La Chronique Matières premières agricoles au 22 novembre 2018

 La Chronique Matières premières agricoles au 22 novembre 2018
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Les marchés américains sont fermés, hier pour la fête de Thanksgiving et aujourd’hui pour Black Friday. De ce fait, l’ensemble des places boursières est plutôt calme. Côté monnaies, l’euro et la livre sterling ont grimpé face au dollar après l’annonce d’un accord de principe entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne, même si des incertitudes demeurent. Quant au baril, après avoir repris des couleurs suite à l’annonce d’une chute des exportations de pétrole iranien en novembre, il est reparti à la baisse, inquiet de la surabondance de l’offre au lendemain de l’annonce par les Etats-Unis que leurs stocks sont au plus haut depuis décembre 2017.

 

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE 

CACAO

Le cacao, sur le marché à terme de Londres, a terminé hier soir au plus bas en cinq semaines, repassant en dessous de la barre des £ 1 600 la tonne. Il a clôturé à £ 1 596, parti de £ 1 646 vendredi dernier. La place de New York était fermée hier pour cause de Thanksgiving, mais mercredi soir, le marché avait clôturé à $ 2 145, sa troisième séance consécutive de baisse ; vendredi dernier, la tonne de fèves cotait $ 2 234.

Une fève sous pression à cause d’une livre sterling forte suite à un accord entre le Royaume Uni et l’Union européenne sur les conditions du Brexit. En outre, le marché demeure sous la pression de ventes spéculatives de positons longues et de ventes à court terme de produit physique.

Mais, surtout, le marché est sous l’effet des arrivages massifs de fèves aux ports ivoiriens : +48% entre le 1er octobre et le 18 novembre par rapport à la même période l’année dernière ! Ces arrivages ont atteint un total de 513 000 tonnes (t). Sur la seule semaine du 12 au 18 novembre, 44 000 t sont arrivées au port d’Abidjan et 53 000 t à San Pedro, soit 97 000 t contre 63 000 t sur la semaine correspondante en 2017.

Et la météo est aussi de la partie ! La semaine dernière, des pluies légères alternées à de belles périodes de soleil sont les conditions idéales pour faire grossir les cabosses et donc les fèves sur la récolte principale qui court jusqu’à mars chez le n°1 mondial. En effet, seules les grosses fèves peuvent être exportées et la Côte d’Ivoire devrait être particulièrement vigilante à cet égard cette campagne après les rejets à l’export l’année dernière en fin de campagne principale. Rappelons que la Côte d’Ivoire est en pleine saison sèche actuellement, qui court de novembre à fin février.

Côté entreprise, l’américain Blommer Chocolate a annoncé en début de semaine sa vente au japonais Fuji Oil Holding, pour $ 750 millions (lire Le japonais Fuji Oil achète le géant américain du chocolat Blommer).

CAFÉ

Le Robusta a fortement perdu cette semaine, terminant hier soir sur le marché à terme de Londres à $ 1 609 la tonne contre $ 1646 vendredi dernier. Un marché qui prend acte d’une offre en hausse cette campagne. Côté Arabica, New York a clôturé mercredi soir, avant son long week-end férié de Thanksgiving, à $ 1,141 la livre (lb) contre $ 1,163 en fin de semaine dernière.

Sur les marchés asiatiques du physique, en Robusta, les prix au Vietnam ont baissé, suivant en cela la tendance sur le marché à terme de Londres. Les producteurs ont vendu, en moyenne, à 35 300 dongs le kilo ($ 1,51) contre 36 200-36 300 dongs la semaine dernière. Si les prix devaient baisser davantage, il est probable qu’ils feront de la rétention de marchandise, estiment les observateurs. A l’export du Vietnam, le Robusta Grade 2, 5% grains noirs et brisés, s’est vendu avec une décote sur Londres allant de $ 45 à $ 65 contre $ 70 la semaine dernière. Selon les traders, 40% de la production aurait déjà été récoltée ; la cueillette devrait s’achever fin décembre. Une récolte 2018/19 qui, apparemment, serait plus élevée que les 27 Ms initialement envisagée, à 30 millions de sacs de 60 kg (Ms), soit un volume relativement similaire à la campagne dernière.

Des plantations de café au Vietnam qui, en ce 23 novembre, sont sous la menace de la tempête tropicale Usagi qui pourrait arriver vers les côtes vietnamiennes samedi soir, on espère amoindrie.

Pour sa part, CoffeeNetwork envisage la récolte vietnamienne à 31 Ms, celle au Brésil à 61 Ms et celle en Colombie à 14,2 Ms, estimant l’excédent mondial caféier à 11 Ms, ce qui serait son niveau le plus élevé en 16 ans, estime Andrea Thompson dans un rapport publié mercredi. Quant à 2019/20, la situation mondiale serait plus équilibrée : si le Brésil produit 55 Ms, l’excédent mondial serait un petit 1,1 Ms. Mais si elle n’est que de 50 Ms au Brésil, le marché mondial serait alors déficitaire de 3,9 Ms.

Côté entreprise, Louis Dreyfus devrait prendre le contrôle de la majorité des stocks certifiés de Robusta sur l’ICE à Londres, selon quatre sources différentes qui se sont confiées à Reuters. Ceci permettra à la firme de négoce d’avoir une position stratégique de couverture sur ce marché. Ainsi, depuis le début de la période de livraison sur l’échéance novembre qui expire le 26 novembre, 38 400 t ont été soumissionnées. Le café qui peut être acheté sur cette échéance de livraison représente 48% des stocks certifiés de Robusta sur l’ICE. Rappelons que le café doit passer par un process de “grading”, de notation de sa qualité, avant qu’il ne soit éligible à être soumissionné à la bourse.

Nespresso fait aussi parler de lui. En début de semaine, la filiale de Nestlé annonçait un accord avec Rio Tinto, premier producteur mondial d’aluminium et le premier à être certifié ASI, permettant au géant suisse d’être approvisionné en aluminium durable pour fabriquer ses capsules (lire Accord entre Nespresso et Rio Tinto pour des capsules de café durables). D’autre part, hier, Nespresso a dévoilé un plan de $ 43,2 millions pour construire deux nouvelles lignes de production dans son usine de Romont, en Suisse. Enfin, la maison mère Nestlé a annoncé son intention de relocaliser d’ici 2021 le siège social de Nespresso sur son site historique de Vevey en Suisse, Nespresso étant actuellement à Lausanne.

CAOUTCHOUC

Septième perte hebdomadaire pour le marché du caoutchouc qui n’en finit pas de glisser. Les cours sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) ont perdu 2% cette semaine – le marché japonais est fermé vendredi pour cause de fête nationale – enregistrant sa plus longue série de pertes depuis début 2014 pour clôturer jeudi à 154,7 yens ($1,37) le kilo, perdant 3 yens par rapport à vendredi dernier. A Shanghai, les cours ont terminé à 10 785 yuans ($1 555 dollars) la tonne, contre 11 225 yuans vendredi dernier. « Aucune information favorable ne soutient les prix du caoutchouc. Les données fondamentales sont encore faibles. Les approvisionnements sont stables alors que les ventes de camions et de voitures ont diminué, selon des données récentes“, a estimé Hu Ding, analyste chez China Futures Research. Ajoutant que “Les prix du pétrole à court terme continueront également à peser sur les prix du caoutchouc“.

En outre, cette semaine, les Etats-Unis ont décidé de réexaminer les mesures antidumping sur les pneumatiques chinois tandis que le département américain a estimé que les fabricants chinois vendaient leurs élastiques aux Etats-Unis 30% moins cher.

La Thaïlande, premier producteur mondial de caoutchouc, a approuvé une nouvelle subvention et d’autres mesures d’une valeur de 18,6 milliards de bath ($567 millions) pour aider ses producteurs de caoutchouc, qui subissent une baisse de prix de 40% au cours des deux dernières années et menacent de manifester.

Les mesures entreront en vigueur en janvier et comprendront une subvention directe de 1 100 bahts ($33) par rai de terre (0,16 hectare), plafonné à 16 500 bahts, aux petits producteurs de caoutchouc inscrits auprès de la Rubber Authority of Thailand. Les producteurs de caoutchouc qui travaillent dans des fermes enregistrées mais ne sont pas propriétaires des terres recevront une aide financière de 700 bahts (21 $) par rai de terre, plafonné à 10 500 bahts.”Nous estimons que cette mesure profitera à environ un million d’agriculteurs et à 300 000 producteurs de caoutchouc“, a déclaré Luck Wajananawat, vice-ministre de l’Agriculture et des coopératives. Du côté des producteurs de caoutchouc on juge ces mesures insuffisantes. Manat Boonphat, président de la Small Rubber Tapper and Farmer Association of Thailand estime qu’elles ne toucheront que 10% des agriculteurs et trouverait plus efficace que le gouvernement achète le caoutchouc aux agriculteurs à un prix supérieur à celui du marché.

En Indonésie, le directeur général des plantations au ministère de l’Agriculture, a annoncé que le gouvernement envisageait de lancer un programme de replantation de caoutchouc en décembre 2018. Un projet pilote devrait être mené dans le sud de Sumatra, le nord de Sumatra ou Jambi et couvrirait environ 5 000 à 6 000 hectares. La zone de plantation d’hévéa reconstituée comprendra entre 65 et 70% d’hévéas, les cacaoyers ou caféiers pour la partie restante pour permettre aux agriculteurs d’obtenir un revenu supplémentaire en attendant que les hévéas commencent à produire. L’Indonésie a pour objectif de replanter 700 000 hectares de plantations de caoutchouc d’ici 2025 sur un total de 3,6 millions d’hectares de plantations de caoutchouc.

COTON

Les facteurs extérieurs – les cours du pétrole, les marchés boursiers, l’évolution du dollars, etc. – ont influencé à la hausse et à la baisse le marché du coton cette semaine écourtée par la fermeture des marchés américain jeudi pour Thanksgiving. Mercredi, les cours du coton ont clôturé en hausse, après deux jours de pertes, les investisseurs couvrant leurs positions courtes, à 78,78 cents la livre, soit un niveau quasi inchangé par rapport à vendredi dernier (78,29 cents).

En Chine, la production de coton devrait s’établir à 6,07 millions de tonnes (Mt) en 2018, en baisse de 0,9% par rapport à l’année précédente, selon un rapport publié jeudi par le Centre national d’information sur le coton de la Chine. La superficie cotonnière dans la région du fleuve Jaune a chuté de 8,3% par rapport à l’année précédente et celle du Yangtsé de 12,3%, contribuant à la baisse de la production globale de fibres. Quant à la production dans le Xinjiang, première région productrice de coton en Chine, elle devrait atteindre 5,01 Mt en 2018, soit à peu près le même niveau que l’an dernier, une augmentation de la superficie compensant les baisses de rendement causées par le mauvais temps.

En Inde, les analystes estiment que la production de coton en 2018/19 (sept./oct.) pourrait se situer en dessous des estimations de la Cotton Association of India (CAI) entre 32,5 et 33 millions de balles (170 kilos) en raison des dégâts causées aux cultures dans les principaux Etats producteurs comme le Maharashtra et le Gujarat. La CAI prévoyait en octobre une production de 34,3 millions de balles.

Les subventions mondiales au secteur cotonnier se sont élevées à $5,9 milliards en 2017/18, en hausse de 33 % par rapport à $4,4 milliards en 2016/17, selon les estimations du Comité consultatif international du coton (cf. nos informations).  

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme, une fois n’est coutume, ont légèrement progressé cette semaine pour clôturer jeudi à 2 057 ringgits ($490,46) la tonne, en hausse de plus de 2%. Mais le sentiment général du marché demeure baissier avec le ralentissement des exportations, la production en hausse et des stocks élevés et qui devraient le rester tant en Indonésie et Malaisie au cours des deux prochains mois.

En Malaisie, les exportations d’huile de palme ont chuté de 10,9% entre le 1er et le 20 novembre, selon AmSpec Agri Malaysia et de 3,2% pour Intertek Testing Services.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz ont augmenté pour la troisième semaine consécutive en Inde avec l’appréciation de la roupie. Les Philippines ont lancé un appel d’offre de 500 000 tonnes pour reconstituer les stocks dans ses entrepôts.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont augmenté à $367-$375 la tonne contre $363-$371  la semaine dernière. Une hausse entrainée par l’appréciation de la roupie, au plus haut de deux mois, qui réduit les marges des exportateurs. “Les prix du riz paddy ont bondi dans le Chhattisgarh et dans les autres États voisins, ce qui explique l’augmentation des prix à l’exportation“, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’État d’Andhra Pradesh.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont tombés à environ $410 la tonne contre $415-$420 la semaine dernière. En dépit de la faiblesse des prix, le commerce est calme car il n’existe plus de disponibilités à l’intérieur du pays. Un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville estime que les prix devraient encore baisser dans les prochaines semaines et ainsi se rapprocher des niveaux proposés par l’Inde et la Thaïlande.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5%, se situent à $382-$395 la tonne contre $380-$398 la semaine dernière. L’appel d’offres de 500 000 tonnes lancé par les Philippines – la Thaïlande y répondra pour partie – n’a pas eu d’effet sur les prix intérieurs mais ils pourraient toutefois augmenter à la fin de la semaine.

En Afrique de l’Ouest, la dépendance au riz importé ne se réduit pas. Les importations des 11 pays, Nigeria en tête, ont représenté 14, 950 Mt en 2017/18 et devraient encore progresser en 2018/19 à 15,880 Mt selon les prévisions de l’USDA (cf. nos informations). 

SUCRE

Le sucre blanc, hier sur le marché à terme de Londres, a terminé en dessous de la barre des $ 340 la tonne, à $ 339,60, parti de $ 341,10 vendredi dernier. Un marché affecté par un affaiblissement du real brésilien, ce qui rend ses exportations très compétitives, l’incitant à mettre des volumes sur le marché ce qui, à son tour, pèse sur les cours mondiaux. Quant au sucre roux, il a terminé mercredi soir -jeudi et vendredi étant fériés aux Etats-Unis- à 12,68 cents la livre (lb), quasiment au même niveau que vendredi soir (12,69).

En outre, la forte chute (-7%) mardi des cours du pétrole fait craindre que moins de canne aille à la production d’éthanol et davantage au sucre, ce qui pèse, là aussi, sur les prix car l’offre est plus abondante. Mais mercredi, le brut repartait de plus belle, enregistrant sur une seule séance une progression de $ 2 le baril, ce qui a soutenu les cours du sucre.

Des marchés qui ont navigué dans un contexte d’avalanche de chiffres et de prévisions. Mardi, le Département américain de l’Agriculture (USDA) estimait que la production mondiale en 2018/19 baisserait de 9 Mt, à 185,9 Mt, alors que la consommation grimperait à 176,8 Mt contre 174 Mt en 2017/18. A noter, cependant, que ceci représente une légère correction à la baisse par rapport aux précédentes prévisions de l’USDA en mai dernier, qui portait cette consommation mondiale à 177,6 Mt.

Cette révision à la baisse serait le fait du Brésil où les rendements auraient diminué alors qu’une part croissante, rappelons-le, de la canne va à la production d’éthanol. Ainsi, sa production baisserait de 8,3 Mt, à 30,1 Mt. En Inde, la production serait plutôt en hausse, de 1,8 Mt, à un record de 35,9 Mt car des superficies toujours plus grandes sont consacrées au sucre malgré la crise sur le marché intérieur. Surtout, ce serait la première fois en 15 ans que la production indienne excèderait celle du Brésil. Tout ceci porterait les stocks mondiaux à un record de 53 Mt, estime l’USDA, et ce, malgré la hausse prévisible de la consommation.

Rappelons qu’en fin de semaine dernière, l’Organisation internationale du sucre (OIS) a fortement révisé ses chiffres, elle aussi. La production en 2018/19 est maintenant estimée à 180,49 Ms contre 185,22 Mt auparavant, des chiffres significativement différents de ceux de l’USDA ; en 2017/18, la production, selon l’OIS, était à 182,70 Mt. Pour 2018/19, ceci est le fait d’une révision à la baisse des estimations pour les Etats-Unis (-2,2 Mt), d’Inde (2 Mt), des Etats-Unis (-750 000 t) et du Pakistan (-400 000 t).

Elle a ainsi réduit ses estimations d’excédent sur 2018/19, à 2,17 Mt contre les 6,75 Mt avancés précédemment. A noter que l’OIS a également réduit ses prévisions de surplus sur 2017/18, à 7,28 Mt contre 8,6 Mt. Ainsi, sur les deux campagnes cumulées, l’excédent se voit réduit de pas moins de 5,892 Mt -un volume conséquent- en raison de cette révision de pronostics.

Aujourd’hui, pour la deuxième fois ce mois-ci, la Chambre de Commerce de l’île Maurice a révisé à la baisse ses prévissions de production sucrière pour l’année, à 320 000 t. Elle était initialement prévue à 350 000 t puis a été révisée à 324 000 t le 6 novembre. En cause, des conditions météorologiques peu favorables.

 

 

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