Le Nigeria interdit l’accès aux devises pour les importateurs de produits alimentaires

 Le Nigeria interdit l’accès aux devises pour les importateurs de produits alimentaires
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La Banque centrale du Nigeria (CBN) ne fournira plus de devises pour l’importation de produits alimentaires au Nigéria suite à la demande formulée par le président Muhammadu Buhari la semaine dernière à Daura dans l’Etat de Katsina, selon un tweet de son porte-parole Garba Shehu. Ce dernier précise en citant le président « les réserves de change seront conservées et utilisées strictement pour la diversification de l’économie et non pour encourager une plus grande dépendance à l’égard des factures d’importation de produits alimentaires étrangers » en terminant par “Ne donnez pas un cent à quiconque pour importer de la nourriture dans le pays » .

A la suite de cette décision, le président nigérian sur son compte twitter a souligné l’importance accordée à l’agriculture. « Au cours des quatre prochaines années, nous continuerons d’introduire et de mettre en œuvre des politiques qui soutiendront la culture et la consommation d’aliments produits localement. Le Nigéria en tirera profit en termes d’emplois, d’expansion de notre économie rurale, d’économies sur nos réserves de change, etc. » déclare-t-il. Dans un autre tweet, il ajoute « Nous avons également mis au point un programme de sécurité alimentaire qui fournit des capitaux aux grands transformateurs d’aliments pour leur permettre d’enlever les céréales produites par les petits exploitants. Tous ces objectifs, et plus encore, visaient à résoudre les problèmes de la chaîne de valeur auxquels est confrontée l’agriculture au Nigéria ». Il souligne également le rôle du Maroc dans un autre tweet « Nous mettons l’accent sur l’agriculture au prochain niveau. Lors de notre premier mandat, nous avons établi un partenariat avec le Maroc afin de relancer les usines de mélange d’engrais abandonnées à travers le pays, et avons également lancé le programme Anchor Borrowers ’, destiné à fournir un crédit bon marché aux petits agriculteurs ».

Si la décision de supprimer l’accès aux devises aux importateurs de produits alimentaires est motivée officiellement par « l’amélioration constante de la production agricole et permettre d’atteindre la sécurité alimentaire», elle semble aussi être une réponse à une économie encore chancelante et pour limiter la pression sur la monnaie nationale, le naira et préserver ses réserves de change. En effet, les importations de produits alimentaires représentent des sommes non négligeables. Selon le Bureau national des statistiques (BNS), elles se sont élevées à $640 millions au premier trimestre 2019, en hausse de près de 8% par rapport au quatrième trimestre 2018 et de 28% par rapport au 1er trimestre 2019. Les importations agricoles représentent un peu plus de 6% des importations totales du pays.

En 2015, la banque centrale avait interdit l’accès aux devises étrangères pour 41 articles – dont des aliments de base comme le riz ou la volaille- qui, selon la banque, pourraient être produits au Nigéria. En juillet, le gouverneur de la Banque centrale, Godwin Emefiele, a annoncé que la banque interdirait l’accès aux devises pour importer du lait.

De nombreux analystes se sont inquiétés de l’indépendance de la Banque centrale. Si certains ont salué cette décision pour stimuler la production locale, d’autres soulignent que fréquemment la production locale ne répond pas entièrement à la demande et que la contrebande pourrait être ainsi encouragée et les prix augmentés, le coût d’accès des devises auprès d’institutions financièred non gouvernementales étant plus élevé. Enfin, cette décision est contraire à l’accord zone de libre échange continentale africaine que le Nigeria a signé en juillet dernier (lire Le Nigeria entrera dans la zone de libre échange continentale (ZLEC)).

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