La Chronique matières premières agricoles au 18 octobre 2018

 La Chronique matières premières agricoles au 18 octobre 2018
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La hausse du real brésilien ces deux dernières semaines -depuis que  le candidat du Parti social-libéral (extrême-droite) Jair Bolsonaro, le chouchou des marchés financiers locaux, a obtenu  le 7 octobre 46% des voix au premier tour des présidentielle- impacte nombre de marchés de matières premières agricoles sur lesquels le Brésil est leader. En effet, un real fort réduit la compétitivité des produits brésiliens à l’exportation. Plus globalement, ce sont les hausses de taux aux Etats-Unis, le ralentissement en Chine, les difficiles négociations du Brexit et  les craintes concernant le budget italien qui continuent d’impacter les devises, tandis que les cours pétroliers reculent  après l’annonce mercredi d’une hausse plus forte que prévu des stocks américains de brut la semaine dernière.

CACAO

Le cacao a perdu cette semaine, clôturant hier à Londres à £ 1 581 la tonne contre  £ 1 596 vendredi dernier, et à $ 2 145 à New York parti de $ 2 160 en fin de semaine dernière. Ceci dit, le marché a clôturé hier soir avant que ne soient publiés les chiffres de broyages américains et asiatiques, qui sont bons et donc, naturellement, haussiers. Il faudra donc attendre la clôture de ce soir pour savoir si ces deux chiffres parviennent à compenser les très forts volumes d’arrivages en Côte d’ivoire en ce début de campagne.

Car c’est l’effervescence dans les ports ivoiriens ! Selon les exportateurs, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont atteint 103 000 tonnes (t) entre le 1er octobre, démarrage de la nouvelle campagne, et le 14 octobre. Ceci représente un bond de 54% par rapport à cette première quinzaine en 2017.  

L’impact sur les cours mondiaux de la fève de ces arrivages abondants n’a été que partiellement compensé par les chiffres positifs de broyages du troisième trimestre publiés un peu partout à travers le monde, avec une belle surprise en Amérique du Nord (lire nos informations). Toujours en tête en termes de volumes, l‘Europe a affiché une hausse de 2,7% de ses broyages par rapport à la même période en 2017, à 363 122 t, dont une progression de 2,4% pour la seule Allemagne, à 106 146 t. En Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada, Mexique), les broyages reviennent sur un terrain positif, en progression 2,53%, à 128 494 t, sa plus forte progression trimestrielle depuis 2014 ! Quant à l’Asie -Malaisie, Singapour, Indonésie-  la progression est de 5,9% par rapport au deuxième trimestre 2018, à 194 418 t, selon la Cocoa Association of Asia (CAA).

Dans les pays producteurs, la météo demeure clémente en Côte d’Ivoire en ce début de campagne, ce qui est de bon augure pour la campagne principale qui se déroule jusqu’en mars ; les conditions de cueillette et surtout de séchage s’améliorent. Les producteurs s’attendent à des volumes particulièrement élevés en novembre, avec d’importants volumes de belles cabosses. Ceci dit, notamment dans la région d’Abengourou, à l’est du pays, une région réputée pour ces fèves de qualité, la maladie de la pourriture noire est apparue.

Côté entreprises, le président du groupe américain Hershey a annoncé au Times of India investir $ 50 millions en publicité et communication sur le marché indien pour ses produits de confiseries , notamment pour ses chocolats Kisses. Le marché indien représente aujourd’hui 12% du chiffre d’affaires du géant américain, un marché sur lequel Hershey est en concurrence frontale avec Mondelez dont sa filiale Cadbury détient 66% du marché. Rappelons que le marché indien du chocolat a affiché une croissance négative en 2015 mais s’est bien ressaisi depuis avec un taux de croissance à deux chiffres l’année dernière.

CAFÉ

Jusqu’à maintenant, le mois d’octobre sourit au café ! Le Robusta a déjà grimpé de 15% depuis le 1er octobre et a touché hier, sur le marché à Londres, son plus haut en cinq mois, à $ 1 792 la tonne, redescendant un peu pour clôturer à $ 1 792 la tonne, soit $ 67 de plus que sa clôture vendredi dernier. L’Arabica est en aussi bonne forme : parti de $ 1,1470 la livre (lb) en fin de semaine dernière, il a franchi les $ 1,20 pour terminer hier à $ 1,2205 à New York.

Une hausse des cours mondiaux qui s’est ressentie sur les marchés asiatiques du Robusta cette semaine. Au Vietnam, les producteurs ont vendu leurs grains à 38 000-38 500 dongs le kilo ($ 1,63-1,65), un prix qu’ils n’avaient plus connu depuis novembre 2017, selon Refinitiv Eikon. Evidemment, mécaniquement, à l’export, la décote par rapport à la cotation de Londres a été plus importante, de l’ordre de $ 60-80 la tonne contre $ 50-60 la semaine dernière pour du Grade 2, 5% brisures et grains noirs. A noter que la météo s’est améliorée dans les zones caféières vietnamiennes, les semaines de pluie ayant cédé la place au soleil.

En Indonésie, la prime pour du Grade 4, 80 défauts, s’est contractée à $ 0-20 par rapport à l’échéance janvier à Londres, contre $ 25-30 la semaine dernière.

Côté tendances, McDonald continue de tester de nouveaux cafés froids dans 74 de ses restaurants McCafé en Californie.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont à nouveau glissé cette semaine, en dépit de trois séances  de hausse,  pour clôturer jeudi à 165,8 yens le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) et à 11 990 yuans la tonne à Shanghai. Le caoutchouc a été tiré vers le bas avec l’ensemble des matières premières et en particulier la chute du pétrole. En outre, les ventes de voitures sont en diminution par rapport à l’année dernière soulignant une demande faible qui affecte le caoutchouc.

Les fondamentaux du marché sont faibles tant du côté de la demande que des stocks. « ll est peu probable que les fondamentaux du caoutchouc s’améliorent au quatrième trimestre. La demande est très mauvaise. Et il faudra beaucoup de temps pour digérer les stocks élevés », a déclaré Cao Lu, analyste senior chez Orient Futures.

« Les prix physiques du caoutchouc restent bas en dépit d’un marché avec des fondamentaux  favorables. Les stocks élevés dans le Shanghai Rubber Exchange et dans les entrepôts de la zone de libre-échange de Qingdao, ainsi que d’autres facteurs externes ont conduit à alimenter des sentiments négatifs sur le marché du caoutchouc naturel », indique l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANPRPC). Selon, les chiffres publiés par l’Association, la consommation mondiale a progressé de 6,6%  sur la période de janvier à septembre 2018 par rapport à la même période en 2017 pour atteindre 10,653 millions de tonnes (Mt). Tandis que la production mondiale a enregistré une croissance plus lente sur la même période, de 1,5%,  à 9,779 Mt.

En Inde, la forte dépréciation de la roupie exercera une pression sur les coûts des intrants et réduira les marges des entreprises de pneumatiques, déjà touchées par la rupture d’approvisionnement en caoutchouc naturel causée par les inondations au Kerala, estime Parag Satpute,  directeur général de  Bridgestone en Inde. « Nous couvrons la devise, nous gérons donc la dépréciation de la devise, mais à l’avenir, nos marges seront réduites et cela vaut pour l’ensemble du secteur » a-t-il déclaré.Les inondations du mois d’août au Kerala, qui ont perturbé l’approvisionnement local en caoutchouc naturel, ont également poussé les fabricants de pneus à importer la matière première.

En Côte d’Ivoire, la Société des caoutchoucs de Grand-Béréby (SoGB)  a déclaré un “lock out” de ses plantations, effectif depuis le 4 octobre (cf. nos informations).

COTON

Le complexe des matières premières, et en particulier agricoles,  a pesé sur le marché du coton cette semaine alors que les cours avaient clôturé vendredi dernier à 78, 37 cents la livre marquant un bond hebdomadaire  de 3%, suite aux bons chiffres des ventes export des Etats-Unis et des dégâts provoqués sur les cultures par l’ouragan Michael. L’élan ne s’est pas confirmé les cours clôturant jeudi  78, 05 cents la livre et les ventes américaines sont très en retrait.

Le rapport hebdomadaire du département américain de l’Agriculture (USDA) sur les récoltes publié lundi a montré une détérioration de la récolte de coton, due en grande partie  aux dégâts causés par l’ouragan Michael. Ainsi  35% de la récolte de coton était en bon état, contre 42% il y a une semaine.

En Turquie, la récolte de coton pour la campagne 2018/19 est estimée à  920 000 tonnes sur une superficie de 560 000 hectares. « Bien que les semis aient été plus élevés que ceux estimés en début de saison, les dégâts causés par les ravageurs ont eu des conséquences néfastes dans toutes les régions. Les pluies excessives, le temps froid et la fumigation intempestive ont stimulé les attaques de ravageurs, ce qui a nui aux rendements » précise le département américain de l’Agriculture (USDA). Avec le ralentissement de l’économie, la consommation intérieure de coton en 2018/19 est attendue en baisse à environ 1,45 million de tonnes (Mt), contre 1,62 MT la campagne précédente. Les importations de coton devraient également chuter à 650 000 tonnes contre 876 000 tonnes en 2017/18.

En Afrique, l’USDA estime que les superficies ensemencées par le Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et le Tchad s’élèveront à 1,71 million d’hectares en 2018/19, soit 0,9% de plus qu’en 2017/18, hausse surtout consécutive au Mali. La production de ces quatre pays devrait croître de 11,4% pour atteindre 3 millions de balles suite à des prévisions de prix solides, de bonnes conditions météorologiques et d’une meilleure lutte contre les ravageurs. Les exportations devraient progresser de 10% à 3 millions de balles.

En Afrique de l’Ouest, les exportations de coton vont atteindre un record de près d’un million de tonnes en 2018/19 (cf. nos informations ).

Au Bénin, le coton devrait fortement contribuer à la croissance économique en 2019 (cf. nos informations).

Le Ghana devrait à partir du 14 novembre introduire des timbres fiscaux sur les produits textiles (cf. nos informations).

Côté entreprise, un coton biologique 100% scientifiquement traçable a été mis au point fruit de la coopération entre les entreprises Albini Group, Oritain, Supima (cf. nos informations ).

HUILE DE PALME

Reprise sur le marché de l’huile de palme passablement affaiblit. Vendredi dernier les cours clôturaient en hausse portés par le rapport  WASDE du département américain (USDA) plutôt favorable aux marchés du soja et de l’huile de palme avec un abaissement de ses prévisions sur la production de maïs et de soja. Même, si les cours ont clôturé en baisse de 1% jeudi à 2 239 ringgits ($538,87) la tonne sur Bursa Malaysia Derivatives Exchange, ils se sont appréciés sur la semaine sous revue, les cours clôturant à 2 193 ringgits la tonne vendredi dernier. L’huile de palme a été soutenue par la fermeté du marché de Chicago sur huile de soja.

Toutefois, les chiffres publiés sur les 15 premiers jours d’octobre sur le volume des exportations d’huile de palme de la Malaisie invitent à la prudence. Les ventes chuteraient de 29% selon SGS, de 27,5% pour AmSpec Agri Malaysia et 32,8% pour ITS.

En Malaisie, la production de biodiesel devrait atteindre des niveaux record cette année et l’année prochaine. Les exportations de biodiesel en 2018 devraient doubler avec la hausse des prix du pétrole qui renforce l’attrait des biocarburants, a indiqué à Reuters U.R. Unnithan, président de l’Association malaisienne du biodiésel. « Je pense que la production malaisienne de biodiesel  pourrait atteindre 900 000 tonnes et les exportations 475 000  tonnes si le différentiel de prix actuel entre l’huile de palme brute et le gasoil subsiste » a-t-il indiqué. La Malaisie a produit 720 410 tonnes de biodiesel en 2017 et en a exporté 235 291 tonnes.

Le pays a annoncé en juillet qu’il porterait son mandat de biodiesel l’année prochaine à 10%, contre 7% actuellement. Si le gouvernement respecte ce plan et que les prix du pétrole  se maintiennent la Malaisie pourrait produire jusqu’à 1,2 million de tonnes de biodiesel en 2019, a estimé U.R. Unnithan.

L’Indonésie devrait conclure les négociations commerciales avec l’Association européenne de libre-échange (AELE), une alliance entre l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse, d’ici à la fin de l’année et donc finaliser les termes d’un accord de partenariat économique global (CEPA). Les négociations, qui durent depuis 13 ans, pourraient s’achever par un accord lors d’une conférence de l’AELE à Genève en novembre.

En Inde, les importations d’huile de palme ont chuté de 1,4% à 918 675 tonnes en septembre par rapport à l’année précédente, du fait de la hausse des droits de douane et de la dépréciation de la roupie qui ont rendu les importations plus chères, selon l’Association indienne des extracteurs de solvant (SEA). Les importations d’huile de soja ont diminué de 4,4% pour s’établir à 341 402 tonnes en septembre, tandis que celles  d’huile de tournesol ont chuté de près d’un quart pour s’établir à 149 930 tonnes. Plus grand importateur mondial d’huiles alimentaires, l’Inde a réduit ses importations totales d’huile végétale de 2% à 1,42 million de tonnes  (Mt) en septembre. Au cours des onze premiers mois de la campagne de commercialisation 2017/18 se terminant en octobre, l’Inde a importé 7,95 millions de tonnes (Mt) d’huile de palme, soit 7% de moins que l’année précédente, a annoncé la SEA.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Inde sont restés inchangés cette semaine, après avoir baissé pendant trois semaines consécutives, l’activité ayant été ralentie avant la nouvelle récolte, tandis que la baisse de la production due aux inondations a fait monter les prix au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont restés inchangés par rapport à la semaine dernière, se situant à $365 -$370  la tonne avec une demande faible tandis que les commerçants attendent les nouvelles récoltes avant de signer des accords. A partir du mois de novembre, le riz sera disponible pour l’exportation. La production de riz de saison estivale devrait augmenter de 1,8% à 99,24 millions de tonnes (Mt), selon les données gouvernementales publiées le mois dernier.

Les exportations de riz de l’Inde entre avril et août ont chuté de 4,3% par rapport à l’année précédente, pour s’établir à 5,03 Mt, le principal acheteur le Bangladesh ayant réduit ses achats en raison d’une récolte locale exceptionnelle.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont grimpé à $405-$410 la tonne, contre $400-$405 la semaine dernière. « Je pense que les prix vont augmenter à mesure que les approvisionnements diminuent », a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville, ajoutant que la mini-récolte automne-hiver s’achèverait avec une production inférieure à la même récolte l’an dernier en raison des inondations.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont aussi en hausse à $405-$407 la  tonne contre $398-$400 la semaine dernière. Les négociants ont attribué la hausse des prix au renforcement du baht, affirmant qu’il n’y avait pas de nouvelle demande de riz thaïlandais à l’étranger.

Aux Philippines, l’Autorité alimentaire nationale (NFA) va lancer un nouvel appel d’offres pour  l’importation de riz après avoir accepté des offres sur seulement 47 000 tonnes lors de l’appel d’offres de jeudi, bien en deçà d’un achat prévu de 250 000 tonnes, en raison des prix élevés. Le 9 octobre, le président Rodrigo Duterte a supprimé les restrictions à l’importation de riz imposées depuis 20 ans afin de réduire la flambée des prix  des denrées alimentaires, dont le riz. La plupart des offres des 13 fournisseurs internationaux ont dépassé le budget approuvé par la NFA de $428,18 la  tonne, a déclaré Judy Carol Dansal, le responsable du comité des appels d’offres de la NFA.

SUCRE

Le sucre roux est résolument à la hausse, ayant gagné 0,87 cents la livre (lb) entre vendredi dernier et hier soir sur le marché à terme de New York, clôturant à 13,87 cents, tandis que le sucre blanc, à Londres, passait de $ 363,5 à $ 378,60 la tonne.

Que se passe-t-il ? On constate des prises de positions courtes, conjuguées à une relative absence de producteurs à la vente alors que les acheteurs sont bien au rendez-vous et ce, avec pour toile de fonds, une prolifération de vers blancs dans les champs de canne du Maharashtra, le deuxième plus important Etat de production de sucre d’Inde, ainsi que dans le Karnataka voisin.

Les autorités indiennes n’en demandaient pas tant pour résorber leur dilemme sucrier. Rappelons que le deuxième producteur mondial fait face à une récolte passée record et une autre qui s’annonce cette campagne. Les stocks de sucre ont doublé, à 10 Mt. Ceci l’a obligé à soutenir les prix aux producteurs tout en subventionnant les raffineurs à l’export (lire nos dernières chroniques), provoquant une chute des cours mondiaux du sucre qui sont tombés le 27 septembre dernier à leur plus bas niveaux en 10 ans. Et voici que des vers grignotent la canne… une catastrophe pour les producteurs indiens mais peut-être la réponse à la crise de marché. Selon des estimations, cela pourrait réduire de 9% les prévisions de production sur 2018/19. Outre les vers, la mousson, de juin à septembre, a été faible, avec 23% en moins de pluies par rapport à la moyenne.

A tout ceci s’ajoutent des prévisions de production au Brésil et dans l’Union européenne en baisse.

Enfin, la Chine, par la voix de son ministre du Commerce, a déclaré mercredi être en conformité aux règles internationales. Rappelons que le Brésil a ouvert une procédure de consultation auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) après que Pékin ait mis en place des mesures de sauvegarde après une envolée de ses importations.

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