Un Brexit “dur” rendra-t-il la vie difficile à l’industrie du cacao ? Analyse d’Edward George d’Ecobank

 Un Brexit “dur” rendra-t-il la vie difficile à l’industrie du cacao ? Analyse d’Edward George d’Ecobank
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A priori, peu de produits agricoles tropicaux devraient être affectés directement par le Brexit, à l’exception notable du cacao. Car, non seulement lIntercontinental Exchange (ICE) Futures à Londres demeure la place boursière de référence en matière de fèves mais, en outre, il s’agit de la rare matière première agricole qui se négocie encore en livre sterling sur cette place.

Alors, quelles incidences techniques et financières aura le Brexit sur les transactions de contrats cacao à la Bourse de Londres ? George Edward, directeur recherche du groupe Ecobank et directeur du bureau au Royaume uni, répond à CommodAfrica tout en soulignant que les consequences du Brexit demeurent encore largement inconnues, notamment s’agissant des matières premières.

 

Londres est le plus important marché à terme pour les fèves de cacao, surtout pour l’industrie européenne du chocolat, et les contrats cacao sont parmi les derniers à être cotés en livre sterling. Un “Brexit dur” rendrait-elle la vie difficile à l’industrie du cacao et aux acteurs sur le marché à terme ?

Quelque soit l’accord auquel parviendront le Royaume Uni et l’Union européenne (UE), cela va ajouter de la complexité au marché du cacao étant donné que son financement, sa logistique et sa consommation sont entremêlés en Europe. Si le Brexit devait entrainer un effondrement du PIB britannique, ceci perturberait le trading de contrats libellés en sterling et pourrait accélérer les efforts pour passer à des contrats libellées en dollar américain ou en euro.

Est-ce important que les contrats cacao soient libellés en livre sterling ?

La dénomination en sterling des contrats cacao est une bizarrerie historique qui reflète sa prédominance lorsque les contrats ont été lancés en 1928. Malgré la baisse de l’importance de la livre aujourd’hui, ces contrats ont continué à être échangés, et les différentes tentatives pour les remplacer par des contrats libellés en euros ont échoué. Ceci reflète la longue histoire de confiance portée à ces contrats en livre sterling ; ils sont compris du marché et il fournissent aux traders/acheteurs un outil par lequel ils peuvent gérer leur stratégie.

Le fait que peu d’acheteurs veulent détenir des livres sterling n’est pas un problème : Londres a un des plus dynamiques et liquides marchés des changes au monde et, par conséquent, convertir des sterlings en dollar ou en euro n’est pas uen difficulté. Ceci dit, à long terme, on peut s’attendre à ce que les contrats en sterling disparaissent, à moins que le Royaume Uni ne développe considérablement ses activités de transformation de fèves de cacao.

 

L’ICE à Londres a des entrepôts certifiés de cacao au Royaume Uni. Comment un Brexit -dur ou non- impacterait l’industrie européenne du cacao lorsqu’elle achète des stocks certifiés, “filiérisés”, de cacao ?

Le Brexit soulèvera toute une série de questions concernant la juridiction et l’applicabilité des contrats, mais aussi la capacité du cacao à être transporté sans restrictions entre les marchés du Royaume Uni et de l’UE. Jusqu’à ce qu’on voit un peu plus clair dans l’accord final du Brexit, il est impossible de mesurer l’impact que cela aura sur les stocks certifiés de cacao au Royaume uni.

Plus généralement, Londres étant également un marché à terme pour le café Robusta, un autre produit agricole d’intérêt pour l’Afrique de l’ouest, quel serait l’impact d’un Brexit dur sur les opérations bancaires, de trading, etc. liés à la bourse ?

Le Brexit présente autant d’opportunités que de risques. Bien qu’il existe un énorme risque d’instabilité financière (et un effondrement potentiel) dans le cas d’un accord bâclé ou de l’absence d’un accord, il existe aussi la possibilité qu’une solution pragmatique émerge au cours des prochaines années. Ceci placerait le Royaume Uni comme un hub financier offshore innovant, soutenu par des régulateurs britanniques, et cela pourrait en faire une plateforme idéale pour développer des marchés à terme de matières premières agricoles.

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