La Chronique Matières du Jeudi (20/04/2017)

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Le Royaume Uni et le dossier du Brexit n'ont pas fini d'impacter les marchés des devises et, par voie de conséquence, les marchés des matières premières. La décision du Premier ministre britannique de procéder à des élections législatives dès le mois de juin afin d'avoir un mandat clair avant d'entamer les négociations avec l'Union européenne (UE) a reçu un écho favorable des marchés financiers renforçant la livre. Plus précisément, rappelons que le cacao est une des rares matières premières au monde a être coté en livre sterling.

CACAO

Le cacao a terminé hier soir à son plus bas en neuf ans et demi sur le marché à terme de New York, retrouvant, sur celui de Londres, son niveau de décembre 2013. Les ordres de vente automatiques ont fait chuter la fève sur un marché déjà survendu techniquement. A cela s'est ajoutée la fermeté de la livre ce qui a renchérit le cacao à Londres.

Ainsi, à New York, l'échéance juillet a clôturé à $ 1 873 la tonne, après avoir touché un plus bas de $ 1 826 durant la session ; entre mardi et mercredi soir, la tonne a perdu $ 43. Elle était à $ 1 915 il y a une semaine. A Londres, juillet a aussi terminé à £ 1 471 la tonne après avoir cotée £ 1 464 ; elle était à £ 1 544 jeudi dernier, le marché étant fermé vendredi dernier.

Les raisons ? Un mix de ventes techniques et d'origines dans un contexte d'offre globalement abondante à venir. Le marché a également été en attente, cette semaine, des chiffres de broyages aux Etats-Unis, les observateurs ne s'attendant pas à des miracles, estimant une hausse de zéro à 3% des broyages sur le premier trimestre par rapport à celui en 2016.

Côté producteurs, on est reparti pour un tour sur le segment météo. De fortes pluies s'abattent sur les zones de production en Côte d'Ivoire, faisant tomber les cabosses et craindre les maladies, affectant la récolte intermédiaire qui se déroule actuellement et durera jusqu'à la fin de la campagne 2016/17, fin septembre. Rappelons que, hormis la pluie, les planteurs subissent également la chute de 36% du prix garanti pour cette période de campagne qui s'est ouverte le 1er avril, à FCFA 700 le kilo contre FCFA 1100 pour la campagne principale, en raison de la chute des cours internationaux (lire nos informations). 

Toujours en Côte d'Ivoire, les arrivages aux ports d'Abidjan et de San Pedro ont atteint 1 427 000 au 16 avril et ce depuis le 1er octobre, estiment les exportateurs. Si confirmé, ceci serait en forte hausse par rapport aux 1 234 000 t sur la même période la campagne dernière.

Au Ghana, la situation demeure délicate, le Cocobod ayant sollicité la Banque centrale pour financer les achats sur le reste de la campagne qui courre jusqu'au 1er octobre prochain, plus rien ne restant du $ 1,8 milliard levé auprès des banques internationales (lire nos informations).

CAFÉ

L'Arabica a pris tout le monde par surprise hier soir dans les dernières heures de marché à New York, tombant à $ 1,4065 la livre (lb) après avoir atteint en cours de séance un plus haut en quatre séances, à $ 1,464 dans un marché très actif. Il cotait $ 1,4125 jeudi dernier.

Le Robusta a perdu $ 16 en cours de séance, à $ 2 174 la tonne mais en hausse sur jeudi dernier, Londres ayant alors clôturé à $ 2 145.

Aux Etats-Unis au mois de mars, les stocks de café vert ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2001, selon les chiffres du Green Coffee Association publiés lundi, alors que la perspective d'un nouveau déficit mondial se renforce. Ainsi, dans une note publiée jeudi dernier, l'importateur Wolthers Douque a souligné avoir constaté dans les zones de production au Brésil des arbres peu chargés en grains ainsi qu'un état déjà avancé de la récolte. Il estime la prochaine récolte brésilienne à 48-49 millions de sacs (Ms) de 60 kg, mettant le marché mondial dans une situation délicate.

Au Kenya, la fourchette de prix du Grade AA s'est considérablement élargie aux ventes aux enchères du Nairobi Coffee Exchange, trouvant preneur entre $ 50 et $ 361 le sac de 50 kg contre $ 118-339 la semaine précédente. Quant au Grade AB, il s'est vendu entre $ 55 et $ 336 contre $ 57-285.

En Asie, les prix du Robusta au Vietnam ont baissé, face à une faible demande, avec une décote de $ 25 à $ 35 par rapport à Londres contre -$20-30 la semaine dernière. Même tendance baissière en Indonésie face, là, à une offre surabondante : le Grade 4 défauts 80 a subi une décote de $ 40 à $ 60 par rapport à Londres sur l'échéance juillet, alors qu'elle n'était que de $ 35 à $ 50 la semaine précédente. "La semaine dernière, environ 100 camions sont arrivés aux entrepôts. Lundi, il y en avait 400", constate un trader interrogé par Reuters.

CAOUTCHOUC

Assisterait-on à un retournement sur le marché du caoutchouc ? Les cours du caoutchouc ont en effet touché mercredi un plus bas de 5 mois dans une quatrième séance de baisse, glissant en dessous du niveau de 200 yens le kilo, frappés par la forte baisse des contrats à terme de Shanghai et une appréciation du yen face au dollar. « Le marché est soumis à des pressions en raison de l'affaiblissement des prix de Shanghai ainsi que des préoccupations concernant une surabondance de l’'approvisionnement alors que les vacances de Songkran en Thaïlande sont terminées et que la production devrait prochainement augmenter », a déclaré Hiroyuki Kikukawa, directeur général de recherche chez Nissan Securities. Avec la fin de l’hivernage en Thaïlande (février-mai), la production de latex devrait rebondir. Le contrat de caoutchouc de Tokyo Commodity Exchange (Tocom) pour une livraison en septembre a chuté de 9,9 yens pour clôturer mercredi à 203,0 yens ($1,86 ) le kilo, après avoir touché son plus bas depuis le 15 novembre. Sur le marché de Shanghai, il a perdu 395 yuans à 14 385 yuans ($2 089) la tonne. « Maintenant que le TOCOM a glissé au-dessous de 200 yens, il peut descendre à 150 yens, le niveau où le rallye de l'année dernière a commencé », a estimé Hiroyuki Kikukawa. Ajoutant, « Les prix du caoutchouc à Tokyo et à Shanghai ont été stimulés par les spéculateurs et devraient revenir au niveau où ils se trouvaient avant le rally alors que les spéculateurs ont abandonné le caoutchouc ».

Les contrats à terme sur le Tocom ont commencé à grimper fin septembre, passant d'environ 150 yens à près de 370 yens fin janvier. Mais depuis, ils ont presque diminué de moitié. Le contrat d'avril, qui doit expirer lundi prochain, a chuté de 17,5 yens, soit 7,1%, pour s'établir à 229,0 yens le kilo. Les investisseurs, qui avaient des positions ouvertes sur le contrat d’avril, ont été incités à solder leur position avant l’expiration du contrat le 24 avril, les stocks étant assez bas pour présenter un risque de brusques fluctuations des prix.

Les stocks de caoutchouc naturel dans les entrepôts certifiés par le Tocom ont diminué à un plus bas de plus de six ans après que les inondations thaïlandaises ont réduit la production en janvier et que les prix plus élevés en Chine ont suscité des approvisionnements hors du Japon. Selon le dernier rapport en date de du 31 mars, les stocks s’élevaient à 1461 tonnes.

En Inde, les exportations de caoutchouc naturel ont grimpé en 2016/17 à 20 000 tonnes contre seulement 865 tonnes en 2015/16. Le caoutchouc a été principalement exporté en Allemagne, en Belgique, au Brésil, en Chine, en Egypte, aux EAU, aux États-Unis, en Italie, en Malaisie, au Népal, au Pakistan aux Pays-Bas, en Suède et en Turquie. Après avoir atteint 30 594 tonnes en 2012/13, les exportations indiennes ont progressivement diminué en raison de la faiblesse des prix internationaux.

Côté entreprise, en Côte d’Ivoire la Société de caoutchouc de Grand Béréby (SOGB) a réalisé un chiffre d’affaire de FCFA 56,23 milliards en 2016, en progression 5,15% par rapport à 2015 (cf. nos informations). De même, la Société africaine de plantations d’hévéas (SAPH CI), le chiffre d’affaires a progressé de 14,9% à FCFA 112,96 milliards et le résultat d’exploitation est passé de FCFA 645,73 millions en 2015 à FCFA 3,91 milliards en 2016.

COTON

Les cours du coton se sont inscrits en hausse cette semaine, le contrat de mai gagnant près de 3 cents et celui de juillet 2 cents la livre. Le contrat de juillet a clôturé mercredi à 78,32 cents la livre et celui de mai, qui expire le 8 mai, à 77, 67 cents la livre.

En Chine, la demande en coton est soutenue et saine affirme le négociant suisse Reinhart dans son analyse hebdomadaire de marché. D’une part, les ventes aux enchères de la réserve sont actives avec plus de 70% des quantités offertes achetées. Ainsi d’ici le 19 avril, quelque 722 635 tonnes de coton de la réserve auront été cédées. D’autre part, remarque le négociant, les importations sont plus importantes que prévues, d’environ 120 000 tonnes en mars. Enfin, autre signe positif, les exportations de textile et de vêtements de la Chine sont en progression en mars.

Au Brésil, les exportations de textiles et d’habillement vers les pays arabes ont bondi au cours de deux premiers mois de 2017, en hausse de 87,5% par rapport à la même période en 2016, indique l’Arab Brazilian Chamber of Commerce (ABCC). La demande de tissu synthétique et de corde de sisal a contribué à la hausse des exportations qui se sont élevées à $3 millions en janvier-février 2017 contre $1,6 million en 2016. Les principaux clients sont les EAU, puis l’Algérie, l’Egypte, le Maroc et le Liban précise l’association brésilienne de l’industrie textile et de l’habillement (ABIT). Pour renforcer les exportations brésiliennes de l'industrie du textile et de l'habillement, l’ABIT et l'Agence brésilienne du commerce et de l'investissement (Apex-Brazil) ont lancé le programme Texbrasil à destination des exportateurs affiliés. Les entreprises qui ont participé à ce programme, ont accru de 40% leur part de marché vers les pays arabes en 2016, évalué à $4,1 millions contre $ 2,9 millions en 2015.

En Afrique, une trentaine d'experts africains venus des pays du groupe C4 (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad) plus le Togo et d'organisations africaines et panafricaines se sont réunis trois jours cette semaine à Cotonou pour plancher sur les axes d'actions stratégiques en vue des négociation sur le coton lors la 11ème conférence ministérielle de l'OMC prévue à Buenos Aires en décembre 2017. Selon le directeur de cabinet du ministère béninois de l'Industrie, Nicolas Dandoga, cette réunion, qui se tient en prélude à la 5ème réunion de coordination ministérielle des pays du groupe C4, permettra aux participants d'examiner , outre le problème récurrent des subventions, les stratégies pour le renforcement des capacités productives et d'exportation du coton dans les pays de l'initiative sectorielle en faveur du coton et les pays les moins avancés. De même, a-t-il précisé les experts vont également examiner le projet "Route de coton" qui vise à promouvoir l'émergence d'une chaîne de valeur régionale, à partir de la production et de la commercialisation du coton et de ses dérivés comme l'habillement et les textiles. « L'objectif ultime des quatre pays co-auteurs de l'initiative plus le Togo étant de venir à bout de ces soutiens internes, subventions à l'exportation et toutes autres formes de subvention accordées au coton par certains membres de l'OMC », a-t-on indiqué.

HUILE DE PALME

Forte chute des cours de l’huile de palme cette semaine. Ils ont atteint mercredi un plus bas de huit mois dans une sixième séance consécutive de baisse pour clôturer à 2 465 ringgits ($560,42) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange. Les cours sont dans le sillage des autres huiles comestibles, baissières, tandis que la production d’huile de palme est attendue en hausse et les exportations sont plus faibles. D’ores et déjà, la production en Malaisie a progressé de 16,3% en mars par rapport à février, marquant son premier gain mensuel depuis septembre. Elle devrait continuer à croître dans les mois suivants.

RIZ

Les prix du riz en Thaïlande ont augmenté tandis que ceux en Inde ont grimpé sur une roupie plus forte, alors que le commerce au Vietnam est resté lent.

En Thaïlande, le Thai 5% a augmenté à $360-$375 la tonne contre $350-$365 la tonne la semaine dernière. « Il y a moins d'approvisionnement en riz nouveau car nous nous attendons à ce que les cultures de contre-saison arrivent », a déclaré un trader à Bangkok. La hausse des prix s'est produite alors que le gouvernement thaïlandais encourage les rizeries à acheter les grains afin d'éviter une surproduction lorsque les nouvelles récoltes seront faites, a déclaré un autre négociant basé à Bangkok. La Thaïlande a exporté plus de 3,48 millions de tonnes (Mt) de riz de janvier au 18 avril, en hausse de 6,4% par rapport à la même période de l'année dernière, a annoncé jeudi le ministère du Commerce. En valeur, les exportations se sont élevées à plus de 51 milliards de bahts ($1,49 milliard). En outre, le ministère a annoncé que la Thaïlande a vendu 1,62 Mt de riz à usage industriel provenant des stocks d'État pour une valeur de $ 231 millions lors d’une vente aux enchères en mars. Il prévoit également de céder 1,03 Mt de riz gâté et sous-standard dans une vente aux enchères prévu le 28 avril.

Depuis que les militaires ont pris le pouvoir lors d'un coup d'Etat de 2014, le gouvernement a cédé plus de 12 Mt de riz accumulées dans le cadre du précédent régime de subventions au riz du gouvernement civil. La Thaïlande ambitionne d’apurer la totalité des stocks d'ici 2017.

En Inde, le riz étuvé 5% de brisure a augmenté de $2 à $384 -$389 la tonne cette semaine, avec la hausse des prix du riz paddy et le renforcement de la roupie. « Les prix locaux du paddy sont solides. La roupie se renforce également. Cela rend le riz indien cher pour les acheteurs étrangers », a déclaré un exportateur basé à Kakinada dans l'Étatde l'Andhra Pradesh. Depuis le début de l’année, la roupie a progressé de 5,2% et se négocie aujourd’hui à un plus haut de 20 mois. « Les acheteurs africains se déplacent vers le Vietnam et la Thaïlande en raison de la hausse des prix en Inde. Nous perdons des parts de marché », a déclaré un autre exportateur basé à Kakinada.

Au Vietnam, le Viet 5% sont restés stables à $350 -$355 la tonne. « Les acheteurs attentifs au prix se concentreront davantage sur le riz thaïlandais ancienne récolte car il est moins cher, tandis que les acheteurs qui cherchent de la qualité choisiront le riz thaïlandais nouvelle récolte, car il est juste un peu plus élevé que le riz vietnamien mais de meilleure qualité », a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh.

SUCRE

Le sucre, tant roux à New York que blanc à Londres, a terminé la période sous revue hier soir en baisse, à 16,52 cents la livre et $ 469,30 la tonne respectivement contre 16,6 cents et $ 478,30 à la clôture jeudi dernier.

Un marché qui, étonnamment, n'a pas accusé le coup de la nouvelle d'Inde, estimant que la production dans l'Etat de Maharashtra, une des principales régions de production du pays, bondirait de 70% durant la campagne 2017/18, à 7 millions de tonnes (Mt). Des pluies abondantes, après une période difficile due au phénomène météorologique El Niño, auraient incité les producteurs à planter à tour de bras.

Au Brésil, la production dans la ceinture sucrière du centre-Sud devrait baisser de 2,4% en 2017/18 par rapport à la campagne précédente en raison d'une baisse de superficies emblavées, à 598 Mt de cane contre 612 Mt l'année dernière. Toutefois, la production de sucre baisserait à peine, à 35,46 Mt contre 35,58 Mt car les usines continuent à opter pour la production de sucre plutôt que de l'éthanol, à 24,75 milliards de litres contre 26,2 milliards.

Côté entreprise, le britannique Associated British Foods a annoncé une hausse de 36% de ses bénéfices au premier semestre de son exercice, notamment grâce au rebond de son activité sucre.

 

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