Les jeunes ruraux africains ont-ils une réelle chance de s’en sortir ?

 Les jeunes ruraux africains ont-ils une réelle chance de s’en sortir ?
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Le Fonds international pour le développement agricole (Fida) est inquiet. Et cette inquiétude résulte de son analyse des jeunes et du monde rural dans les pays en développement.

Le Fida rappelle dans son rapport annuel 2019 paru hier et intitulé “Créer des débouchés pour les jeunes ruraux” , que “Près d’un milliard sur les 1,2 milliard d’habitants de la planète âgés de 15 à 24 ans vivent dans des pays en développement, et leur nombre augmente beaucoup plus vite que dans les pays à revenu élevé. En outre, la croissance de ce groupe de population se concentre dans les pays en développement les plus pauvres du monde, particulièrement en Afrique. Il en résulte que le nombre absolu de jeunes en Afrique devrait continuer de croître beaucoup plus vite que dans le reste du monde, ce qui entraînera une augmentation considérable de la part du continent dans les jeunes ruraux du monde au cours des 30 prochaines années.”

Or, en raison notamment de la révolution numérique, on s’achemine vers un nombre croissant d’insatisfaits, de déçus. Ce qui inquiète toujours. “La révolution numérique se caractérise par une forte diminution du coût de l’information et, par conséquent, par une augmentation massive de l’accès à l’information qu’offrent les idées, les images, les valeurs, et les biens et services du monde entier. Malgré des progrès économiques considérables, les aspirations croissantes des jeunes peuvent dépasser l’expansion de leurs possibilités économiques et sociales. Ces aspirations croissantes, et les conséquences sociales et politiques potentiellement négatives d’un échec à les réaliser, montrent combien il est nécessaire que les décideurs agissent.”

Comment ces décideurs doivent-ils agir, selon le Fida ? Ils doivent, de par leur politique, notamment veiller à transformer ce monde rural en conjuguant “productivité, connectivité” mais aussi “maîtrise de son destin“. Mais toutes les régions du pays n’évolueront pas nécessairement au même rythme et on se heurte aussi à de nouveaux obstacles. Notamment foncier. Toujours foncier….

“En raison de la croissance démographique rapide, notamment en Afrique subsaharienne, une grande partie de la population rurale vit désormais dans des zones plus densément peuplées. Les terres sont de moins en moins disponibles et les parcelles sont de plus en plus petites et fragmentées. Ensuite, les parents vivent plus longtemps et continuent de cultiver leur terre plus longtemps, et ils sont donc moins susceptibles de transférer des terres à leurs enfants lorsque ceux-ci entrent sur le marché du travail. Les enfants qui veulent cultiver la terre peuvent donc soit travailler la terre de leurs parents, ce qui retarde leur transition vers l’indépendance et l’obtention d’un plus grand pouvoir de décision, soit, si leurs finances et les marchés locatifs locaux le leur permettent, louer des terres.”

Et les auteurs du rapport de poursuivre : “S’ils louent, les questions de qualité des terres et de sécurité foncière deviennent une préoccupation. Enfin, l’essor rapide des exploitations agricoles commerciales de taille moyenne, stimulé par l’expansion des marchés rendue possible par les processus de transformation structurelle et rurale, accroît la concurrence pour les terres. On estime que ces exploitations contrôlent entre 30 et 50% des terres agricoles au Ghana, au Kenya, au Malawi et en Zambie. En conséquence, les jeunes ont nettement moins de possibilités que les adultes de posséder des terres et encore moins d’en détenir le titre de propriété exclusif. En Afrique subsaharienne, environ 1 adulte sur 3 est propriétaire unique d’une parcelle, alors que c’est le cas de moins de 1 jeune sur 10.”

Un rapport passionnant.

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