Pastoralisme ne rime pas nécessairement avec violence en Afrique de l’Ouest

 Pastoralisme ne rime pas nécessairement avec violence en Afrique de l’Ouest
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Au cours des dix dernières années, le nombre d’événements violents et de victimes impliquant des pasteurs en Afrique du Nord et de l’Ouest s’est étendu et diversifié, constate Matthew Pflaum, doctorant au Département de géographie de l’Université de Floride dans son étude Pastoralisme et violence en Afrique du Nord et de l’Ouest qui vient de paraître dans la publication Notes ouest-africaines de l’OCDE.

Son analyse porte sur plus de 36 000 événements violents survenus entre janvier 1997 et avril 2020, dans lesquels 206 groupes pastoraux ont été impliqués. Ces violences sont géographiquement très localisées : au Nigeria et sa périphérie et au Sahel central. Ailleurs, la plupart des groupes pastoraux ne sont guère impliqués dans des violences, constate l’auteur.

Le Nigeria et sa périphérie ainsi que le Sahel Central ont connu un essor rapide des violences pastorales depuis 2012-13 sous l’effet de la prolifération des milices et des groupes extrémistes, ainsi que la ramification des conflits au Mali, au Nigeria et en Libye. Au Nigeria, le centre de gravité des violences pastorales s’est toujours situé dans la Middle Belt mais se sont aussi propagés au nord et au sud du pays. Dans la région frontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ces violences suivent les mêmes dynamiques spatiales que le conflit malien : d’abord concentrées au Mali, elles se déplacent progressivement vers le sud.

Les pays présentant les pourcentages les plus élevés d’événements violents impliquant des pasteurs sont le Burkina Faso (64 %), le Mali (60 %), le Bénin (54 %), le Maroc (23 %) et le Niger (23 %). Mais il ne faut pas faire d’amalgame entre violence et pastoralisme, met en garde Matthew Pflaum : ainsi, le Nigeria est le pays de la région présentant le plus d’événements violents mais seuls 2 % des acteurs y sont pastoraux et seuls 16 % des événements ont été perpétrés par des pasteurs. A noter, souligne l’auteur, que « parmi les dix principaux groupes impliqués dans des événements violents, les groupes armés non extrémistes sont les plus nombreux, suivis des groupes extrémistes, puis des groupes ethniques et civils. »

Les pays présentant un niveau élevé de violences pastorales sont l’Algérie, le Ghana, la Libye, le Mali, le Niger, le Nigéria et le Tchad. Le plus grand nombre de décès sont survenus dans la zone frontalière entre le Mali et le Burkina Faso ainsi qu’au Nigéria et dans ses périphéries.

L’implication croissante des pasteurs dans les actes de violence à travers la région ne doit pas occulter le fait que 81 % des événements violents et 85 % des décès impliquant des groupes pastoraux sont imputables à seulement cinq groupes ou grandes catégories ethniques.

Les Peuls sont le groupe pastoral le plus affecté que ce soit comme victime ou auteur. Au total, un peu plus de la moitié (55 %) des 4 889 événements violents et deux-tiers des 16 182 décès impliquant des pasteurs sont en lien avec les divers « groupes ethniques peul » et « milices ethniques peul » recensés par Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED).

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