Chronique Énergies renouvelables & Agriculture au 20 avril 2021

 Chronique Énergies renouvelables & Agriculture au 20 avril 2021
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Afrique de l’OuestBurkina FasoCôte d’Ivoire  – Mali – Niger – Sénégal 

 

AFRIQUE DE L’OUEST

En Afrique de l’Ouest, la Société de gestion de l’énergie de Manantali (Sogem) repense l’énergie délivrée aux pays de l’OMVS par les barrages et souhaite procéder à un mixe énergétique en augmentant la contribution de l’énergie solaire. En effet, la Sogem travaille au développement de l’énergie solaire pour fournir de l’électricité aux Etats et ainsi économiser l’eau du fleuve Sénégal pour leur permettre d’irriguer davantage de terres et booster l’agriculture. A suivre.

Par ailleurs, le solaire off-grid en Afrique de l’Ouest a reçu $ 142 millions d’investissement en 2020 ! C’est la première fois que la région reçoit la majorité des investissements solaires off-grid sur le continent. A titre de comparaison, l’Afrique de l’Est a reçu moitié moins, $ 70 millions. En espérant que cette tendance se confirme cette année !

Le Britannique B.B. Energy (BBE), négociant en produits pétrolier et gazier, vient d’annoncer le rachat de Solarcentury Africa, filière du fournisseur d’énergie solaire Solarcentury. Un rachat qui révèle une volonté de diversification des activités de la société déjà présente au Ghana et au Nigeria (Afrik21).

BURKINA FASO

Le Burkina Faso regarde vers le passé et prépare l’avenir. Evidemment, la simple évocation de Thomas Sankara au pays des Hommes intègres fait vibrer les cœurs… et il semblerait que sa mémoire inspire le gouvernement tandis que tous les regards sont tournés vers l’audition de Blaise Compaoré. Quel contexte alors que l’Assemblée nationale a adopté mardi dernier trois projets de lois pour réduire la dépendance énergétique du pays. Les mots de Bachir Ismaël Ouédraogo, ministre de l’Energie, des Mines et des Carrières sont édifiants, il affirme que son pays exportera de l’énergie en 2025 ! Comment ? Grâce à l’énergie solaire (Lefaso.net).

D’une part, la Banque mondiale a décidé de financer le Système d’échange d’énergie ouest-africain à hauteur de € 48,9 millions. Ainsi, le Burkina Faso a été choisi pour produire 300 MW via des centrales solaires dans le cadre de programme d’échange énergétique de la région ! Le programme d’échange concerne le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Libéria, le Mali et la Sierra Leone. (Lire également : $ 22,5 millions pour le solaire autonome en Afrique de l’Ouest et centrale)

Les autres projets concernent le financement du programme Yeleen (financé par la BAD, l’AFD et l’Etat burkinabè à hauteur de FCFA 92 milliards sur la période 2017-2025). Ce projet permettra de réduire la dépendance énergétique du pays par la construction de centrales solaires photovoltaïques à Dori, Diapaga, Ouagadougou et Gaoua.

« Nous sommes en train de travailler à tendre vers l’auto-suffisance et la sécurisation énergétiques », précise le Ministre. Le message est clair. Alors que 60 % de l’électricité du pays est importé de Côte d’Ivoire et du Ghana, nul besoin de préciser que ces projets ont été votés et adoptés à l’unanimité.

COTE D’IVOIRE

Après les remontrances du Burkina Faso et du Mali, la Côte d’Ivoire se fait toute petite… mais rappelons qu’elle va construire une centrale solaire flottante, la première en Afrique ! L’AFD a accordé un prêt de € 80 millions pour la construction de la centrale (20 MW) qui sera située sur la retenue d’eau du barrage hydroélectrique de Kossou dans le centre du pays : « L’installation de panneaux photovoltaïques sur une étendue d’eau permet d’en augmenter le rendement, par l’absence d’ombre, le rayonnement incident de l’eau (effet miroir) et le fait que l’eau, en rafraîchissant les panneaux, leur évite la surchauffe », soulignait La Diplomatie.fr en 2018… Non, il n’est jamais trop tard !

MALI

Au Mali, on pointe du doigt la Côte d’Ivoire ces derniers jours, jugée responsable des pannes d’électricité à répétition dans le pays. Le Mali produit 300 MW d’électricité mais en consomme 400 MW. Ainsi, elle devrait -normalement- recevoir 100 MW de la Côte d’ivoire, mais le pays peine à répondre à ses obligations. La situation est crispante ! Mieux, le ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau, Lamine Seydou Traoré, prononce des mots enchantants et rassurants … « Il faut retenir qu’aucune solution ou projet ne saurait être exécuté avant les 18 mois ». Ça pique. Mais son honnêteté est à saluer et je m’excuse d’avance pour tous les Maliens qui supportent une chaleur exceptionnelle en ce moment, mais la franchise du Ministre est bienvenue et … rafraichissante !

Il existe pourtant des raisons d’espérer et de parvenir à davantage de « sécurité électrique » ! Le gouvernement malien demande au secteur privé de produire de l’électricité solaire et de la vendre à EDM. Rappelons par exemple la création des centrales solaires en cours de construction à Touna (93 MW), Fana (50MW) et Segou (33 MW) pour la fourniture d’électricité, sans oublier la promulgation de la loi du 11 mars 2020 qui exonère de TVA les équipements d’énergies renouvelables, et supprime les taxes d’importations sur ces produits. Quid du contrat signé l’année dernière entre le Mali et l’Alliance solaire internationale pour la création d’un parc solaire de 500 MW ? Il y a donc des raisons d’espérer…

Par ailleurs, à Ségou, l’entrepreneur malien Anicet Dena crée Frou-Frou Drome et propose dans cinq kiosques d’alimentation rapide -fonctionnant à l’énergie solaire- des repas à base de produits locaux (niébé, mil, beurre de karité, attiéké) dans le but de promouvoir de plats maliens typiques à bas prix.

Le gouvernement a également approuvé mercredi dernier un avenant de FCFA 148 millions et un délai d’exécution de 20 semaines supplémentaire pour la fourniture, l’installation et la mise en service de centrales hybrides photovoltaïques-diesel dans la région de Mopti (Diondiori, Diafarabé et Kokry).
Le Bureau régional de la Minusma à Tombouctou a démarré et financé plusieurs projets de Réduction de la violence communautaire (RVC). Ces projets apportent une adduction d’eau potable -pour la population et l’agriculture- et l’électrification solaire.  L’objectif est d’apaiser les tensions entre communautés et donner une occupation à la jeunesse afin qu’elle ne soit pas enrôlée par les différents mouvements armés de la région. Grâce à l’adduction d’eau, les communautés pourront cultiver sur une superficie de 70 hectares et bénéficieront de 50 lampadaires solaires.

NIGER

Au Niger, on s’attend à une véritable révolution énergétique ! Un changement important qui se conjugue parfaitement avec les nouvelles élections du début du mois qui ont intronisé le nouveau chef d’Etat Mohamed Bazoum, le protégé du président sortant, Mahamadou Issoufou. Quant au nouveau ministre du Pétrole, de l’énergie et des énergies renouvelables, il n’est nul autre que Mahamane Sani Mahamadou Issoufou… le fils de l’ancien président sortant ! Vous avez dit « changement » ? C’est la même équipe en place, mais la bonne tenue des élections témoigne d’une stabilité politique qui ne peut qu’adoucir les cœurs de futurs investisseurs. Habile procédé. Le fils de l’ancien président occupe un poste stratégique, il aura la lourde tâche de conduire le processus de construction du pipeline Niger-Bénin d’une longueur de 2000 km pour l’exportation de 100 mille barils par jours. Rien que ça ! L’œuvre devrait être achevée en 2023 et la manne financière du secteur pétrolier, futur moteur de croissance du pays lors des prochaines décennie, permettra d’entreprendre l’électrification des centres urbains et ruraux grâce à l’énergie solaire et la multiplication de mini-réseaux. On attend cela avec impatience !

SENEGAL

Au Sénégal, l’Agence nationale de la maison de l’outil (Anamo) et la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (Der/FJ) ont signé une convention lundi dernier à Dakar pour mettre en œuvre le programme Liguey Légui, destiné à former et insérer les femmes et les jeunes dans les métiers de l’artisanat. Concrètement, ces programmes de formations permettront de créer près de 1000 entrepreneurs dont les activités sont tournées vers la transformation de produits locaux, le froid et la climatisation, l’installation et la maintenance de système solaire photovoltaïque, la restauration, etc. Une enveloppe de FCFA 2 milliards a été débloquée pour financer les formations et aider les futurs entrepreneurs.

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