SARA 2019 : le breton Vitalac fait de l’alimentation animale quasi “Made in Côte d’Ivoire”

 SARA 2019 : le breton Vitalac fait de l’alimentation animale quasi “Made in Côte d’Ivoire”
Partager vers

Vitalac, l’entreprise française spécialisée dans la nutrition et l’alimentation animale, était présente au Salon de l’agriculture et des ressources animales (SARA) fin novembre à Abidjan – d’ailleurs pas sur le Pavillon France, pays à l’honneur. Le spécialiste breton commence à prendre du galon en Afrique de l’Ouest et plus particulièrement en Côte d’Ivoire où il a acheté l’année dernière l’usine de son distributeur. Gilbert Le Calvez, directeur général, explique à CommodAfrica les défis de la filière et surtout comment son alimentation animale en Côte d’Ivoire est, aujourd’hui, quasiment  100% locale.

Que représente l’Afrique dans vos activités ?

L’Afrique représente une part assez faible de nos activités, environ 3% à 4% car c’est la dernière zone dans laquelle nous nous sommes développés. Cela fait seulement 7 à 8 ans que nous sommes en Afrique. Quand je parle de l’Afrique, je parle de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est. Car, nous sommes présents depuis longtemps dans le Maghreb, avec des marchés majeures tels que le Maroc, l’Algérie et j’espère bientôt la Tunisie.

Depuis quand êtes-vous en Côte d’Ivoire ?

Nous avions un distributeur en Côte d’Ivoire depuis 7 à 8 ans et, par un concours de circonstances, on a décidé d’investir et de reprendre son usine. Cela faisait partie d’une continuité car nous avions déjà développé beaucoup de choses avec notre partenaire ici et mis au point un certain nombre de produits. Car, évidemment, ce sont des marchés différents de ceux dans lesquels nous avons l’habitude de travailler.

Comment ?

Différent par le contexte climatique déjà, mais aussi car il y a des matières premières un peu différentes, un certain niveau de savoir faire chez les éleveurs, un encadrement technique différent et cela nécessite de l’adaptation.

Par exemple, lorsque nous sommes arrivés, il s’agissait de faire des aliments pour poulets ou pondeuses ou porc et pour cela on a besoin d’une source de protéines fiables ; on ne peut pas leur donner un tourteau d’arachide, de coton ou de palmiste qui, pourtant, existent en volume ici. Mais ce sont des sources protéiques qui sont déficitaires en acides aminées et donc on ne peut pas avoir de bons résultats. Il nous fallait du soja. Nous avons donc importé du soja bien que tout ces pays ont de grandes capacités et toutes les conditions pour produire du soja.

Mais les productions locales de soja augmentent…

Oui, ça commence à se mettre en place mais il faut aussi une trituration, un process industriel. On n’y est pas encore mais bientôt. Ils vont devenir des producteurs de soja et peut-être demain exportateurs de soja.  Le soja que nous avons ici en Côte d’Ivoire est essentiellement du soja pour la consommation humaine ; ils est d’ailleurs intéressant de voir la grande diversité de variétés qui existe ici.

Dans votre alimentation, quel est le taux de produits locaux ?

Au départ, nous avons importé ce qu’on appelle les “complémentaires” parce qu’il n’y avait pas de soja. Les “complémentaires” représentent  entre 20% et 35% de la part de l’aliment donc ce n’était pas durable, évidemment. Mais, rapidement, le soja est arrivé et nous sommes descendus à des concentrés importés beaucoup plus petits, c’est-à-dire des 3 à 4% de l’aliment final. Aujourd’hui, nous sommes à 1% ou 2% de produits importés dans l’aliment complet. Tout le reste est local. Car le but n’est pas de faire tourner des entreprises en France ou les compagnies maritimes. Il est indispensable d’avoir des produits locaux si on veut des prix compétitifs. En outre, la douane a aussi un coût car ces produits sont taxés.

Donc aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, on va faire un poulet avec  1,5%. La formulation est simple : maïs, soja et un peu de calcium. Le calcium dans une formule d’aliments de pondeuses, c’est 10% donc ça représente des quantités très importantes. Il n’y a pas ici d’extraction de carbonate de calcium mais il y a du coquillage marin qu’on utilise pour l’apport de calcium. Ca fait aussi de l’activité économique.

D’où l’avez-vous ?

Il  y a des spécialistes qui ramassent les coquillages en bord de mer ou  ce sont des résidus de fruits de mer et autres. C’est très répandu que d’utiliser les produits marins comme source de calcium et d’oligo-éléments.

Vos clients sont essentiellement des coopératives ?

Non. Nous travaillons principalement avec des éleveurs qui sont indépendants. Notre première activité est l’activité en pondeuses. C’est un marché assez mature, qui fonctionne très bien. C’est la première production animale développée en Afrique, un peu partout. Et ca se comprend car l’œuf n’a pas besoin de chaîne du froid. On trouve les plateaux d’œufs un peu partout sur les marchés en Afrique. C’est un aliment très concentré, très qualitatif pour l’humain. Dans certains pays, c’est même un leitmotiv : un œuf par habitant par jour.

Cependant, pour être complètement autonomes, ils se heurtent au problème d’avoir une source de poussins de qualité. Aujourd’hui, ils préfèrent en importer parce qu’il aura une meilleure garantie sanitaire, il sera vacciné. Par rapport à l’offre proposée par les opérateurs africains, il y a quand même des écarts qualitatifs. Or, investir dans un poussin de ponte, s’il n’est pas en bonne santé, s’il ne donne pas de bons résultats, c’est compromettre tout un cycle de production qui dure parfois un an et demi. Les aviculteurs l’ont très bien compris et c’est pourquoi les bons aviculteurs, aujourd’hui, achètent des produits importés. Mais on peut aussi acheter des œufs à couver, ce qui reviend moins cher et il produira, comme ça, le poussin localement .

Donc cette filière existe depuis assez longtemps, avec des opérateurs indépendants. Ils ont des unités assez importantes, très bien organisées, avec des résultats comparables aux nôtres. C’est une filière qui créé de la valeur. En plus, ce sont des personnes qui travaillent dans les respect du bien-être animal. La plupart des élevages, à 95%, sont des élevages au sol ; il y a très peu de batteries et d’ailleurs ce n’est pas nécessaire car on a des aviculteurs qui ont des résultats exceptionnels.

Cependant, il y a un point sur lequel nous avons beaucoup travaillé, c’est l’eau de boisson. En général, on ne s’en occupe pas vraiment, on ne s’occupe pas de savoir si elle est potable ou non. C’est de l’eau de forage qui, à l’extraction, est fiable ; elle est bonne. Mais ensuite, l’eau passe dans des tanks, dans de la tuyauterie où, malheureusement, on fait passer beaucoup de produits. L’eau de boisson est souvent contaminée. Là, nous avons des produits qui sont adaptés pour à la fois traiter l’eau et aussi pour avoir des effet au niveau du tractus digestif, de l’amélioration de la digestibilité, et également de l’assainissement avec des effets anti salmonelles, entre autres.  Ce sont des produits dont on est assez fier de faire de la promotion car ils sont agréés pour l’élevage bio en France. Donc, il ne s’agit pas pour nous de faire ici ce qu’on n’a plus le droit de faire en France.

 

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *