Journée mondiale de l’eau : l’agriculture emploie 69 % des ressources mondiales

 Journée mondiale de l’eau : l’agriculture emploie 69 % des ressources mondiales
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C’est la Journée mondiale de l’eau. Une ressource, visiblement, non universelle. « Plus de 2  milliards  de  personnes  vivent  déjà  dans  des  régions  soumises  à  un  stress  hydrique  et  quelque  3,4  milliards  de personnes, soit 45 % de la population mondiale, n’ont pas accès à des installations d’assainissement suffisamment fiables », selon le rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2021. « D’ici à 2030, il manquera à l’humanité 40 % de l’eau dont elle aura alors besoin. Cette situation sera encore aggravée par les grands bouleversements mondiaux, comme la COVID-19 ou le changement climatique. »

L’évolution de la demande en eau du secteur agricole compte parmi les plus difficiles à prévoir. « Au niveau mondial, 69 % de l’eau prélevée est affectée à des usages agricoles, essentiellement pour l’irrigation mais aussi pour l’élevage et pour l’aquaculture. » Pourtant, à l’échelle mondiale, l’agriculture ne représente qu’environ 4 % du PIB mondial, avec une contribution moyenne par pays de 10,4 %, la contribution la plus élevée s’établissant à 57,4 % au Sierra Leone et la plus faible à 0,03 % à Singapour, alors que la part de l’agriculture dans le PIB tend à diminuer. Ces chiffres suggèrent que la valeur ajoutée de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture est très faible.

Mais ce taux de 69% va vite évoluer « au fur et à mesure que la concurrence intersectorielle pour l’eau s’intensifie et que la pénurie d’eau s’accentue » et ce d’autant plus que « l’eau destinée à la production alimentaire est utilisée de manière inefficace. »

Pourtant, dans une situation de statu quo, le monde aura besoin d’environ 60 % de nourriture supplémentaire d’ici à 2050 et la production alimentaire irriguée augmentera de plus de 50 % au cours de la même période, selon les calculs de la FAO. Or, on ne pourra augmenter que de 10% les quantités d’eau prélevées par l’agriculture. « Heureusement, il existe une importante marge de progression pour renforcer l’efficacité de l’utilisation des ressources en eau dans les systèmes irrigués, et notamment les systèmes pluviaux, ainsi que pour éliminer le gaspillage alimentaire et adopter des régimes alimentaires nécessitant moins d’eau. » Ceci devrait donc permettre de répondre aux besoins alimentaires à l’avenir. Par exemple, plusieurs pays africains réalisent des rendements se situant autour de 20 % de leur potentiel, notamment via l’irrigation.

A noter que l’évaluation de la valeur de l’eau constitue un véritable défi. En Afrique subsaharienne, ces études portent surtout jusqu’à présent sur l’utilisation de l’eau à des fins domestiques. Au plan mondial, la valeur attribuée à l’eau dans le cadre de la production alimentaire reste peu élevée par rapport à d’autres usages. Lorsque l’eau est utilisée pour l’irrigation des céréales alimentaires et du fourrage, sa valeur est généralement très faible (souvent inférieure à $ 0,05 le m3) alors qu’elle peut atteindre un niveau relativement élevé pour les cultures à forte valeur, comme les légumes, les fruits et les fleurs. Ceci dit, on manque de données car, bien que la sécurité alimentaire que procure l’eau présente une valeur élevée, elle est rarement mesurée.

L’Afrique de l’ouest et centrale ont 54% de l’eau du continent

 

On estime que les ressources en eau douce de l’Afrique représentent près de 9 % des ressources en eau douce mondiales. Toutefois, ces ressources sont inégalement réparties. En effet, tandis que les six pays les plus riches en eau d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest détiennent 54 % de l’ensemble des ressources en eau du continent, les 27 pays les plus pauvres en eau n’en détiennent que 7 %.

 

Parmi les grands fleuves en Afrique, on trouve le fleuve Congo, le Nil, le Zambèze et le fleuve Niger, lit-on dans le rapport. Le lac Victoria (Kenya, Tanzanie, Ouganda) constitue la deuxième plus grande superficie d’eau douce au monde alors que le lac Tanganyika (Burundi, RD Congo, Tanzanie et Zambie) occupe la deuxième place parmi les plus grands lacs d’eau douce au monde en volume et en profondeur.

 

En dépit de cela, l’Afrique est le deuxième continent le plus sec au monde après l’Australie. Les zones arides et semi-arides couvrent environ deux tiers du continent. En 2017, près de 73 % de la population d’Afrique subsaharienne n’utilisait pas de services d’eau potable sans danger. Environ 14 % de la population africaine (soit près de 160 millions de personnes) souffre aujourd’hui de pénuries d’eau.

 

«La Vision africaine de l’eau pour 2025 » propose un cadre visant à renforcer la sécurité de l’approvisionnement en eau et la gestion durable des ressources en eau, rappellent les auteurs du rapport. Toutefois, ceci se heurte à la croissance démographique rapide, une gouvernance de l’eau et des dispositions institutionnelles inappropriées, l’épuisement des ressources en eau par la pollution, la dégradation de l’environnement, la déforestation et le manque de financement durable des investissements dans les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

 

Le dessalement de l’eau de mer figure parmi les solutions évoquées au plan mondial et au cours des dix dernières années, son utilisation s’est accélérée du fait des progrès de la technologie des membranes et des sciences des matériaux. Actuellement, plus de 174 pays se servent du dessalement sous une forme ou une autre pour répondre à la demande en eau, approvisionnant plus de 300 millions de personnes en eau potable. Toutefois, malgré leurs coûts en baisse, 67 % des installations de dessalement se trouvent dans des pays à revenu élevé où elles représentent 71 % des capacités mondiales de dessalement. À l’inverse, moins de 0,1 % des installations se situent dans les pays à revenu faible.

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