La Chronique Matières Premières Agricoles au 17 octobre 2019

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 17 octobre 2019
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Le nouvel accord entre Londres et Bruxelles hier, validé dans la foulée par le Conseil européen, a laissé les marchés quelque peu dubitatifs. En effet, il n’est pas certains que la Chambre des Communes le valide ; le Parlement européen doit également se prononcer. La livre sterling a atteint un pic de cinq mois, à $ 1,2943 avant de redescendre et clôturer à $ 1,2865. L’euro est à son plus haut en deux mois face au dollar, à $ 1,112. Côté pétrole, l’annonce d’une hausse des stocks de brut aux Etats-Unis a fait baisser le prix du baril, à $ 59,12 pour le Brent et $ 53 pour le WTI américain.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUC COTONHUILE DE PALME RIZSUCRE

CACAO

C’est la dégringolade ! Hier soir, la place de Londres a terminé à £ 1 866 pour une tonne de fèves de cacao contre £ 1 904 en fin de semaine dernière. Quant à New York, l’échéance décembre a clôturé à $ 2 488 contre $ 2 546 vendredi dernier.

Rien d’étonnant car c’est l’abondance en Côte d’Ivoire ! Entre le 1er et le 13 octobre, les arrivages aux deux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 132 000, en hausse de 28% par rapport à la même période de démarrage de campagne l’année dernière.

Côté consommation, les chiffres de broyages sont tombés depuis une semaine. En Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada et Mexique), ils sont en chute de 7,4% au troisième trimestre par rapport à la même période l’année dernière, annonçait hier la National Confectioners Association. Avec 119 004 t, il s’agit de leur plus faible volume sur ce troisième trimestre depuis 2009. Des chiffres qui ont pris par surprise le marché qui s’attendait à un volume équivalent, voire supérieur, à l’année dernière, souligne Reuters.

Même déception, mais atténuée, s’agissant de l’Europe où les broyages demeurent quasi inchangés, glissant de 0,1% à 362 940 t, a annoncé mercredi l’Association européenne du cacao basée à Bruxelles. En revanche, en Allemagne, il s’agit d’une réelle baisse, de 2,7%, à 103 332 t, selon l’industrie de confiserie BDSI. Rappelons qu’au second trimestre, ces broyages avaient déjà baissé mais dans de moindres proportions, de 0,2%.

En revanche, de la fin octobre 2018 à fin septembre 2019, la Côte d’Ivoire a transformé 547 000 t, en hausse de 8,3% par rapport à la même période l’année dernière, selon l’association des exportateurs Gepex. Sur le seul quatrième trimestre de la campagne 2018/19, ces broyages ont totalisé 140 473 t contre 126 347 t un an auparavant.

CAFÉ

Décidemment, la semaine n’a pas été bonne sur nombre de marchés de produits agricoles. La livre (lb) d’Arabica a clôturé hier New York à 92,90 cents contre 93,10 vendredi dernier. Quant au Robusta, partie de $ 1 257 a tonne vendredi dernier, il a clôturé à Londres mercredi à $ 1 227 la tonne. Visiblement, la perspective d’une récolte abondante au Brésil en 2020 pèse sur le marché.

Sur les marchés asiatiques, la tendance a été morose aussi cette semaine, reflétant la tendance sur les marchés mondiaux. Au Vietnam, les prix locaux ont chuté à leur plus faible niveau en quatre mois. Les planteurs dans les Central Highlands, ont vendu à 30 000 dongs ($ 1,29) le kilo. Quand ils ont vendu… La plupart a refusé car ils auraient vendu à perte, les coûts de production étant estimés atteindre 33 000 dongs. Car le nombre de transactions est quasiment nul, les traders attendant la nouvelle récolte qui serait de l’ordre de 30 millions de sacs de 60 kilos (Ms) pour la campagne 2019/20 qui a démarré le 1er octobre. A l’export, les traders ont proposé le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une prime de $ 200 par rapport au contrat de janvier à Londres.

Quant à l’Indonésie, son Grade 4, 80 défauts, a été offert avec une prime de $ 300 sur le contrat décembre à Londres, en forte hausse par rapport aux $ 215 à $ 230 offerts sur le contrat novembre la semaine dernière. “Cette forte hausse de la prime s’explique par la volonté de compenser la forte chute des cours à Londres cette semaine”, a expliqué un trader. Les volumes échangés ont été faibles, mais on estime que les producteurs détiennent encore des stocks et attendent seulement que les prix se redressent pour vendre.

CAOUTCHOUC

L’accord partiel négocié entre les Etats-Unis et la Chine vendredi dernier a dopé le caoutchouc qui a gagné 3,4 yens à 163,4 yens le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) et 75 yuans à 11 615 yuans la tonne à Shanghai. Une avancée qui s’est maintenue durant la semaine, les cours clôturant jeudi respectivement à 163,8 yens ($1,508) le kilo et 11 565 yuans ($1632,28) la tonne. Toutefois, les inquiétudes sur le ralentissement de la croissance de l’économie mondiale et la faiblesse de la demande sur le marché automobile chinois pèsent toujours sur les cours. “Le caoutchouc a été encouragé par les négociations commerciales sino-américaines plus tôt. Mais la macroéconomie morose et les ventes médiocres d’automobiles en Chine étaient toujours à la baisse sur les prix“, estime Hu Ding, chercheur à China Futures. Les ventes automobiles en Chine ont reculé de 6,6% au mois de septembre tandis que les stocks de caoutchouc sur le Shanghai Futures Exchange sont hausse de 1,5% à 461 679 tonnes par rapport aux données de la semaine précédente. En outre, la croissance chinoise a ralenti au troisième trimestre à 6,0% sur un an, un plus de bas de près de 30 ans, selon les données officielles publiées aujourd’hui.

En Côte d’Ivoire, le gouvernement veut accroître la transformation de la filière caoutchouc avec l’objectif de transformer l’ensemble de la production locale pour un investissement estimé à FCFA 100 milliards (Lire : Le secteur du caoutchouc naturel poursuit sa mutations en Côte d’Ivoire). Le taux est actuellement de 55%. 

Aux Etats-Unis, la demande en caoutchouc devrait augmenter de 2,7% par an en valeur nominale d’ici 2023 et de 1,1% en termes réel, selon un rapport publié par Freedonia Focus Reports. Les fournisseurs bénéficieront de la croissance de la production nationale de pneus, courroies, tuyaux souples et autres pièces en caoutchouc pour véhicules automobiles, machines et équipements.

Coté entreprise, le groupe français de pneumatique Michelin, via la Compagnie financière Michelin (CFM) et de concert avec le groupe agro-industriel ivoirien Sifca, ont lance la procédure pour sortir la Société internationale de plantations d’hévéas (SIPH) de la bourse Euronext Paris. Les deux actionnaires détiennent 91,60% du capital. Pour le solde du capita, les actionnaires seront indemnisés de €85 par action, soit un bonus de 9,5% (Lire : Caoutchouc : la société SIPH lance la procédure pour se retirer de la bourse).

COTON

L’espoir d’une résolution du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine a dopé le marché du coton vendredi dernier avec une hausse de plus de 3% à 63,88 cents la livre. L’optimisme sur une hausse de la demande chinoise en coton s’est prolongée durant la semaine, les cours clôturant jeudi à 64,99 cents la livre.

Donald Trump a annoncé vendredi dernier un accord partiel qui couvre l’agriculture, y compris le coton, la question des devises et certains aspects de la protection de la propriété intellectuelle et la suspension des droits de douane supplémentaires qui devraient entrer en application le 15 octobre. De son côté, le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a déclaré que les achats agricoles pourraient atteindre$ 40 à 50 milliards par an dans le cadre d’un accord commercial partiel, ce qui pourrait potentiellement plus que doubler par rapport aux $ 24 milliards de produits agricoles et produits connexes achetés par la Chine aux États-Unis en 2017. Pour conclure un accord par écrit, le président américain a estimé que cinq semaines pourraient être nécessaires, la signature avec son homologue chinois Xi Jinping pourrait alors intervenir le 16 novembre au Chili lors de la réunion du forum de Coopération Asie-Pacifique (APEC).

Rabobank estime que les prix du coton devraient progresser lentement sur les douze prochains mois grâce à un regain d’optimisme quant à la demande chinoise de coton mais aussi une couverture spéculative à court terme et ce en dépit d’une demande ralentie avec une croissance entre 1 et 2% en 2019/20 contre 6% en 2017/18. En outre, la banque néerlandaise table sur une hausse de 14% des importations chinoises en 2019/20 afin de redresser le déficit d’approvisionnement de 9 à 10 millions de balles de coton. Une augmentation qui devrait profiter aux exportations brésiliennes et indiennes estime la banque.

Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration aux Etats-Unis a autorisé vendredi dernier le coton génétiquement modifié destiné à la consommation humaine, le TAM66274 sans gossypol mis au point par Texas A & M University, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle source alimentaire riche en protéines (Lire : Feu vert aux Etats-Unis pour le coton OGM pour la consommation humaine).

Michel Eddi, président directeur général de l’institut français de recherche, le Cirad, évoque dans un entretien vidéo la durabilité du coton qui ne se situe pas au même plan que celle du cacao, de l’hévéa ou du palmier à huile, car la culture du coton est une culture essentiellement de savane et les problèmes de déforestation ne sont pas la principale source de préoccupation. « Néanmoins les problèmes de durabilité et de fragilité économique de la filière cotonnière » (Regarder la vidéo Michel Eddi du Cirad : “Solidarité et coopération sont les maîtres mots de l’avenir de la planète”).

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme a été dominé cette semaine par les tensions commerciales entre l’Inde et la Malaisie. Sur le semaine, les cours progressent passant de 2 185 ringgits la tonne vendredi dernier à 2 259 ($540,69) la tonne hier à la clôture, soutenus par la performance de la bourse chinoise de Dalian.

Vendredi dernier, selon un rapport de Reuters l’Inde envisageait de réduire ses importations de certains produits – dont d’huile de palme – en provenance de la Malaisie suite à une déclaration du Premier ministre Mahathir Mohamad lors de l’assemblée générale des Nations unies sur le Cachemire. Ce qui a provoqué une baisse des cours après cinq séances consécutives de hausse. Rappelons que l’Inde est le premier importateur mondial d’huiles alimentaires et le plus gros acheteur d’huile de palme de Malaisie. Elle a acheté 3,9 millions de tonnes 5Mt d’huile de palme malaisienne au cours des neuf premiers mois de 2019, selon les données compilées par le Malaysian Palm Oil Board. Les tensions se sont apaisées au cours de la semaine. Dans un communiqué, la ministre des Industries primaires Teresa Kok a déclaré : “La ministre s’inquiète des récents rapports de presse concernant des relations bilatérales défavorables entre la Malaisie et l’Inde, les deux pays entretenant des relations solides et globales depuis plus de six décennies. La Malaisie est ouverte à la poursuite des négociations commerciales afin de répondre aux préoccupations de l’Inde concernant le déséquilibre commercial entre les deux pays ” peut-on lire. La Malaisie envisage aussi d’augmenter ses importations de sucre brut et de viande de buffle en provenance d’Inde. Une décision prise compte tenu de l’importance de l’Inde comme troisième destination d’exportation de la Malaisie en 2018 pour des produits à base d’huile de palme et de palmiste d’une valeur de 6,84 milliards de ringgits ($1,63 milliard), précise le communiqué du ministère des Industries primaires.

RIZ

Confrontés à une faible demande, les prix du riz en Inde et en Thaïlande baissent trandis que l’offre restreinte maintient des prix élevés au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont tombés à $365-$370 la tonne contre $368-$72 la semaine dernière. “Les acheteurs asiatiques et africains ne sont pas pressés. Ils reportent leurs achats en anticipant une nouvelle baisse des prix“, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’État d’Andhra Pradesh.

En août, les exportations de riz de l’Inde ont chuté de 29% en un an, pour s’établir à 644 249 tonnes, en raison notamment de la faible demande des pays africains pour le riz non basmati. 

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés inchangés à $350 la tonne cette semaine, soit son plus haut niveau en deux mois. La demande est morose, mais la faiblesse de l’offre a permis d’éviter la chute des prix indiquent les négociants. Le marché craint qu’une réduction des importations des Philippines – le plus grand marché d’exportation du Vietnam représentant 36% des expéditions totales de riz – ne frappe davantage le marché vietnamien.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% reculent légèrement à $395-$400 la tonne contre $396-$400 la semaine dernière. La demande est faible et les prix sont élevés compte tenu du bath fort.

Au Bangladesh, les agriculteurs aux prises à des prix bas et des coûts de récolte élevés, recevront une subvention de 30 milliards de taka ($354 millions) pour acheter des outils agricoles modernes dans le but de réduire les coûts de production et d’accroître la production nationale, a déclaré le ministre de l’Agriculture, Abdur Razzaque.

SUCRE

Parti de 12,29 cents vendredi dernier à New York, la livre (lb) de sucre roux a glissé à 12,24 cents hier soir. En revanche, le sucre blanc a grimpé à $ 339 la tonne contre $ 337,60 en fin de semaine dernière.

La tendance demeure haussière, selon un rapport de JP Morgan paru lundi, estimant que le déficit atteindra 6,4 Mt en 2019/20. “La faiblesse durable des prix ces deux dernières années a envoyé un signal très fort aux producteurs qui ont réduit leur production et leur capacité de production à long terme“.

Le quota d’importation de sucre en 2020 en Chine a été fixé à 1,945 Mt, a annoncé lundi le ministre du Commerce. De ce total, 70% seront importés par des entreprises étatiques. Les entreprises postulant pour des allocations de quotas doivent avoir transformé au moins 600 t de sucre roux par jour sen 2018 ou avoir vendu pour 450 millions de yuans ($ 63,7 millions) ou plus de sucre durant l’année.

En Ukraine, la production est attendue en baisse d’un tiers cette campagne, à 1,1-1,2 Mt car les superficies ensemencées ont réduit comme neige au soleil.

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