Le Ghana planche sur une nouvelle politique pour le sucre
Le ministère du Commerce et de l’Industrie au Ghana veut revitaliser le secteur sucrier et limiter les importations. Une nouvelle National Sugar Policy est en cours d’élaboration. Mais les obstacles sont nombreux.
Affichant l’objectif de parvenir à l’autosuffisance en sucre en 2020 avec le souhait de réduire progressivement les importations, le ministère du Commerce et de l'industrie du Ghana a lancé fin juin une vaste consultation pour établir un avant projet de la National Sugar Policy. Selon le ministère, cette nouvelle politique devrait contribuer à donner un environnement infrastructurel et institutionnel favorable pour une industrie sucrière privée compétitive au niveau mondial, à réduire les dépenses en devises sur le sucre importé, à contribuer au développement industriel rural et à fournir de l’électricité supplémentaire via la cogénération pour le réseau national.
Production de canne à sucre au Ghana (en tonnes)– FAOSTAT
Face à une demande croissante, la dépendance aux importations s’est accrue. Le pays importe aujourd’hui entre 400 000 et 500 000 tonnes et la consommation nationale devrait encore croître dans les années à venir, projetée à 872 000 tonnes en 2030. En 2014, les importations de sucre ont atteint environ 450 000 tonnes pour une valeur de $200 millions. Le sucre serait le quatrième produit alimentaire importé, après le riz, le poisson et la volaille.
Les dix premiers pays fournisseurs de sucre au Ghana en 2013 (en dollars)
Source : chiffres Comtrade
Des investissements couteux et un environnement difficile
Le secteur ghanéen du sucre a ces deux dernières années suscité l’intérêt des investisseurs notamment du mauricien Omnicane et du japonais Marubeni,. Mais les investissements sont coûteux, observe Ecobank, estimés à jusqu'à $600 millions pour une usine de sucre moderne et 20 000 hectares de plantation sous irrigation. En outre, ajoute la banque, les investisseurs sont susceptibles d'être dissuadés par les coûts élevés de production, en raison de l'absence d'infrastructures routières adéquates (en particulier compte tenu de la distance entre les zones de production dans le nord vers les grands centres de demande à Kumasi et Accra), la hausse des coûts d'importation de biens d'équipement (en raison à la faiblesse du Cedi) et des coupures d'électricité paralysantes. Un autre facteur est le niveau élevé des importations brésiliennes, qui, même si elles sont interdites, continueront à inonder le marché ghanéen via la Côte d’ivoire ou le Togo, compromettant ainsi la viabilité commerciale de la production de sucre du Ghana, conclut Ecobank.