L’Afrique devrait-elle jouer la carte du coton biologique ?

 L’Afrique devrait-elle jouer la carte du coton biologique ?
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Sous la pression des consommateurs et des ONG, les principaux fabricants et détaillants de l’industrie textile s’engagent de plus en plus à utiliser du coton biologique et/ou du coton produit plus durablement sous des labels comme Better Cotton Initiative, Fairtrade ou Cotton Made in Africa. Une demande qui devrait donc s’accroître dans les années à venir. L’Afrique pourrait-elle devenir une source privilégiée de coton biologique ou « préféré » ? Le nouveau livre blanc du Groupe de travail sur l’approvisionnement panafricain (Pan-Africa Sourcing Working Group) de Textile Exchange « Le coton en Afrique : le développement durable à la croisée des chemin »  invite les pays africains à suivre cette voie.

L’Afrique est aujourd’hui un petit producteur de coton biologique avec une part de 4,05% de la production mondiale en 2017/18. Toutefois, la production a progressé de 20% entres 2016/17 et 2017/18 et le continent dispose d’un potentiel important car parmi les huit pays producteurs de coton biologique – Tanzanie, Bénin, Burkina Faso, Egypte, Mali, Ethiopie et Sénégal – certains figurent parmi les principaux pays producteurs de coton conventionnel du continent. En outre, les pays africains disposent d’un avantage comparatif en matière de production biologique par le fait que la production de coton OGM est peu répandue. Or, des grands producteurs de coton biologique, comme l’Inde, qui ont aussi adopté massivement le coton OGM sont confrontés à la possible contamination des cultures. Enfin, la proximité de l’Afrique avec les usines de fabrication européennes et turques en fait un partenaire d’approvisionnement de plus en plus attrayant  notamment par la faible empreinte carbone du transport vers les usines et les consommateurs dans ces régions.

Toutefois, Textile Exchange observe et met en garde contre l’introduction croissante ces dernières années du coton OGM sur le continent, même si sa pénétration est encore faible. Ainsi souligne le rapport, si l’utilisation du coton OGM a été lente à démarrer en Afrique, l’Afrique du Sud étant le premier pays à autoriser son utilisation en 1997, suivi du Burkina Faso 11 ans plus tard en 2008 (le Burkina Faso a depuis suspendu son approbation) et d’Eswatini et du Soudan en 2012. «  Cependant, en 2018 seulement, quatre pays supplémentaires – le Nigeria, l’Éthiopie, le Kenya et le Malawi – ont approuvé l’utilisation du coton transgénique alors qu’Eswatini commençait à le cultiver commercialement. Pour le Kenya, c’est en 2020, que les premières cultures commerciales de coton transgénique ont débuté Â» indique Textile Exchange.

Au delà du développement de la production, le livre blanc incite aussi le continent à accroître la valeur ajoutée et à intégrer verticalement la filière en développant son industrie textile et à devenir « une plaque tournante importante pour un développement éthique et durable basé sur le textile ».

«L’Afrique est à la croisée des chemins», déclare La Rhea Pepper, directrice générale de Textile Exchange. «Il est essentiel que les gouvernements, les agriculteurs et les autres parties prenantes reconnaissent l’importance de protéger le droit des agriculteurs à cultiver des cultures non génétiquement modifiées. L’agriculture biologique est un système éprouvé pour séquestrer le carbone, renforcer la santé des sols et la biodiversité et accroître la sécurité alimentaire. L’introduction de l’agriculture génétiquement modifiée nécessite la mise en Å“uvre de réglementations strictes en matière de biosécurité ainsi que des investissements dans les semences non génétiquement modifiées et une formation pour assurer la coexistence avec l’agriculture biologique. “

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