La chasse aux pollueurs au port chinois de Zhangjiagang impacte la filière bois en Afrique

 La chasse aux pollueurs au port chinois de Zhangjiagang impacte la filière bois en Afrique
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Le visage de la Chine importatrice de bois tropicaux est-il en train de changer ? C’est ce qu’on pourrait en déduire de la situation du secteur bois au port de Zhangjiagang, non loin de Shanghai. L’effet cumulé du renforcement des inspections environnementales, de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, de la volatilité du yuan (RMB), mais surtout de la baisse de la demande intérieure,  provoque une baisse des flux commerciaux et des prix sur ce marché du bois, rapporte l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT/ITTO de son sigle anglais).

Ainsi, en novembre, les stocks d’okan – qui se trouve essentiellement au Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana et Nigeria- atteignaient près de 60 000 m3, soit de quoi approvisionner durant six mois les industries chinoises en aval. En 2018, le prix moyen des grumes d’ébène d’un diamètre de 50 à 70 cm a chuté à RMB 2500-2600 (€ 326-340) le m2 contre 4000 (€ 522) en 2017 ; le bois de rose africain était à 2300-2500 (€ 300-326) contre 3800 (€ 496) l’année précédente. D’une année sur l’autre, l’okan a baissé de 1200-1300 (€ 156-169) à RMB  2200-2300 (€ 287-300) ; les grumes d’ekki de 80 à 100 cm de diamètre ont perdu RMB 600 (€ 78) à RMB 2100-2200 (€274-287) ; le dillénia de 50 à 70 cm se vendait à RMB 2100 (€ 274), en baisse de RMB 500 (€ 65) sur un an.

Une situation qui est lourde de conséquences sur la filière si on considère que la ville de Zhangjiagang est le plus grand centre d’importation de bois en Chine, représentant 25% des volumes importés, selon l’OIBT. Actuellement, on y compte pas moins de 28 marchés du bois autour du port couvrant 1 million de m2, avec 200 traders du bois qui opèrent et des centaines de scieries et autres industries de transformation du bois, dont près de la moitié s’est développée ces dernières années.

Qui dit que la Chine ne s’intéresse pas à l’environnement ?

Que se passe-t-il au juste ? En réalité, le principal problème auquel est confrontée l’activité bois autour du port de Zhangjiagang est la chasse renforcée aux pollueurs. La plupart des entreprises du bois qui opèrent dans le périmètre du port sont de petites unités familiales qui ne sont pas du tout aux normes environnementales. Or, la Chine a considérablement renforcé ses contrôles, se focalisant en 2018 sur les usines de transformation du bois à Zhangjiagang. Environ 60% d’entre elles ont dû fermer depuis le début de 2018, ces contrôles s’ajoutant aux difficultés économiques engendrées par le ralentissement de la croissance économique chinoise qui impacte lourdement l’immobilier, grande consommatrice de bois tropicaux.

Alors, certes, l’industrie chinoise du bois avait connu une excellente année 2017 et s’attendait à ce que sa bonne étoile l’accompagne en 2018. Ce qui n’a pas été le cas et la quasi-totalité des bénéfices engrangés en 2017 ont été absorbés en 2018 pour faire face à la véritable crise que traverse l’activité bois de Zhangjiagang, souligne encore l’étude publiée par l’OIBT.

Quid de l’avenir ?

De toute façon, il fallait attendre la fin des vacances du Nouvel An pour espérer un retournement de marché. Nous y sommes, donc l’avenir dira. Mais, d’ores et déjà, les traders soulignent que la demande demeure très stable sur certaines espèces comme le Sapelli, très apprécié dans la fabrication  de portes, ou encore le Merbau utilisé pour fabriquer les meubles de jardin et la restauration d’immeubles anciens. Rendez-vous pris pour les autres essences.

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