmentent et on voit peu de ventes aux origines“, confie un négociant à Reuters. Déjà, lundi, le marché new-yorkais était très lourd, décontenancé par la publication vendredi de statistiques du gouvernement américain qui montraient que les spéculateurs avaient couvert une part plus grande de leurs positions courtes que ce à quoi s’attendait le marché.

Un marché à terme de l’Arabica qui a également subi cette semaine la pression de la faiblesse de la monnaie brésilienne, le real, face au dollar, mais qui a été soutenu par des opérations de couverture sur des positions courtes. En outre, les opérateurs sur le marché gardent un œil sur la météo au Brésil, les températures baissant un peu : rappelons qu’à cette période de l’année, on craint traditionnellement des gelées dans les régions de production caféière au Brésil.

Toujours au Brésil, mais dans l’Etat d’Espirito Santo où est cultivé le Robusta, les systèmes d’irrigation ont été améliorés et les producteurs ont replanté après la sécheresse dévastatrice en 2015 et 2016.

Un n°1 mondial du café qui le sera encore plus cette année, avec une production attendue à 58,04 Ms, pulvérisant tous les records précédents, notamment celui de 2016 avec ses 51,37 Ms, a souligné hier l’agence statistique brésilienne Conab. Rappelons qu’en janvier, Conab avait estimé la récolte dans une fourchette allant de 54,44 à 58,51 Ms. On se situerait donc dans la partie haute de la fourchette. La production était de 49,97 Ms l’année dernière qui était l’année basse du cycle végétal biennal du caféier. Sur ces 58,04 Ms, l’Arabica représenterait 44,33 Ms (34,24 Ms en 2017) et 13,71 Ms de Robusta (10,72 Ms en 2017).

Côté Robusta, le Coffee Board en Inde a révisé à la baisse de 10% ses précédentes estimations de production nationale de café, à 316 000 t dont 221 000 t de Robusta et 95 000 t d’Arabica.

Côté pays consommateurs, aux Etats-Unis, à fin avril, les stocks de café vert ont grossi de 165 248 sacs de 60 kg, à 6,7 Ms, selon la green Coffee Association.

Côté entreprises, Louis Dreyfus se dessaisit de ses stocks de café Robusta certifié face à la perspective d’un changement de réglementation du marché ICE qui renchérira la détention de contrats de Robusta à compter du mois de juillet : selon la nouvelle réglementation, les vendeurs de stocks certifiés de Robusta devront supporter une charge de “load-out” de $ 35 la tonne. Les contrats à partir de juillet seront davantage sur des bases de “free on truck”. Depuis début mai, quelque 59 270 t ont changé de mains sur la période de livraison, selon les données chiffrées de l’Intercontinental Exchange (ICE) publiées vendredi dernier, les traders estimant que l’essentiel était détenu par Louis Dreyfus. Ceci représente environ 76% des stocks certifiés actuellement détenus dans les entrepôts européens.

CAOUTCHOUC

Après avoir terminé la semaine dernière en légère hausse, les cours du caoutchouc ont alterné deux séances de baisse suivies de deux séances de baisse pour clôturer jeudi à 184,9 yens ($1,71) sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) contre 193,4 yens vendredi dernier et à 11 445 yuans ($1 797,68) sur le marché de Shanghai contre 11 680 yuans vendredi dernier.

Si les contrats à terme sur le Tocom se redressent lentement depuis fin mars, soutenus par une baisse du yen face au dollar américain, les gains sont plafonnés par les stocks. ” Sur les fondamentaux, les stocks à Shanghai sont encore assez élevés alors que la demande est stable, le caoutchouc devrait donc rester faible en mai et en juin“, a indiqué Tang Xiaonan, analyste chez JLC Network Technology Co., Ltd. Toutefois, le rebond du marché de l’automobile en Chine en avril pourrait donner de l’élan au marché de Shanghai.

En Inde, les données provisoires publiées par le Rubber Board sur 2017/18 montrent que la production de caoutchouc naturel a très légèrement progressé, +0,4% par rapport à 2016/17, à 694 000 tonnes, contre un objectif initial de 800 000 tonnes. De son côté, la consommation a été plus vigoureuse, en hausse de 6,4% à 1,110 million de tonnes (Mt). Quant aux importations, elles ont atteint un record de 469 433 tonnes, en hausse de 10,1% par rapport à 2016/17.

Pour 2018/19, le Rubber Noard prévoit une production de 730 000 tonnes et une consommation de 1,2 Mt. La production projetée de caoutchouc naturel est considérablement inférieure par rapport au potentiel de production, compte tenu des bas prix actuels du caoutchouc et de l’étendue de la zone inexploitée, a déclaré le président et directeur du Rubber Board, Shanmuga Sundaram.

Les stocks de caoutchouc dans les entrepôts surveillés par le Shanghai Futures Exchange ont augmenté de 1,3% par rapport au vendredi précédent, a indiqué la bourse vendredi.

Les ventes de véhicules en Chine ont bondi de 11,5% en avril par rapport à l’année précédente pour atteindre 2,32 millions de véhicules, a annoncé vendredi un groupe industriel, gagnant du terrain après un début d’année plutôt morose.

COTON

La météo est très présente sur le marché du coton cette semaine. Les yeux sont toujours tournés vers le Texas, principale région cotonnière des Etats-Unis, où les pluies tardent à venir pour les semis de la prochaine récolte. Mais ce sont les fortes pluies qui se sont abattues sur la région de Xinjiang, également principale région productrice de la Chine, qui ont fait grimpé mercredi le marché de New York dans le sillage des achats spéculatifs chinois. Une hausse qui s’est poursuivie jeudi, avec en soutien les bonnes ventes américianes, les cours clôturant à 85,03 cents la livre contre 84,62 cents vendredi dernier.

En Ouganda, la production de coton a progressé de 34% à 202 140 balles (180 kilos) en 2017/18 contre 151 072 balles en 2016/17, selon la Cotton Development Organisation. Une hausse consécutive à des prix plus élevés qui ont encouragé les producteurs à accroître la superficie plantée.

Le Swaziland adopte le coton Bt avec des semences indiennes de la société JK Agri-Genetics Limited. Alors que des essais sont pratiqués depuis fin 2016, la Swaziland Environment Authority (SEA) a accordé deux autorisations au Swaziland Cotton Board (SCB) pour l’importation de 3 tonnes de semences (cf. nos informations).

Au Tchad, le singapourien Olam International a acquis 60% de la CotonTchad Société nouvelle pour un montant de FCFA 9,18 milliards avec l’objectif de remonter la production de coton qui a été divisée par près de 7 au cours des deux dernières campagnes (cf. nos informations).

En Ouzbékistan, le gouvernement a émis un ordre visant à une éradication complète du travail forcé dans le pays. Le pays attire depuis longtemps des enseignants, des travailleurs médicaux et d’autres employés dans le secteur du coton. Les autorités ont cessé d’utiliser des mineurs dans la collecte de coton en 2015 sous la pression de la communauté internationale. L’ordonnance du gouvernement sur les mesures supplémentaires de prévention du travail forcé en Ouzbékistan signée le 10 mai stipule que les fonctionnaires, y compris les médecins et les enseignants, les élèves ne devraient pas être contraints de travailler dans le champ de coton. Le document ordonne aux forces de l’ordre de prendre les mesures nécessaires pour prévenir de telles pratiques.

HUILE DE PALME

Le marché de huile de palme a fortement rebondi lundi après trois jours de fermeture du Bursa Malaysia Derivatives Exchange suite aux élections législatives, qui se sont soldées par une victoire historique de l’opposition et la cuisante défaite du parti au pouvoir depuis l’indépendance de 1957.

Après trois séances de hausse sur 4, les cours ont clôturé jeudi à 2 432 ringgits ($613,06) la tonne contre 2 343 ringgits mardi 8 mai. Mais, ce sont essentiellement des facteurs monétaires, un ringgit plus faible, qui ont soutenu cette hausse. La demande pour l’huile de palme ralentit, en partie en raison de l’imposition par la Malaisie, après 4 mois de suspension, d’un taxe de 5% sur les exportations d’huile de palme brute. Sur les 15 premiers jours de mai, les exportations malaisiennes ont chuté de 13,7% selon AmSpec Agri Malaysia et de 14,9% selon SGS. A noter que la Malaisie a reconduit la taxe de 5% pour le mois de juin.

En Inde, les importations d’huiles végétales ont augmenté de 4% en avril à 1,4 million de tonnes (Mt). Les importations d’huile de palme du pays se sont élevées à 778 884 tonnes en avril et celles d’huile de soja à 264 750 tonnes, a indiqué mercredi Solvent Extractors’ Association of India.

RIZ

Situation contrastée sur le marché du riz en Asie où les prix à l’exportation en Inde sont tombés à un plus bas de 5 mois tandis qu’ils progressaient au Vietnam, au plus haut depuis août 2014, et restaient quasi-sables en Thaïlande.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont chuté de $3 pour s’établir entre $404-$408 la tonne. La chute de la roupie a permis aux exportateurs de réduire les prix à l’exportation en dollars, a déclaré un exportateur basé à Kakinada dans l’Etat d’Andhra Pradesh. Depuis le début de l’année, la roupie a chuté d’environ 6% pour se situer à un plus bas de 16 mois, augmentant les marges des exportateurs sur les ventes à l’étranger. « Le riz indien devient plus compétitif sur le marché mondial en raison de la chute de la roupie », a déclaré un autre exportateur basé à Kakinada.

Les exportations de riz en Inde ont bondi de 18% pour atteindre un record de 12,7 millions de tonnes durant l’exercice 2017/18, qui s’est achevé le 31 mars, grâce à la bonne demande de riz non basmati du Bangladesh, du Bénin et du Sri Lanka.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont augmenté à $460-$465 contre $455-$460 dollars la semaine dernière, soit son plus haut niveau depuis août 2014 soutenus par les demandes d’importation, en particulier de l’Indonésie et des Philippines. « L’Indonésie devrait travailler directement avec la Vietnam Southern Food Corp et la Vietnam Northern Food Corp pour acheter le riz plutôt que d’ouvrir un appel d’offres » a déclaré un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se sont légèrement abaissés à $435- $440 la tonne, contre $435-$445 la semaine dernière avec un baht plus faible. Le marché est calme et la demande faible. Le deuxième exportateur mondiale de riz doit organiser vendredi une vente aux enchères pour 43 700 tonnes de riz destinées à la consommation humaine. Un lot distinct de 2 millions de tonnes, impropre à la consommation humaine et à l’usage industriel, sera mis aux enchères le mois prochain.

En Afrique subsaharienne, les importations de riz ont fortement augmenté en 2017, en hausse de 19% par rapport à 2016, observe Mendez del Villar dans son rapport mensuel sur le marché du riz. Les trois quarts des importations supplémentaires ont été destinés à l’Afrique de l’Ouest. Pour cette année « les perspectives semblent, pour l’instant, plus favorables aux disponibilités locales avec une possible baisse de 2,5% des importations de riz. Toutefois, les stocks des riz locaux seraient au plus bas. Aussi, on s’attend à une réactivation de la demande d’importation dans les semaines à venir »précise-t-il.

SUCRE

Parti vendredi dernier de 11,22 cents la livre (lb) sur le marché à terme de New York, le sucre roux a terminé hier soir en hausse sur la période, à 11,56 cent . Le sucre blanc, côté à Londres, lui a emboîté le pas, passant de $ 320,70 la tonne à $ 326,70

Un marché qui demeure très lourd, avec l’important excédent mondial qui pèse sur les fondamentaux, mais aussi la situation météorologique au Brésil : de légères pluies étaient attendues cette semaine ce qui est favorable à la culture de la canne après les dernières périodes de sécheresse. Une sécheresse qui permet aux cours de ne pas chuter davantage. Les prix trouvent également un léger soutien de l’utilisation croissante de canne pour la fabrication d’éthanol au lieu de sucre dans divers pays, étant donné la faiblesse du prix du sucre.

Ainsi, la Thaïlande a décidé cette semaine que 300 000 t supplémentaires de canne iraient à la production d’éthanol cette année. Rappelons que la Thaïlande est le deuxième exportateur mondial de sucre après le Brésil, et s’attend à obtenir au moins 14 Mt de sucre des 134 Mt de canne récoltées cette campagne 2017/18, un record dû aux bonnes conditions météorologiques. De cela, la Thaïlande consomme environ 2,6 Mt de sucre et exporte le reste. Une décision qui devrait permettre de soutenir les cours mondiaux.

L‘Allemagne a augmenté de 3,7% ses superficies dédiées à la culture de la betterave sucrière en 2018, à 421 600 h, selon les statistiques nationales.

A l’île Maurice, un pays où le sucre dominait largement l’économie avec le textile mais qui s’est fortement diversifié depuis, la production de sucre est attendue en légère baisse cette année, à 350 000 t contre 355 000 t en 2017, a annoncé mercredi la Chambre d’agriculture.

Côté entreprises, le plus gros raffineur européen de sucre, l’allemand Suedzucker a déclaré souffrir de la chute des cours ces derniers mois et entend monter en puissance à l’export afin de compenser ses pertes ; pour ce faire, elle a loué des espaces dans les silos dans différents ports européens. L’entreprise a confirmé ses prévisions précédentes selon lesquelles son secteur sucre devrait afficher une perte opérationnelle de € 100 à 200 millions sur l’exercice fiscal qui a démarré en mars alors qu’elle avait engrangé l’exercice précédent un bénéfice de € 139 millions.

Enfin, Nestlé a annoncé mardi réduire encore la quantité de sucre, de sel et de graisses saturées dans la fabrication de ses produits alimentaires. Depuis 2000, le géant suisse de l’alimentaire a déjà réduit de 34% son utilisation de sucre et cette nouvelle coupe serait de 5%.

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