Société Générale connectera 1 million d’agriculteurs en Afrique au portefeuille électronique YUP

 Société Générale connectera 1 million d’agriculteurs en Afrique au portefeuille électronique YUP
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 Le 29 novembre dernier, de Dakar, Société Générale a lancé son programme “Grow with Africa” qui consiste en une accélération des initiatives business au service développement durable du continent Africain. De nouveaux axes de croissance ont été identifiés et une nouvelle organisation sur le terrain définie.

Mais en quoi tout ceci peut-il bénéficier aux filières agricoles et agro-industrielles africaines ? Pour répondre à cette question, trois collaborateurs de Société Générale ont répondu aux questions de CommodAfrica : Eric Ménager (photo), directeur du Marketing en charge de l’Offre/Produits & du Digital, Marion Turbet, responsable stratégie digitale & multicanale au sein du département Marketing Retail International, et Aurélien Morel, chargé de communication Afrique, Retail International.

Pour démarrer, un mot sur votre nouvelle stratégie “Grow with Africa”, explicitée à Dakar fin novembre ?

Société Générale  a une longue histoire en Afrique et le groupe continue à s’inscrire  dans cette tradition. Société Générale opère dans 19 pays africains : nous sommes au Maroc depuis plus de 100 ans, au Sénégal et en Côte d’Ivoire depuis plus de 50 ans, etc. ce qui nous permet aujourd’hui d’être leader sur un certain nombres de marchés, notamment en Afrique de l’Ouest et centrale. Nous sommes la première banque au Sénégal, au Cameroun, la première banque privée en Algérie, quatrième au Maroc etc.

Environ 60% de notre chiffre d’affaire en Afrique est réalisé avec les entreprises et 40% avec la clientèle de particulier, notamment via un réseau de plus de 1 000 agences. L’encours de crédit du groupe est d’environ € 16 milliards. L’objectif de la banque en Afrique est d’atteindre un taux de croissance moyen de nos revenus de 8% par an et une rentabilité supérieure à 15% d’ici 2020.

Qui ont été vos principaux concurrents ces dernières années ?

Ecobank qui se déploie assez fortement en Afrique, mais aussi Attijariwafa Bank qui historiquement est très forte au Maroc et qui a acheté depuis plusieurs années un certain nombre d’entités en Afrique.  

Votre présence est importante et historique. Mais alors pourquoi, soudainement, cette volonté de redonner un coup de boost à vos présences et produits alors que l’Afrique connait une belle croissance depuis plusieurs années maintenant ?

Ce n’est pas “soudainement” car cela fait très longtemps que Société Générale se développe sur le continent africain. Cependant, vous avez raison de souligner que lors de la présentation du plan stratégique du groupe en fin d’année dernière, l’Afrique a été clairement identifiée comme l’un des moteurs de croissance de la banque.

En effet, on s’aperçoit aujourd’hui que l’Afrique est un continent avec de formidables opportunités pour le secteur bancaire : 60% des terres agricoles ne sont pas exploitées, l’explosion démographique fera qu’en 2030 un pays comme le Nigeria devrait compter plus d’habitants que la Chine, la population a moins de 25 ans en moyenne et il existe de formidables projets à financer dans le domaine des infrastructures. Le principal potentiel de croissance réside aussi dans le taux de bancarisation qui n’est actuellement en Afrique que de 20%.

Mais, encore une fois, l’intérêt de Société Générale pour l’Afrique n’a rien de soudain. La banque a énormément investi ces dernières années, pour se développer de manière organique, via des acquisitions ou via le lancement de nouvelles offres. Sur la partie corporate, notre dispositif a atteint une certaine maturité en Afrique : nous avons développé des structures régionales comme des plateformes de financement structurées ou encore des salles de marchés.

D’autre part, d’un point de vue organisationnel, nous avons créé l’année dernière quatre directions régionales afin de porter le centre de décision le plus près possible de nos filiales et de nos clients.

A l’heure actuelle, quelle est la part de l’Afrique dans le chiffre d’affaire de la SG ?

Aujourd’hui, l’Afrique représente 5% du groupe.

Pour en venir aux filières agricoles, qu’y a -t-il dans l’offre de la Société Générale de particulièrement pertinent pour ce secteur ?

Globalement, le programme “Grow with Africa” va être déployé selon plusieurs axes. Le premier est d’accroitre le montant des encours de crédit aux PME sur le continent. L’objectif est de faire passer l’enveloppe de € 6 milliards à 10 milliards dans les prochaines années. Nous souhaitons développer différents modes de financements, par exemple l’affacturage. Ensuite, nous allons  créer, en commençant par le Sénégal, des “Maisons de la PME” qui concentreront des expertises permettant aux PME de pouvoir se développer. Les PME représentent 90% des entreprises privées en Afrique et 70% des emplois. Il est donc crucial de les accompagner le mieux possible.

Concernant l’accompagnement des filières agricoles, il y a une vraie volonté de l’amplifier, en misant sur les filières durables. D’ici 5 ans, la banque souhaite connecter 1 million agriculteurs à sa solution de portefeuille électronique Yup.

Un mot sur YUP ?

Yup est une nouvelle offre qui est déployée en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Burkina et au Cameroun et qui est développée notamment afin de favoriser l’inclusion financière. Elle est accessible à tous ceux qui ont un téléphone mobile, quelque que soit le modèle ou l’opérateur téléphonique. Ils peuvent déposer de l’argent via leur téléphone, le retirer à tout moment, recharger le crédit de leur téléphone, payer leurs factures, recevoir leur salaire, transférer de l’argent à leurs proches ou effectuer des paiements marchands. Ce portefeuille permettra également, dès l’année prochaine, d’accéder à des solutions de crédit, d’épargne ou d’assurance, actuellement en cours de test. YUP compte déjà plus de 300 000 portefeuilles ouverts

Concrètement, je suis un jeune agriculteur en Afrique, je suis une coopérative non encore bancarisée et je me dis qu’il est temps de m’y mettre. Que me proposez-vous par rapport aux autres ?

Notre offre est assez fournie et comprend un certain nombre de modes de financements “classiques” ou encore des crédits moyen terme de type affacturage ou leasing – le leasing n’est pas tellement développé en Afrique et il y a lieu de travailler cette offre.

D’autre part, nous proposons par exemple aux coopératives de bancariser leurs collaborateurs en mettant à leur disposition soit un compte bancaire avec des moyens de paiement, soit un portefeuille électronique comme YUP qui a vocation à devenir une plateforme de services financiers et non financiers.

Les membres de la coopérative pourront se payer entre eux et pourront également payer leurs employés.

Mais d’autres établissements offrent cela…

C’est une offre qui a, en effet, été déployée par certains opérateurs de télécommunication, comme Orange Money, MTN, etc. La seule autre banque à l’avoir développée est Ecobank. L’avantage des banques sur ce créneau est qu’elles ont les agréments pour offrir un certain nombre de services bancaires comme le crédit, etc., ce que les entreprises de télécommunication ne peuvent pas faire sans passer par un partenariat avec une banque.

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