$ 98 millions pour lutter contre le champignon TR4 qui menace les bananes

 $ 98 millions pour lutter contre le champignon TR4 qui menace les bananes
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La FAO sonne l’alarme. Un champignon -Tropical Race 4 (TR4)- risque de décimer l’ensemble de la production mondiale de bananes, impactant quelque 400 millions de personnes qui dépendent du fruit le plus exporté au monde pour se nourrir ou encore pour tirer leurs revenus.

La FAO, Bioversity International, l’Institut international de l’agriculture tropicale et le Forum mondial de la banane, ont lancé vendredi un programme mondial requérant $ 98 millions afin de contenir et de faire face à cette nouvelle souche – – de la jaunisse fusarienne, une maladie insidieuse qui peut rester pendant plusieurs années dans les sols et se propager vers d’autres champs de diverses manières, à savoir par le biais de matériel de plantation infecté, par l’eau, les chaussures, les outils ou encore les véhicules agricoles.

Il s’agit d’une menace majeure pesant sur la production de banane dans plusieurs régions du monde. Nous devons agir vite afin d’éviter sa progression et soutenir les pays déjà affectés dans leurs efforts visant à faire face à la maladie. Améliorer la résilience à long terme des systèmes de production de bananes pourra uniquement être fait en continuant la surveillance, en adoptant des stratégies de confinement efficaces, en renforçant les capacités nationales et en améliorant la collaboration internationale en vue de mettre en Å“uvre des méthodes intégrées de gestion de la maladie“, a déclaré Hans Dreyer, Directeur de la Division de la production et de la protection des plantes à la FAO.

La jaunisse fusarienne TR4 a été détectée pour la première fois en Asie du Sud-Est dans les années 90 et a depuis été identifiée sur 19 sites dans 10 pays, dont le Mozambique où le TR4 a été détecté pour la première fois en 2013. Suite Ã  cela, en avril 2014, des chercheurs ont constitué l’African Consortium for TR4 (AC4TR4).

Le programme mondial cible initialement 67 pays et a pour objectif d’éviter sa progression, tout en y faisant face. Car, sans une intervention coordonnée, les scientifiques estiment que la maladie pourrait affecter jusqu’à 1,6 millions d’hectares (Mha) de bananes d’ici 2040, ce qui représente un sixième de l’actuelle production mondiale, dont la valeur est estimée annuellement à $ 10 milliards. Le programme vise à réduire les zones potentiellement affectées de 60% mais aussi à renforcer la recherche afin d’avoir plus de diversité de cultivars et améliorer les pratiques agronomiques, a indiqué Ann Tutwiler, directrice générale de Biodiversity International.

Le programme, qui s’étalera sur cinq ans, se base sur des initiatives existantes pour lutter contre la maladie et se focalise sur le renforcement des capacités techniques locales et l’aide au développement de technologies et d’outils fondés sur la science grâce à des recherches sur la biologie et l’épidémiologie du champignon, sur la manière de le détecter, sur sa surveillance, sur la santé des sols, sur le développement de cultivars résistants, mais aussi grâce aux données collectées suites à l’adoption de mesures de confinement. Si mis en place correctement, selon les estimations, chaque dollar investi  aujourd’hui dans le programme rapportera entre $ 98 et $ 196 d’ici 20 ans, souligne le communiqué.

Qu’est-ce que la jaunisse fusarienne TR4?

La maladie appartient à la famille des Fusarium oxysporum f.sp. cubense et est causée par une nouvelle variante du champignon qui a décimé les plantations de bananes au début du 20eme  siècle, causant plus de $ 2 milliards de dégâts et entraînant le remplacement de la banane de type Gros Michel par la variété Cavendish, qui s’est révélée résistante à la souche précédente du champignon mais qui a succombé face à la nouvelle race TR4.

La TR4 – qui selon les estimations des scientifiques a jusqu’à présent touché près de 100 000 ha de bananes – affecte tout particulièrement les bananes Cavendish (qui représentent près de la moitié des bananes cultivées aujourd’hui) mais également d’autres cultivars qui constituent des aliments de base clés. Malgré le rôle important joué par la banane dans le commerce mondial, près de 85% de la production annuelle est consommée localement, explique la FAO dans son communiqué.

Les plantes affectées ont des feuilles jaunes, qui vont ensuite tomber et former une collerette de débris autour de la partie inférieure de la plante. Le champignon peut facilement se propager et rester viable dans le sol pendant plusieurs décennies.

Les zones nouvellement infectées devront être rapidement et correctement clôturées, les plantes infectées détruites, tandis que des mesures de quarantaine devront être prises. La mise en Å“uvre de telles mesures variera en fonction des systèmes de production, si ceux-ci concernent l’agriculture à petite échelle, les systèmes de culture mixte ou encore la monoculture.

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