Le marché mondial du cacao face à un excédent structurel

 Le marché mondial du cacao face à un excédent structurel
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Le secteur mondial du cacao pourrait être confronté à un excédent structurel qui risque de faire baisser les prix mondiaux et de porter un coup aux revenus des pays producteurs et des agriculteurs au cours des prochaines années.

« Notre crainte est que le secteur mondial du cacao ait entamé une période d'excédent structurel qui devrait durer encore un certain temps », a déclaré Jean-Marc Anga, directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (ICCO), lors d'une interview accordée à Reuters.

Après une hausse soutenue depuis plusieurs années, les contrats à terme sur le cacao ont chuté depuis septembre, le cacao côté à New York étant tombé à son niveau le plus bas en près d'une décennie au début du mois. En cause, des récoltes exceptionnelles partout dans le monde. En effet, la production mondiale devrait augmenter de près de 15% en 2016/17, selon l'ICCO. La demande ne parvient pas à suivre le rythme, entraînant un excédent mondial de 264 000 tonnes.

Pourtant, il y a seulement encore quelques mois, la hausse de la consommation mondiale de chocolat, tirée notamment par les émergents, ainsi que le vieillissement des agriculteurs et des plantations dans les pays les plus productifs d'Afrique de l'Ouest, alimentaient les conversations sur une éventuelle pénurie de cacao et de chocolat. «Je voudrais voir la personne devant moi m’affirmant que la théorie se maintient. Notre opinion au cours des cinq à dix dernières années n'a jamais été celle d'un déficit structurel », a affrimé Jean-Marc Anga.

La situation est préoccupante pour les revenus des pays producteurs, en premier lieu ceux de la Côte d’Ivoire, particulièrement affectée par la chute des cours. Une vague de défauts de contrats d'exportation ainsi qu'une production plus élevée que prévu ont provoqué une accumulation de fèves dans les ports et dans les entrepôts et créé une certaine tension sociale.

Concertation sur une politique commune pour inverser la baisse des prix

En marge de l’inauguration le 25 avril du siège de l’ICCO, transféré de Londres où elle était installée depuis 1973 à Abidjan, se déroulera une réunion des cinquante pays consommateurs et producteurs membres de l’ICCO pour tenter d’enrayer la chute des cours.

L'Accord international sur le cacao, le document fondateur de l'organisme, contient une disposition qui permet aux pays producteurs de discuter et de coordonner leurs politiques de production, et Jean-Pierre Anga a indiqué qu'il s'attendait à ce qu'ils en profitent. «Je ne vois pas vraiment la logique de continuer à augmenter la production quand nous voyons les effets que cela a sur les pays. Je pense qu'ils sont tous conscients de la nécessité d'avoir une approche plus rationnelle de leurs politiques de production» a déclaré le directeur de l’organisation internationale.

Seront aussi discutés les moyens d’accroître la consommation dans les pays émergents, les marchés traditionnels en Europe et en Amérique latine étant au bord de la saturation. Jean-Marc Anga a également indiqué que serait abordée la question de l’adhésion de la Chine et de l’Inde à l’ICCO.

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