Sommet Union Européenne – Union Africaine, quid de l’agriculture ?

 Sommet Union Européenne – Union Africaine, quid de l’agriculture ?
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Le Sommet Union Européenne – Union Africaine s’est déroulé à Bruxelles les 17 et 18 février, réunissant 80 chefs d’Etat et de gouvernement, dont la moitié venant d’Afrique,  pour bâtir un partenariat privilégié et rénové.

Le sommet a été dominé par la santé avec l’accès au vaccin pour le continent, où seul environ 10%  de la population est aujourd’hui vaccinée, la mobilisation de financements en faveur de la reprise économique post-Covid et les questions sécuritaires, en particulier en Afrique de l’Ouest où le départ de la force Barkane du Mali a été actée la veille du sommet. Peu a filtré sur l’agriculture, sujet pourtant d’une des six tables rondes du Sommet mais dont les échanges se sont tenus à huit clos.

Dans la déclaration commune à l’issue du sommet est mentionnée « nous reconnaissons l’importance de la sécurité alimentaire et de la nutrition et notons avec satisfaction que l’UA en a fait le thème de l’année 2022 ».

Lors de la conférence de presse, le président français Macron a toutefois indiqué « On doit accompagner l’Afrique sur son modèle agricole » et mentionné à ce titre l’initiative, prise lors du Sommet, de favoriser le développement de la culture de protéines végétales en Afrique tant pour l’alimentation humaine qu’animale.  Les contours sont encore flous mais elle se prendra la forme d’une plate-forme régionale, en cour de construction, pour soutenir les bénéficiaires, en particulier le secteur privé. « Cette initiative s’appuiera sur un plan d’action collectif pour le développement de la culture protéagineuse ouvert à tous les pays d’Afrique et mené en coopération avec les partenaires financiers internationaux et les organisations régionales africaines» indique-t-on.  Parmi les institutions figurent le FIDA, le CNULD, la Banque mondiale, la BAD, la CEDEAO, l’UMOA ou encore l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte. L’initiative devrait bénéficier, en particulier aux pays membres de la Grande muraille verte, relancée en janvier 2021 (Lire : L’initiative africaine de la Grande muraille verte relancée avec $14,2 milliards), le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Tchad ayant déjà marqué leur intérêt.

Peu présente, l’agriculture devrait indirectement bénéficier des financements de la relance post-Covid avec la réallocation d’une partie des Droits de tirages spéciaux (DTS) du FMI des pays riches aux pays Africains, encore faibles à ce jour,  et du vaste plan d’investissement  de l’Europe d’un montant de €150 milliards sur les prochaines années. Infrastructures, transports, numérique, transition écologique sont autant de secteurs qui bénéficieront de ces futurs investissements.

Si ce sixième sommet a été innovant, « par son processus préparatoire, consultatif » pour le président de la conférence de l’UA et du Sénégal, Macky Sall, où « parce que c’est le seul ou nous avons discuté autrement et franchement » selon Moussa Faki, président de la Commission de l’UA, la réalisation des intentions et promesses se poseront. « Nous avons la conviction que dans le passé, il est arrivé, que les intentions  soient fortes, soient généreuses parfois même extrêmement ambitieuses, mais que les résultats n‘étaient pas toujours à la hauteur de nos ambitions », soulignait Charles Michel président d Conseil européen. Pour y pallier, un mécanisme de suivi sera mis en place.

Les Européens donneurs de leçons en matière d’environnement    

Le cacao s’est invité dans ce sommet via la voix du président ivoirien Alassane Ouattara.  Dans une interview accordée à France 24 et RFI, il a fustigé les députés européens et la proposition de loi de la Commission pour lutter contre la déforestation importée, dont le cacao figure en bonne place (Lire : Huile de palme, bois, cacao, café, soja, viande de bœuf : l’UE renforce son contrôle sur la déforestation).   « Ce n’est pas dans l’intérêt de l’UE… Si les Européens ne veulent pas acheter notre cacao, d’autres l’achètera. ”. Ajoutant, plutôt que de faire des “menaces  travaillons ensemble à ce que la production de cacao soit durable”, a proposé le président Ouattara.

Une vison partagée avec son homologue ghanéen Nana Addo Dankwa Akufo-Addo,  Ils ont réaffirmé, lors de leur rencontre avec la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola leur volonté de voir la Côte d’Ivoire et le Ghana demeurer des partenaires privilégiés de l’Union Européenne et que la production cacaoyère durable prenne en compte les spécificités locales de leurs pays ainsi que l’amélioration des conditions de vie des producteurs. L’UE devrait engager un vaste plan allant jusqu’à un milliard d’euros sur les six prochaines années pour s’adapter à la future nouvelle législation européenne en rendant le cacao durable (Lire : L’UE envisage € 1 milliard pour un cacao durable en Côte d’Ivoire, conforme à ses prochaines règles).

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