La Chronique Matières premières agricoles au 22 avril 2021

 La Chronique Matières premières agricoles au 22 avril 2021
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Alors que les bourses européennes avaient clôturé hier soir en belle hausse face à plusieurs bons résultats d’entreprises, comme ceux de Hermès, et les annonces sans surprise par la Banque centrale européenne du maintien des mesures de relance pour contrer l’impact économique de la pandémie, Wall Street, quant à lui, a fortement reculé à la clôture. En effet, la Bourse de New York a été secouée par des informations prêtant au président américain Joe Biden l’intention de doubler les taxes sur les gains en capital -l’impôt sur les plus fortunés – même si des analystes y ont vu un prétexte pour prendre des bénéfices avant la publication des résultats trimestriels des géants de la technologie. Selon certaines sources, le président américain voudrait porter le taux marginal d’imposition de 37% à 39,6%, rapporte Reuters.

Ce matin, le dollar a reculé légèrement face à un panier de référence, l’euro s’établissant autour de $ 1,2026.

Hier, les cours du pétrole ont renversé la tendance à la baisse des jours précédents suite aux annonces de la BCE. Le baril de Brent a terminé à $65,57 et le brut léger américain à $ 61,59.

CACAOCAFECAOUTCHOUC  –COTON HUILE DE PALME –  RIZSUCRE

CACAO

Belle semaine que celle qui s’achève pour le cacao. A Londres, le prix de la tonne de fèves est passé de £ 1 602 vendredi dernier à £ 1 647 hier tandis qu’à New York, il grimpait de $ 2 408 à $ 2 442.

Cette semaine, on a constaté une avancée supplémentaire dans le sens de l’apaisement entre les autorités ivoiriennes du cacao et les exportateurs dont les multinationales. Le patron du Conseil du café cacao (CCC) Yves Koné a annoncé mardi qu’ils seraient remboursés des dépenses encourues à cause de la mise en place, en octobre 2020, du différentiel de revenu décent de $ 400 la tonne, alors que la demande mondiale était touchée de plein fouet par le coronavirus. Une enveloppe totale de près de FCFA 20 milliards (€ 30 millions) serait dédiée à ce remboursement. Pour chaque exportateur, le remboursement serait de l’ordre de FCFA 5 (€ 0,0076) le kilo pour la campagne principale qui court d’octobre à mars et de FCFA 4 (€ 0,0061) le kilo pour la campagne intermédiaire d’avril à septembre.

En Côte d‘Ivoire où les bonnes pluies sont de bon augure pour le développement de la récolte intermédiaire en cours. Dans certaines régions, le niveau de pluviométrie est supérieur à la moyenne de ces cinq dernières années. Quant aux arrivages de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro, ils ont totalisé 1,783 Mt entre le 1er octobre et le 18 avril, estiment les exportateurs, en hausse de 5,2% par rapport à la même période en 2019/20.

Côté industrie, le groupe Barry Callebaut affiche « la poursuite du redressement des volumes et une bonne rentabilité dans un environnement de marché qui reste difficile » au cours des six premiers mois de l’exercice 2020/21 (au 28 février 2021). Ses ventes totalisent 1 071 603 t, soit une baisse de -2,9 %. Le volume des ventes de l’activité chocolat a continué à progresser et est « quasiment redevenu positif » durant le second trimestre, à -0,2 %. Son chiffre d’affaires est stable à CHF 296,7 millions avec un bénéfice net en progression de 6,9% à CHF 205,7 millions.

A noter que son directeur général le Français Antoine de Saint-Affrique quitte ses fonctions après les avoir exercées pendant six ans. Lui succède le Néerlandais Peter Boone, 50 ans, qui a rejoint Barry Callebaut en 2012 comme directeur de l’innovation puis a été nommé fin 2017 à la tête des activités Amérique.

CAFÉ

Pour la troisième semaine consécutive, les cafés se sont inscrits à la hausse. A New York, l’Arabica est aujourd’hui à son prix le plus élevé en deux mois. Sur la période sous revue, il est passé de $ 1,2915 la livre (lb) à $ 1,3615 à la clôture hier, tandis qu’à Londres, le Robusta a progressé de $ 1 354 la tonne en fin de semaine dernière à $ 1 408.

Le marché continue à tirer sa force de la perspective d’un rétrécissement de l’offre sur la campagne 2021/22 notamment en raison du Brésil qui devrait enregistrer une plus petite récolte qu’initialement prévue ; le temps très sec pourrait gêner le développement des caféiers alors que la récolte de l’Arabica va bientôt démarrer. A ceci s’ajoute la réouverture des cafés et restaurants en Europe et les bons résultats des chiffres des ventes au détail.

En Asie cette semaine, l’attention se tourne davantage vers l’Indonésie où la petite récolte est bien en cours alors que les disponibilités au Vietnam se restreignent. En Indonésie donc, l’offre croît avec une nouvelle récolte qui a démarré à Lampung. En conséquence, la prime offerte à l’export a baissé à $ 180 contre $ 200 la semaine dernière. Ceci dit, les observateurs locaux prévoient une production relativement faible, ce qui devrait soutenir les prix.

Quant au Vietnam, les caféiculteurs dans les Central Highlands ont vendu leur café entre 32 500 et 33 500 dongs le kilo ($ 1,41-1,45) contre 32 000 à 33 000 dongs la semaine dernière. Il ne leur reste que peu de volumes à vendre. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, a continué à se vendre avec une prime de $ 50 à $ 60 sur le contrat de juillet. A noter qu’entre le 1er janvier et le 15 avril, le pays a exporté 508 855 t, soit 15% de moins que sur la même période l’année dernière.

Alors que la demande est soutenue en particulier en provenance de l’Algérie mais aussi du Soudan, le café Robusta d’Afrique de l’Ouest et Centrale se faire rare, souligne à CommodAfrica un négociant. En cause, une offre réduite du Cameroun où la production est en chute de 40% cette année, et une offre de Côte d’Ivoire quasi inexistante (lire nos informations : Le Robusta d’Afrique, en particulier du Cameroun, se fait rare).

En revanche, les exportations d’Ouganda (premier producteur africain de Robusta mais qui produit aussi de l’Arabica) ont fait un bond de 20% en mars par rapport à mars 2020, à 572 839 sacs de 60 kg. Cette belle performance est due aux prix favorables à l’export et à une bonne météorologie, selon la Uganda Coffee Development Authority (UCDA).

Coté entreprises, Nestlé a enregistré au premier trimestre sa plus forte augmentation de ses ventes depuis 10 ans avec le café comme segment le plus performant : les ventes de Nespresso depuis le début de l’année ont bondi de 17%. Sa croissance organique a été de 7,7% soit deux fois plus que les prévisions des analystes. Son chiffre d’affaires n’a, en revanche, progressé que de 1,3%, à CHF 21,1 milliards. Ses résultats en Afrique sub-saharienne ont progressé à des taux à deux chiffres.

Nestlé qui a mis au point une nouvelle génération de variété de café Robusta à faible teneur en carbone, grâce à une sélection classique sans OGM et en exploitant la biodiversité naturelle de la plante ; ses rendements sont jusqu’à 50% plus élevés (lire nos informations : Une nouvelle variété de café Robusta à faible teneur en carbone).

CAOUTCHOUC

Volatilité du marché du caoutchouc qui fini la semaine en légère hausse avec une clôture hier sur l’Osaka Exchange à 238,1 yens ($2,2) le kilo contre 237,7 yens vendredi dernier tandis qu’à Shanghai les cours sont passés de 13 775 yuans la tonne vendredi dernier à 14 060 yuans ($2 169) hier. Le marché est balancé entre les performances économiques de la Chine et la résurgence des cas de coronavirus en premier lieu en Inde mais aussi au Japon qui s’apprête à émettre un troisième Etat d’urgence à Tokyo et dans trois autres préfectures. 

La Thaïlande a vendu  dans le cadre d’un appel d’offres local 104 000 tonnes de caoutchouc naturel provenant des stocks d’Etat. La vente de ce lot, datant de 9 ans, n’était plus apte à un usage normal mais permet de réduire les coûts de maintenance. Selon, le gouverneur de la Rubber Authority of Thaïland, Nakorn Tangavirapat, la vente n’a pas affecté le marché du caoutchouc, précisant “Il s’agit d’une période sans prélèvement avant que de nouveaux approvisionnements n’entrent sur le marché et il y a encore peu d’offre maintenant”.

COTON

Nouvelle appréciation des cours du coton avec une clôture hier à 86,06 cents la livre pour le contrat de juillet contre 85,03 cents vendredi dernier. Des cours soutenus par les conditions météorologiques sèches au Texas alors que les approvisionnements américains sont limités, la hausse des principales céréales – maïs, blé – mais aussi du soja, et le léger recul du dollar.  Au Texas, la sécheresse sévit toujours ce qui pourrait entraîner une sérieuse réduction de la superficie, les cotonculteurs craignant de vivre la même situation qu’en 2011 où le plus grand Etat producteur des Etats-Unis n’avait produit que 3,5 millions de balles.

Le Burkina Faso anticipe une hausse de 33% de sa production de coton en 2021/22 à 637 500 tonnes contre 472 000 tonnes en 2020/21 (Lire : Le Burkina Faso anticipe une hausse de 33% de sa production de coton en 2021/22).

La Turquie devrait accroître sa superficie de coton en 2021/22 à la faveur de prix attractifs et de conditions climatiques favorables. Ainsi, la superficie passerait de 350 000 hectares (ha) à 450 000 ha portant la production de coton à 740 000 tonnes en 2021/22 contre 630 000 tonnes en 2020/21, estime le département américain de l’Agriculture (USDA). La consommation domestique de coton devrait légèrement augmenter à 1,65 million de tonnes (Mt) contre 1,6 Mt lors de la campagne précédente. Selon la Turkish Exporter’s Assembly, la Turquie a relativement bien absorbé la crise de la Covid-19. Ainsi, les exportations d’articles de prêt-à-porter se sont élevées $17,1 milliards en 2020, en recul de 3% par rapport à 2019, tandis que celles de textiles ont atteint $7,1 milliards, en baisse de 8%. L’USDA anticipe des importations à hauteur de 1,05 Mt en 2021/22.

HUILE DE PALME

Envolée de l’huile de palme qui est en passe de gagner plus de 9% cette semaine. Sur les Bursa Malaysia Derivatives Exchange, les cours ont clôturé hier à 3 993 ringgits ($971,41) la tonne contre 3 710 ringgits vendredi dernier.

L’offre est serrée et les huiles concurrentes, en particulier le soja,  sont aussi en pleine forme tant sur le Chicago Board of Trade (CBOT) que sur le Dalian Commodity Exchange. Et s’ajoute une demande soutenue avec des exportations d’huile de palme de la Malaisie en hausse entre 10 et 12,7%  sur la période du 1er au 20 avril. Un bémol toutefois avec l’aggravation de la pandémie du coronavirus en Inde, le premier acheteur mondial d’huile comestible. 

La Belgique interdira les biocarburants à base de soja et d’huile de palme dans le secteur des transports à partir de la mi-2022, selon un arrêté royal. “Sur base de la loi sur les normes de produits, les biocarburants issus de l’huile de palme ne seront plus autorisés sur le marché dans le secteur du transport dès la mi-2022“, indique la ministre fédérale de l’Environnement et du climat, Zakia Khattabi, dans un communiqué. “Dès 2023, le soja sera interdit comme matière première pour les biocarburants pour le transport. Les producteurs de biodiesel doivent s’approvisionner en autres matières premières et évoluer vers les biocarburants des autres générations“, a-t-elle ajouté. En réaction à cette annonce, la ministre des Plantations, Industries and Commodities (MPIC) Datuk Dr Mohd Khairuddin Aman Razali, a indiqué que cette décision n’affectera pas la Malaisie précisant que les exportations d’huile de palme vers la Belgique représentaient RM 207 millions (€42 millions) en 2020.

L’Union européenne a importé moins d’huile de palme en 2020/21. Elles se sont élevées à 4,23 millions de tonnes (Mt) contre 4,55 Mt en 2019/20, selon les données de la Commission européenne.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz indien ont chuté à leur plus bas niveau en trois mois cette semaine en raison de la faiblesse de la roupie et d’une demande en baisse, tandis que les prix en Thaïlande ont légèrement augmenté, soutenus par un baht plus fort et des coûts de transport plus élevés.

En Inde, les prix du riz étuvé 5%  ont chuté à $386-$390 la tonne contre $388-$392 la semaine dernière. “La faiblesse de la roupie a aidé, mais la demande est en baisse de la part des acheteurs en Afrique“, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans l’État d’Andhra Pradesh. La roupie indienne est tombée à son plus bas niveau en neuf mois, augmentant la marge des commerçants sur les ventes à l’étranger.

L’Inde a invoqué, pour une deuxième fois,  la clause de paix  à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour avoir enfreint le plafond des subventions pour le riz pour la campagne 2019/20 et a informé l’OMC que la valeur de sa production de riz était de 46,07 milliards en 2019/20 et qu’elle avait accordé des subventions d’une valeur de $6  milliards.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement progressé à $467-$500 la tonne, contre $465-$482 deux semaines auparavant, en grande partie en raison de l’appréciation du baht face au dollar.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont inchangés par rapport à la semaine précédente à $485-$495  la tonne, soit son plus bas niveau depuis décembre. Le commerce est lent, les acheteurs sont dans l’attente d’une baisse des prix. Les négociants estiment que les expéditions de riz du Vietnam s’établiront entre 700 000 et 800 000 tonnes ce mois-ci, contre 539 040 tonnes en mars. “Les exportateurs se concentrent sur l’exécution des contrats signés avec des clients de Cuba, du Bangladesh et de Syrie”, a déclaré un négociant à Hô-Chi-Minh-Ville.

Le Bangladesh a signé un protocole d’accord avec la Thaïlande pour importer jusqu’à 1 million de tonnes de riz chaque année jusqu’en 2026, ont déclaré des responsables du ministère de l’Alimentation.

SUCRE

Le sucre roux est passé de 16,72 cents la livre (lb) vendredi dernier à New York à 16,92 cents hier soir, après avoir touché mercredi 16,99 cents. Quant au sucre blanc coté à Londres, le prix de la tonne a évolué de $ 463,30 en fin de semaine dernière, à $ 462,40 hier soir. Des perspectives de récolte en baisse au Brésil et dans l’Union européenne ont conduit les fonds d’investissement à renforcer encore leurs positions longues, pariant sur une hausse des cours. En France, les fortes gelées ont impacté les emblavements de betterave sucrière.

Si tous les observateurs s’accordent à dire que la récolte brésilienne sera faible, le trader Wilmar a publié cette semaine des prévisions qui sont les plus basses jusque-là énoncées. Pour Wilmar, la production de canne dans le centre-sud baissera à 530 Mt en 2021/22 cotre 605 Mt la campagne précédente, avec une production de sucre qui ne serait que de 31 à 33 Mt. Jusque-là, les estimations des uns et des autres étaient plutôt aux alentours des 35 Mt. Ce sont les mauvaises conditions météorologiques qui devraient faire chuter la production brésilienne de sucre.

En Inde, pour la deuxième année consécutive et en raison du coronavirus et de la fermeture des restaurants et magasins, la consommation de sucre a baissé durant la période où la demande est habituellement la plus forte, soit durant l’été qui court de mars à juin. Or, cette faible demande devrait faire gonfler les stocks qui sont déjà plus qu’abondants et inciter les industriels à exporter davantage, ce qui impactera à la baisse les cours mondiaux. Parallèlement, la demande en sucre est généralement forte également durant la saison des mariages mais, là encore, la pandémie a obligé de réduire le nombre de convives. Par conséquent, contrairement à ce qui était attendu, la consommation indienne de sucre ne devrait pas rebondir durant cette campagne 2020/21 qui s’achève le 30 septembre. Il faudra encore attendre la prochaine.  A noter que la demande des grossistes indiens avait retrouvé leurs niveaux normaux fin 2020 mais ont rebaissé ce mois-ci. Habituellement, la demande nationale progresse de 1% par an en moyenne. Or, en 2019/20, elle a baissé de 0,8% à 25,3 Mt.

Le gouvernement ukrainien a proposé à son Parlement de lever sa taxe à l’importation de sucre qui est de 50% à compter du 1er octobre prochain. Ceci porterait sur les 120 000 t de sucre blanc à importer. La production du pays était de 1,1 Mt en 2019/20 alors que sa consommation est de 1,2 Mt.

 

 

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