24 janvier 2008 - 13:45 |

Le rendez-vous Matière du jeudi

Le crash boursier lundi et mardi, provoqué par la crise des sub-primes l’été dernier aux Etats-Unis, a entrainé avec lui une forte baisse des prix de nombreuses matières premières, industrielles et des softs. Deux raisons essentielles à cela, expliquent les analystes : « la perspective d’une récession mondiale qui, pour certains, est déjà amorcée et qui, de facto, affecterait la demande en matières premières ; la nécessité pour les investisseurs et spéculateurs qui se sont portés massivement sur les matières premières (matières et indices) ces dernières années et en particulier l’année dernière ($ 125 à 130 milliards placés l’année dernière, au niveau mondial, sur les marchés à terme de matières premières), de vendre pour pouvoir éponger leurs pertes sur les marchés financiers.
Mais, très vite, dès mardi soir, les matières regagnaient du terrain. Le café a grimpé à un plus haut en neuf ans et demi, le sucre étant très ferme comme le cacao. Il est vrai que, hormis le café, la deuxième denrée la plus échangée au monde après le pétrole, ces softs obéissent davantage à leurs propres fondamentaux qu’aux facteurs conjoncturels et la demande demeure très forte.

BOIS. Certains prix des bois d’Afrique de l’Ouest ont démarré l’année très fermes alors que ceux d’Asie baissaient face à une demande moins forte du secteur de la construction. Notamment, les grumes et sciages de wawa et de ceiba du Ghana ont grimpé de près de 20% au dernier trimestre 2007. Dopé par une forte demande française, le moabi toutes origines confondues, s’est aussi inscrit en hausse.
En revanche, l’azobé a baissé car les acheteurs européens ne se sont pas montrés très intéressants durant tout le mois de décembre. Les prix du belli aussi ont diminué car les acheteurs indiens continuaient à négocier et que la demande chinoise était moins forte.

CAFÉ. La situation étroite de l’offre face à la demande a très largement soutenu cette semaine encore les Robusta qui ont atteint mercredi leur prix le plus élevé depuis 9 ans et demi, la position mars atteignant mercredi soir les $ 2 060. Contribuant à cette situation étroite, le Vietnam, premier producteur mondial, qui, la semaine dernière, a continué à pratiquer son jeu devenu favori –la rétention- afin de pousser encore plus haut les prix qui avaient pourtant atteint la semaine dernière leur plus haut en 11 ans. En Côte d’Ivoire, l’offre est également faible mais pour des raisons de faible production liée à une météorologie défavorable durant la floraison : d’octobre à ce jour, seulement 200 t sont arrivées aux ports contre 1 500 t sur la même période la campagne dernière. Mais la campagne ne fait que démarrer.
Rappelons que selon une étude récente de la banque d’investissement Fortis, la production mondiale de café devrait augmenter de 12% en 2007/08 (octobre/septembre) par rapport à la campagne précédente, à 138,1 millions de sacs de 60 kilos (Ms), avec une progression de 17% de l’Arabica (à 88,72 Ms) mais une baisse de 4% du Robusta à 49,34 Ms. D’où la tendance haussière des prix sur ce dernier, alors que c’est le Robusta qui est le plus demandé par les pays émergents. Et ce sont ces derniers qui constituent l’avenir du marché mondial du café actuellement. Selon Fortis, Arabica et Robusta confondu, la progression de la demande mondiale en 2008/09 est calculée à 3,34%.

CACAO. Le cacao est proche de ces plus hauts depuis 4 ans et demi, soutenu par des achats de fonds de placement et spéculatifs. Mardi, les chocolatiers Barry Callebaut et Lindt & Sprüngli ont annoncé des ventes en forte et augmentation et ont déclaré qu’ils feront face à une matière première plus chère.
Toutefois, les analystes mettent en garde : le marché est suracheté et pourrait connaître une correction.
Les exportations de cacao au Cameroun ont chuté de 20% sur la période août-décembre 2007 par rapport à l’année dernière à 97 995 tonnes, selon le Cocoa and Coffee Interpressional Board (CCIB). En cause, la prolongation des pluies l’année dernière qui a ralenti la récolte et le processus de séchage. Avec l’installation de la saison sèche, les exportations devraient reprendre fortement en janvier estime le CCIB. D’ores et dé jà, on constate une hausse des volumes exportés en décembre à 24 271 tonnes contre 32 252 t en novembre mais ce montant est inférieur à celui réalisé en décembre 2006 (38 267 t).
Les arrivées de cacao dans les ports ivoiriens ont atteint environ 865 000 tonnes entre le 1er octobre et le 20 janvier, en hausse par rapport à l’année dernière (805 275 t), selon une estimation des exportateurs. Si les arrivées se sont ralenties à 30 000 t entre le 14 et le 20 janvier par rapport à l’année dernière (31 181 t), les exportateurs estiment qu’elles devraient augmenter d’ici à la fin du mois et devraient même atteindre un pic entre 35 000 et 40 000 t dans les deux à trois semaines avant de retomber.

CAOUTCHOUC. Le caoutchouc naturel a été fortement chahuté par le plongeon financier du début de semaine, le yen se raffermissant face au dollar, ce qui renchérit le prix du caoutchouc naturel dont les transactions se font en billet vert, et le prix du pétrole chutant ce qui abaisse le prix du caoutchouc synthétique, le grand concurrent du naturel. La perspective d’une récession mondiale fait craindre également une baisse des ventes de voitures.
A noter que les deux principaux pays producteurs de caoutchouc naturel, la Thaïlande et la Malaisie, entre en février dans leur période d’hivernage, lorsque la production de latex est très fortement réduite.

KARITE. Janvier est le mois creux, rappelle Michel Pobeda de Teco Finance Export. « On est à 6 mois de la dernière récolte et à 6 mois de la prochaine. Nous sommes au creux de la vague, il n’y a plus de marché. Si quelques stocks subsistent, le produit ne doit pas être de grande qualité”.
Un marché qui a été relativement stable en 2007 par rapport à 2006, avec des prix de l’ordre de € 1200 à 1500 la tonne.

POIVRE On constate une légère reprise des cours après plusieurs semaines de quasi-stagnation. Nous sommes dans l’inter campagne au Vietnam. Or le marché est ferme avec une offre limitée pour l’instant. La tendance pourrait se poursuivre selon un courtier.

RIZ. Les expéditions de riz du Vietnam, deuxième exportateur mondial derrière la Thaïlande, devraient diminuer de 3% cette année, à 4,5 millions de tonnes (Mt). Elles avaient déjà baissé en 2006 par rapport aux 5,2 Mt de 2005 car les superficies rizicoles se réduisent. Sur ces 4,5 Mt, 70% iraient aux pays asiatiques voisins et le reste en partie à l’Afrique.
Un riz qui devrait être encore plus cher cette année sur les marchés mondiaux car les disponibilités thaïlandaises devraient aussi se restreindre, à 8,7 Mt contre 9,4 l’année dernière. Les cours internationaux vont donc grimper. Selon des industriels interrogés par Reuters, ils augmenteraient encore de 6% cette année après la forte hausse de 16% en 2007.

SUCRE. Malgré la surabondance actuelle du sucre au niveau mondial, le blanc a enregistré vendredi dernier un plus haut en 13 mois, à $ 361 la tonne à Londres, avant de subir une correction en début de semaine comme les autres matières. La raison ? La perspective d’un rééquilibrage entre l’offre et la demande cette année. Mais ce qui pourrait inciter les producteurs à produire plus, exerçant une pression à la baisse. L’infernal cycle des matières premières….

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