En Côte d’Ivoire, 15 à 20% du temps d’antenne des radios de proximité traite de l’agriculture

 En Côte d’Ivoire, 15 à 20% du temps d’antenne des radios de proximité traite de l’agriculture
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En Côte d'Ivoire, 15 à 20% du temps d'antenne des radios de proximité est consacré à l'agriculture. Dans une interview à CommodAfrica en marge du séminaire CommodAfrica-ISTC de 'sensibilisation des étudiants journalistes aux questions agricoles' qui s'est déroulé la semaine dernière à Abidjan, Karamoko Bamba, président exécutif de l'Union des radios de proximité de Côte d'Ivoire (URPCI) et président de l'Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (Amarc) Afrique, explique la logique de fonctionnement de ces radios.

Selon vous, les radios locales sont-elles destinées essentiellement à bien informer le monde rural et donc  les agriculteurs, ou plutôt à faire remonter l'information de terrain ?

La mission des radios rurales privées est de contribuer de façon significative au développement local et dans ce cadre, des espaces sont, bien évidemment, prévues pour l'agriculture. A ce niveau, nous avons deux façons de travailler. Premièrement, nous concevons des programmes à l'attention des agriculteurs avec pour invités sur nos antennes des personnes ressource, de terrain, des ONG, des organisations d'encadrement de terrain, des agriculteurs, etc.  

D'autre part, nous nous rendons sur le terrain pour collecter des informations auprès des agriculteurs. Nous faisons ainsi remonter ces informations à travers nos antennes, à tous les décideurs. Car tout le monde écoute la radio ; les agriculteurs mais aussi ceux qui encadrent, les  décideurs, etc. A travers nos antennes, les gens savent ce qui se passe, connaissent les préoccupations des agriculteurs.

Nos radios sont aussi un espace de

communication où les gens viennent s'exprimer, dire ce qu'ils pensent mais de façon encadrée. Quand je dis de façon encadrée, c'est en tenant compte de nos cahiers des charges. Car il ne faut pas oublier que nos radios rurales ne font pas de politique politicienne ; elles font de la politique de développement.

Ce sont des radios privées ?

Ce sont des radios privées non-commerciales. Privées, car elles sont créées par des ONG ou par des collectivités mais comme démembrement de l'Etat. Non-commerciales, car elles n'ont pas cette vocation : nous sommes des radios communautaires au service de la communauté.

A quels défis êtes-vous confrontés dans le traitement de sujets agricoles ?

Le premier défi est la formation des journalistes, notamment les journalistes qui vont sur le terrain pour collecter de l'information. Car avant de traiter une thématique, il faut la connaître.

Le second défi est de faire en sorte que tous les agriculteurs aient l'information. Nos radios locales ont une portée conventionnellement connue mais il faut du matériel pour que le paysan ait un confort d'écoute, pour qu'il ait l'information.

Le troisième défi est que ceux qui travaillent dans les radios fassent toujours bien leur travail. C'est un engagement. Parfois ils travaillent sur la base du volontariat et ce sont des personnes de la communauté, des agriculteurs, des éleveurs. C'est un des gros défis.

Nous sommes là où nous devons être, c'est-à-dire dans la communauté. Et nous partageons au quotidien la vie des communautés. En outre, nous parlons aux populations dans leurs langues. Nous sommes dans une civilisation de réalité,  donc les gens aiment bien qu'on leur parle, il aiment s'écouter, ils aiment écouter. Ces radios sont un vecteur pour mieux sensibiliser et éduquer les populations.

Combien existe-t-il de radios locales en Côte d'Ivoire ?

Aujourd'hui, en Côte d'Ivoire, nous avons plus de 150 radios privées non commerciales. Nous avons eu nos premières fréquences en 1998 et les premières radios privées ont été créées en 1999. Chaque jour, la Haute autorité de la communication de l'audiovisuel, qui est l'organe de régulation, octroie des fréquences en fonction des demandes.

Existe-t-il des radios locales spécialisées dans l'agriculture ?

Non, il n'y a que des radios généralistes. Mais dans les régions agricoles, les radios traitent davantage d'agriculture. Se spécialiser impliquerait que la plus grande partie des programmes soit consacrée à cette thématique. Or, les radios rencontrent des problèmes de financement et ne peuvent guère consacrer la plus grande partie de leur programme à une thématique précise .

Comment fonctionnez-vous au plan régional, en Afrique de l'Ouest?

Dans chaque pays de la sous-région, il y a une organisation faitière comme l'Union des radios de proximité de Côte d'Ivoire existe en Côte d'Ivoire. Au Mali, vous avez l'Union des radios et télévisions libres (Urtel), au Burkina le Réseau des radios rurales locales (ReR-BF) , au Sénégal vous avez l'Union des radios associatives et communautaires (Urac), ainsi de suite.

Au niveau africain, nous sommes en fédération. Nous traitons certaines problématiques sous-régionales, comme l'agriculture, mais aussi de thèmes comme le terrorisme. Nous obtenons des financements sur des projets pour la sous-région. Donc, lorsqu'il s'agit d'agriculture -qui est une question transversale qui intéresse tous les pays- selon le projet, on fait une répartition sur l'ensemble des pays car nous avons des représentants dans chacun de ces pays.

Quelle est votre principale source de financements ?

Nous sommes financés sur des projets suite à des appels d'offres lancés par l'UE et par des organisations internationales. Actuellement, par exemple, avec l'UE, nous avons un projet en partenariat avec RFI-CFI pour la radio et la cohésion sociale en Côte d'Ivoire. Nous travaillons aussi avec l'Unicef sur 72 radios dans le cadre d'un projet sur 11 mois.

En Côte d'Ivoire, dans le cadre agricole, nous avons actuellement un projet sur 30 radios avec le Conseil du café-cacao CCC pour lequel nous faisons des communications toute l'année. Parallèlement, il y a les communications locales, gouvernementales, des ONG, etc.

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