La BM et le FMI ouvrent leurs Réunions de Printemps très inquiets mais l’Afrique de l’Ouest tire son épingle du jeu

 La BM et le FMI ouvrent leurs Réunions de Printemps très inquiets mais l’Afrique de l’Ouest tire son épingle du jeu
Partager vers

Aux veilles de l’ouverture cette semaine des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui ont pour thème « Relever les défis de la croissance, de la sécurité et de la stabilité », les dirigeants des organisations internationales ont multiplié leurs appels et leurs mises en garde face à la déroute économique internationale et à l’impact très dangereux que tout ceci a et pourrait avoir sur les pays et les populations les plus vulnérables, notamment en Afrique.

Belle performance de l’Afrique de l’Ouest mais le continent inquiète

La dernière édition du rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale publié la semaine dernière est alarmiste. Il indique une prévision de croissance de 3,6 % pour 2022, en baisse par rapport aux 4 % enregistrés en 2021.  Mais l’Afrique de l’Ouest tirerait bien son épingle du jeu. « En Afrique de l’Ouest et centrale, on s’attend à une croissance de 4,2 % en 2022, et de 4,6 % pour 2023. Si l’on excepte le Nigeria, la sous-région devrait croître de 4,8 % en 2022, et de 5,6 % en 2023. » Nigeria mis à part, la croissance ouest-africaine serait à 4,8 % cette année et 5,6 % en 2023 avec une belle performance attendue au Ghana avec 5,5%  cette année pour redescendre à 5 % en 2024.

Mais le rapport souligne l’importance de développer des programmes de protection sociale au-delà des filets de protection sociale, pour renforcer la résilience économique et la capacité de faire face aux chocs, en particulier pour les ménages pauvres et vulnérables. Car la menace de destabilisation demeure forte pour l’Afrique. « Alors que les économies d’Afrique subsaharienne risquent fort d’être touchées elles-aussi par le durcissement de la conjoncture mondiale et une réduction des flux financiers étrangers vers la région, l’analyse relève que la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires se traduira par une inflation à la hausse dans les pays africains. Les personnes pauvres et les populations vulnérables seront les plus touchées, en particulier dans les zones urbaines. Dans le contexte actuel d’instabilité politique accrue, on peut craindre que davantage de troubles civils n’éclatent du fait de l’inflation entraînée par les prix de l’énergie et de l’alimentation. »

Dans un appel commun lancé mercredi dernier, David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, David Beasley, directeur exécutif du PAM, et Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’OMC, ont « exhort[é] la communauté internationale à venir sans délai en aide aux pays vulnérables en prenant des mesures coordonnées, telles que la fourniture urgente de denrées alimentaires, l’appui financier, l’augmentation de la production agricole et la promotion du libre-échange.»

La dette des pays en développemen au plus haut en  ans

Au plan mondial, dans son discours prononcé en prélude aux réunions en fin de semaine dernière, le président de la Banque mondiale David Malpass arappelé que les « chances de redressement économique » se « réduisent davantage » avec la guerre en Ukraine et les mesures de confinement liées à la Covid-19 en Chine. Déjà, avant la guerre en Ukraine, « la reprise en 2022 s’essoufflait déjà en raison de la hausse de l’inflation et de la persistance des goulets d’étranglement du côté de l’offre. ». « Pour ne rien arranger, la dette des pays en développement a fortement augmenté pour atteindre son niveau le plus élevé en 50 ans, soit environ 250 % des recettes publiques. La vulnérabilité liée à la dette est particulièrement aiguë dans les pays à faible revenu, dont 60 % sont déjà surendettés ou gravement menacés de surendettement. »

Et le patron de la Banque d’évoquer les risques liés aux flambées des prix alimentaires qui touchent tout le monde et qui ont des effets dévastateurs sur les plus démunis et les plus vulnérables. « Pour chaque point de pourcentage d’augmentation des prix alimentaires, 10 millions de personnes devraient basculer dans l’extrême pauvreté. Les riches ont les moyens d’acheter des denrées de base devenues subitement chères, mais ce n’est pas le cas des pauvres. La malnutrition devrait augmenter et ses effets seront plus difficiles à inverser chez les enfants. »

Les conseils de la Banque mondiale

Face à cela, David Malpass  a lancé des « axes d’intervention » face à la gravité du moment.

« Premièrement, il faut répartir efficacement les capitaux. Le problème des inégalités et de la forte concentration de la richesse dans les mains d’un petit segment de la population mondiale s’aggrave. Les pays avancés orientent des milliers de milliards de dollars de dettes et de capitaux vers des secteurs surcapitalisés, ce qui a un effet préjudiciable sur la croissance, les chaînes d’approvisionnement, l’emploi et les revenus médians. Il en résulte un creusement des inégalités dû à une mauvaise répartition des ressources qui prive les petites entreprises, les fonds de roulement et les actions de développement d’un volume énorme de capitaux mondiaux. J’invite les gouvernements et les banques centrales des pays développés à modifier les politiques budgétaires, monétaires et financières qui favorisent la concentration des richesses et des revenus de même que la mauvaise allocation des capitaux, tout en alimentant l’inflation. »

Deuxièmement, « La décentralisation de l’allocation des capitaux et l’adoption de politiques favorisant la stabilité monétaire sont des facteurs essentiels.”

Troisièmement, il faut maintenir l’ouverture des marchés. En plus d’accroître substantiellement une production énergétique diversifiée, les pays devraient assouplir les restrictions les plus sévères à leurs importations et exportations. C’est une mesure importante de nature à raccourcir la crise et raffermir la reprise.

Enfin, et ce n’est pas le moins important, il faut s’engager fermement en faveur de la sécurité et de la stabilité. Une paix durable nécessite des efforts constants pour renforcer les institutions, réduire les inégalités, relever les niveaux de vie et fournir des protections. À défaut, les crises sécuritaires entraînent une augmentation massive de la pauvreté et déciment la classe moyenne.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *