La Chronique Matières premières agricoles au 21 mars 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 21 mars 2019
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Hier soir, la remontée de Wall Street, sur fond de décision de politique monétaire plus accommodante que prévue de la Réserve fédérale, a eu un impact divers sur les différentes bourses européennes. Selon des responsables de la stratégie d’investissement de DWS , ” la croissance économique se redressera au second semestre”. Ceci dit, nombre d’incertitudes sérieuses demeurent, notamment quant au Brexit. Les devises sont très volatiles, avec un dollar qui, mercredi, a fini sous sa moyenne mobile à 200 jours pour la première fois depuis dix mois, mais qui s’est redressé hier, effaçant toutes ses pertes de la veille. L’euro, qui s’était rapproché du seuil de $ 1,145 mercredi pour la première fois depuis un mois et demi, est ainsi revenu autour de $ 1,135. Les cours du brut sont en baisse mais restent proches des plus hauts de l’année. En effet, le marché reste soutenu par la diminution des stocks, ainsi que celle de la production de l’Opep et de ses alliés, sans oublier les sanctions américaines à l’égard de l’Iran et du Venezuela.

CACAO

Le cacao sur le marché à terme de Londres a terminé hier soir en baisse, à £ 1 620 contre £ 1 656 vendredi dernier ; en cours de séance hier, il est tombé à £ 1 609, son plus faible prix depuis le 4 février. A New York, la tendance a été la même, avec la tonne de fèves à $ 2 132 contre $ 2 197 en fin de semaine dernière.

Comment pourrait-il en être autrement avec des volumes d’arrivages de cacao chez le n°1 mondial, la Côte d’Ivoire, qui caracolent à 1,627 million de tonnes (Mt) entre le 1er octobre et le 17 mars, estiment les exportateurs, soit 11% de plus qu’à pareille époque la campagne dernière. En outre, des pluies abondantes sont tombées sur les zones de production la semaine dernière, ce qui augure bien de la campagne intermédiaire qui court d’avril à septembre. Les fonds d’investissement et de spéculation vendent.

De son côté, le Ghana a signé mardi un prêt de $ 300 millions sur trois ans pour refinancer les bonds cacao auprès de la Banque centrale et financer des projets  de développement de la production (lire nos informations).

Côté entreprises, en fin de semaine dernière, Olam est passé à la vitesse supérieure quant à ses engagements pour protéger la forêt dans le cadre de ses activités cacaoyères : une traçabilité à 100% de son approvisionnement en Côte d’Ivoire et au Ghana d’ici 2020 ; son engagement de  restaurer et de préserver 460 000 ha de forêts en Côte d’Ivoire ; sa décision de cartographier 100% de son approvisionnement au Ghana d’ici la fin de l’année et d’utiliser ces données pour identifier des cacaoculteurs situés dans des régions à plus grand “risque forestier”; la distribution cette année de  1,2 million d’arbres d’ombrage en Côte d’Ivoire et au Ghana et 2 millions de semences améliorées au Ghana ; la formation aux bonnes pratiques agricoles de 104 000 cacaoculteurs dans les deux pays.

CAFÉ

Le Robusta gagne en robustesse, clôturant hier soir sur le marché à terme de Londres à $ 1 503 la tonne contre $ 1 485 en fin de semaine dernière. L’Arabica, quant à lui, chute encore, à 94,80 cents la livre (lb) contre 97,80 cents vendredi dernier : depuis le début de l’année, il a déjà perdu 11% de sa valeur. “Et ce n’est pas fini”, souligne un trader américain à Reuters.

En effet, globalement, le marché du café est sous la pression d’importantes disponibilités au Brésil, au Vietnam et en Indonésie. Un contexte si lourd que le gouvernement colombien a annoncé hier octroyer 60 milliards de pesos ($ 19,4 millions) en soutien à ses caféiculteurs. Rappelons que l’année dernière, le gouvernement avait déjà annoncé une aide de 95 milliards de pesos mais qui n’avait, en définitive, jamais été distribuée car les prix étaient repartis à la hausse.

Sur les marché asiatiques, les volumes de transaction sur les Robusta continuent de baisser face aux faibles prix offerts. Les producteurs au Vietnam ont déjà vendu 60 à 70% de leur récolte démarré le 1er octobre, estiment les opérateurs. Cette semaine, on leur a offert 31 900 à 33 300 dongs le kilo ($ 1,38-1,44) contre 31 900 à 33 700 dongs la semaine dernière. Des prix qui, non seulement ne les incitent guère à vendre mais qui ne les amène pas non plus à prendre grand soin de leur verger, arrosant peu alors que le temps est très sec, explique à Reuters un trader. Toutefois, il est encore trop tôt pour mesurer l’impact que pourrait avoir cette sécheresse, souligne un autre. Quant à l’export, la décote par rapport à la cotation de Londres pour du Grade 2, 5% brisures et grains noirs, a été cette semaine de $ 55 à $ 60 contre $ 50 la semaine dernière.

En Indonésie, la mini récolte en cours dans la partie sud de Sumatra prend un peu d’élan, avec une augmentation de 10 à 15% des volumes par rapport à la semaine dernière, estime-t-on. La prime à l’export par rapport à l’échéance mai à Londres est demeurée stable, à $ 70-80 la tonne pour du Grade 4, 80 défauts.

Côté entreprises, l’italien Illycafé a donné son accord pour l’acquisition des boutiques du chocolatier britannique Prestat, crée en 1902 par le français Antoine Dufour (pour une belle histoire de cette maison, lire La fabuleuse histoire de la chocolaterie Prestat).

Aux Etats-Unis, Target Corp, qui commercialise le café Archer Farms, a annoncé qu’il serait 100% certifié bio d’ici 2022. Les ventes annuelles d’Archer Farms sont de 6 millions de livres (lb) par an, dont 20% actuellement est certifié bio.

Enfin, la 124ème session du Conseil de l’Organisation internationale du café (OIC) va se tenir au Kenya la semaine prochaine, une première pour le pays. Quelque 4 000 délégués sont attendus.

CAOUTCHOUC

Nouveau plongeon des cours du caoutchouc qui s’acheminent vers une troisième perte hebdomadaire. Mercredi – jeudi le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) était fermé en raison de la fête nationale japonaise – les cours ont atteint un creux à 192 yens ($1,72)  le kilo sur le Tocom et à 11 950 yuans ($1 784) la tonne sur le marché de Shanghai contre respectivement 193 yens et 11 850 yuans à la clôture vendredi dernier.

Au cœur de cette chute, les craintes de plus en plus prononcées sur le ralentissement du premier consommateur mondial de caoutchouc, la Chine. Les mauvais chiffres se sont accumulés ces derniers jours notamment la baisse de la production industrielle – tombée à son plus bas niveau en 17 ans au cours des deux premiers mois de l’année -, la hausse du taux de chômage. S’ajoute le  ralentissement des ventes automobiles toujours en Chine, en recul de 13,8% en février par rapport à février 2018, marquant aussi un huitième mois de baisse sur le plus grand marché automobile du monde.

A noter, chez le principal producteur de caoutchouc, la Thaïlande, se déroulent dimanche les premières élections – législatives – cinq ans après l’arrivée des militaires au pouvoir.

En Indonésie, les exportations de caoutchouc ont baissé de 6% en 2018 pour s ‘établir à 2,81 millions de tonne (Mt). En valeur, elles se sont élevées à $3,9 milliards en recul de 22,7% par rapport à 2017 ($5,1 milliards). Le caoutchouc est le sixième produit d’’exportation de l’Indonésie.

Au Liberia, Firestone Natural Rubber Co, qui exploite la plus grande plantation de caoutchouc naturel dans le pays, a annoncé lundi qu’elle licencierait 13% de ses effectifs, soit environ 800 employés libériens, en raison de la baisse des prix du caoutchouc (lire nos informations).

En Afrique de l’Ouest,  dans les huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la production de caoutchouc naturel a progressé de 5,8% en 2018 pour atteindre 613 900 tonnes. (Lire: Le dynamisme agricole et agroindustriel de la zone UEMOA).

COTON

Nouvelle hausse des cours du coton qui avaient déjà progressé de 2,7% la semaine dernière. Les cours ont clôturé jeudi en hausse de 2% à 77,18 cents la livre, atteignant leur plus haut niveau en trois mois stimulés par les achats techniques et les préoccupations liées aux conditions météorologiques extrêmes dans le Midwest américain. Vendredi dernier, les cours du coton avaient clôturé à 75,5 cents la livre. « Le fait que les prix aient dépassé 76 cents a convaincu de nombreux  fonds et spéculateurs à commencer à couvrir leurs positions et à acheter de nouvelles positions »,  a déclaré Jack Scoville, vice-président de Price Futures Group à Chicago.

Un certain optimisme règne aussi sur les négociations en cours entre la Chine et les Etats-Unis. C’est un peu le serpent de mer depuis plusieurs semaines.

Au Bénin, en tournée le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui avec le président de l’Association interprofessionnelles du coton (AIC), a annoncé que l’objectif  de production de coton pour la campagne 2019/20 était de 850 000 tonnes et anticipait 1 million de tonne pour 2020/21.

HUILE DE PALME

Rebond sur le marché de l’huile de palme qui a affiché cinq séances consécutives de hausse pour clôturer jeudi à  2 172 ringgits ($ 534,98) la tonne sur Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 2 066 ringgits vendredi dernier. L’atténuation des inquiétudes concernant la production élevée et les attentes d’une meilleure demande à l’exportation ont stimulé la confiance des investisseurs et les prix.  Toutefois, les stocks élevés d’huile végétale continueront probablement de faire pression sur les prix. Tandis que la décision de l’Union européenne de classifier l’huile de palme dans les biocarburants devrait conduire à supprimer progressivement  l’utilisation de l’huile de palme dans les biocarburants d’ici 2030 (Lire : Bras de fer entre l’Union européenne et l’Asie sur l’huile de palme). La décision de la Commission européenne doit encore être approuvée par le Parlement européen.

En Malaisie, les exportations d’huile de palme sur la période du 1er au 20 mars ont augmenté de 0,8% selon SGS mais AmSpec Agri Malaysia estime qu’elles ont sur la même période baissé de 2,3%.

En Inde, les importations d’huile de palme en 2018/19 devraient atteindre un niveau record en hausse de 10% par rapport à l’année précédente, la forte baisse des prix ayant rendu l’huile tropicale plus attractive pour les acheteurs que ses rivales l’huile de soja et de tournesol, ont déclaré des responsables de l’industrie à Reuters. Une hausse du plus grand importateur mondial  d’huile alimentaire pourrait soutenir les prix de l’huile de palme. « Les importations d’huile de palme vont augmenter dans les mois à venir. Au niveau des prix actuels, elles sont très compétitives par rapport à l’huile de soja et de tournesol », a déclaré Govindbhai Patel, directeur général de la société de négoce G.G. Patel & Nikhil Research Company. Les importations d’huile de palme du pays au cours de la campagne de commercialisation 2018/19, qui a débuté le 1er novembre, pourraient augmenter de 10,3% par rapport à l’année précédente et atteindre 9,6 millions de tonnes (Mt), a-t-il déclaré.

Le différentiel entre  l’huile de palme et l’huile de soja  est passé de $133 en mars 2018 à plus de $200 la tonne, selon les données compilées par la Solvent Extractors Association of India (SEA).

Les importations indiennes d’huile de tournesol devraient rester globalement stables autour de 2,5 Mt, mais les importations d’huile de soja pourraient légèrement baisser par rapport aux 3,05 Mt de l’année dernière, en raison de l’augmentation de l’offre locale, a déclaré Govindbhai Patel. Selon la Soybean Processors Association of India, la production de soja en 2018/2019 aurait augmenté de 38% par rapport à l’an dernier, pour atteindre 11,5 Mt.

En Indonésie, avec la poursuite de l’expansion dans les zones matures, la production d’huile de palme devrait continuer d’augmenter pour atteindre 43 Mt en 2019/20, estime le département américain de l’Agriculture (USDA). Le mandat d’utilisation du biodiesel continuera de stimuler la croissance de la consommation intérieure, tandis que les exportations ne devraient augmenter que marginalement.

La Russie a importé 75 400 tonnes d’huile de palme et ses fractions en janvier 2019, en hausse de 3,6% d’une année sur l’autre, a annoncé le service statistique d’Etat russe (Rosstat). Au cours de la même période de l’année dernière, les importations avaient augmenté de 27,8%. Sur l’ensemble de l’année 2018, les importations d’huile de palme ont progressé de 18,9% pour atteindre 1 060 tonnes.

Au Liberia, le géant malaisien de l’huile de palme Sim Darby prépare son retrait du pays. Un plan de sortie sera présenté en avril au conseil d’administration puis en mai à l’assemblée générale (voir La sortie de Sim Darby du Liberia se confirme).

RIZ

Les prix à l’exportation du riz se sont globalement appréciés cette semaine mais surtout en raison de fluctuations monétaires, la demande n’évoluant guère à l’exception de celle pour le riz vietnamien.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont grimpé à $392-$395 la tonne contre $386-$389 la semaine dernière. « La demande s’est modérée en raison de la hausse des prix. Les acheteurs africains ne sont pas prêts à payer des prix plus élevés », a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans l’état de l’Andhra Pradesh. La roupie indienne s’échangeait à un niveau proche de son plus haut niveau en sept mois, réduisant les revenus des ventes à l’étranger des négociants.

Au Vietnam, les prix du Viet 5%  sont sensiblement au même niveau que la semaine dernière à $360 la tonne.  « La demande de riz vietnamien est en hausse, les principales sociétés commerciales augmentant leurs achats auprès des agriculteurs pour les marchés passés avec des clients de Malaisie, des Philippines et d’Irak » a déclaré un négociant  basé à Ho Chi Minh-Ville. Le Vietnam expédié plus de 200 000 tonnes de riz en Malaisie jusqu’à présent cette année, tandis que des clients irakiens ont passé des commandes pour 120 000 tonnes, a précisé le négociant. Une source du ministère de l’Industrie et du commerce a déclaré que l’Egypte cherchait à acheter 20 000 tonnes de riz brisé à 10-12% du Vietnam pour une livraison en juin.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont grimpé à $390-$393 la tonne contre $380-$385 la semaine dernière. La demande ayant peu changé, les négociants ont attribué la hausse des prix aux fluctuations du taux de change entre le baht et le dollar. Mardi, le cabinet thaïlandais a accepté de prolonger un accord de commerce de riz avec les Philippines, qui a expiré en décembre pour deux ans. L’accord permet à la Thaïlande, deuxième exportateur de riz du monde, de participer aux appels d’offres lancés par les Philippines, précisant que ces deux pays peuvent vendre jusqu’à 1 million de tonnes de riz par an.

Le Bangladesh fournira gratuitement à ses agriculteurs des engrais et des semences pour stimuler la culture d’un riz, a annoncé jeudi le ministre de l’Agriculture du pays. Le plan de relance économique, d’une valeur de près de 402 millions de taka ($4,75 millions), pourrait aider plus de 459 000 agriculteurs à augmenter la production de la variété de riz Aus cultivée pendant la saison de mai à août, a déclaré le ministre Abdur Razzak.  Le riz Auss est encouragé car il nécessite peu d’irrigation murissant durant la mousson.

SUCRE

Les cours du sucre roux n’ont guère évolué sur la semaine, terminant hier soir à New York à 12,5 cents la livre (c/lb) contre 12,52 cents vendredi dernier. Rappelons que la semaine dernière, ils avaient augmenté de 2,8% après avoir touché un plus bas d’un mois à 12,08 cents la première semaine de mars. Le sucre blanc, quant à lui, a glissé à $ 335,20 hier soir contre $ 340,7 la tonne en fin de semaine dernière.

Le marché a toujours les yeux rivés sur l’Inde dont la production a été encore révisée à la hausse d’un million de tonnes, cette semaine, par l’analyste Robin Shaw de Marex Spectron. Cependant, la perspective d’un déficit mondial de sucre de 4,3 Mt cette campagne, selon Rabobank, a permis au marché de se maintenir.

 Au Brésil, on s’attend à ce que les raffineries augmentent leurs cadences de broyages de canne à partir d’avril face à la perspective de rendements plus élevés car certains champs de canne ont été renouvelées dans la ceinture sucrière du centre-sud ; les broyages sont attendues en hausse de 3,1% par rapport à la campagne dernière, estime Copersucar, avec 580 à 590 millions de tonnes de canne qui devraient être broyées contre 572 millions la campagne dernière. Cependant, une part légèrement croissante devrait aller à la production d’éthanol (30 à 31 milliards de litres) et non de sucre (26 à 28 Mt).

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