Chronique Énergies renouvelables & Agriculture en Afrique de l’Ouest au 24 novembre 2021

 Chronique Énergies renouvelables & Agriculture en Afrique de l’Ouest au 24 novembre 2021
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En Afrique de l’Ouest, les problématiques agricoles et agroindustrielles demeurent aisément liées à celles des énergies renouvelables. L’actualité confirme et renforce chaque jour cet état de fait. Revenons donc sur les dernières nouvelles agro/énergies renouvelables que nous retrouvons cette semaine dans plusieurs pays : Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Nigeria, Sénégal.

Mais avant de se plonger dans l’actualité de ces pays, intéressons-nous aux dernières nouvelles qui touchent l’ensemble de la région.

CLIMATE FUND MANAGERS HUSK POWER SYSTEMS IRENA & FAO

GAMBIE GHANA GUINEE BISSAU NIGERIA SENEGAL

CLIMATE FUND MANAGERS

Le gestionnaire de fonds d’investissement pour le climat, Climate Fund Managers (CFM), vient de clôturer une levée de fonds de $ 675 millions. Une somme importante qui devrait être utilisée dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement, de la biodiversité et de l’énergie. CFM devrait -notamment- installer en Afrique près de 200 systèmes de dessalement de l’eau grâce à l’énergie solaire dans le cadre d’un partenariat avec le Fonds néerlandais pour le climat et le développement (DFCD).

HUSK POWER SYSTEMS

Le fournisseur de mini-grids solaires Husk Power Systems (HPS) a annoncé plusieurs objectifs destinés à faire évoluer l’électrification rurale en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Parmi eux, la volonté de construire près de 5 000 mini-grids d’énergies renouvelables pour alimenter les communautés rurales ainsi que les micros, petites et moyennes entreprises. Parallèlement, Husk Power souhaite accélérer la fourniture d’électricité en ciblant les activités agricoles et le développement de l’irrigation, l’agro-industrie et la chaine du froid.

IRENA & FAO

L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) et l’Organisations des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) viennent de publier le rapport Energies renouvelables pour les systèmes agroalimentaires – vers les Objectifs de développement durables et l’accord de Paris, qui souligne le potentiel des énergies renouvelables dans l’agro-industrie, la conservation des produits, les rendements agricoles et la protection de l’environnement via la conservation des forêts.

Le rapport souligne une augmentation de 20 % de la consommation d’énergie mondiale dans les systèmes agroalimentaire entre 2000 et 2018. L’origine de cette croissance provient de la mécanisation en Asie (pompes d’irrigation, machines, équipements de transformation etc.). Tandis qu’en Afrique -continent qui abrite 15 % de la population mondiale- l’utilisation de l’énergie est stable et représente 4 % de la consommation mondiale d’énergie dans les systèmes agroalimentaires.

Les énergies renouvelables pourraient être une alternative rentable face aux énergies fossiles dans l’agro-industrie. Toutefois, leurs utilisations restent à un stade précoce en Afrique (principalement à cause de leurs coûts). On compte quelques expériences de mini-grids utilisés dans l’agro-industrie dans des activités post-récoltes de broyage, pressage d’huile et fabrication de glace. En Sierra Leone ? par exemple, un mini-réseau de 250 kW alimente une usine de pressage d’huile de palme.

Les énergies renouvelables pourraient résoudre les problèmes de réfrigération et de conservation des produits. Le rapport souligne que les agriculteurs perdent 37 % de leur production alimentaire entre la récolte et la transformation du produit en Afrique subsaharienne ! Il s’agit essentiellement des fruits, légumes et des produits laitiers. L’accès à la réfrigération pourrait sauver au moins un quart de la production perdue actuellement. Ainsi l’accès à l’électricité est un facteur clé pour les pays africains où seuls 25 % de la population rurale du continent avait accès à cette énergie en 2019.

Les énergies renouvelables pourraient améliorer la production agricole. Le changement climatique perturbe les précipitations. En Afrique subsaharienne, 80 % des terres cultivées en Afrique sont des cultures pluviales, contre 3 % de terres irriguées. Développer l’irrigation s’avère donc déterminant, mais lorsque l’irrigation est réalisée dans le monde, les combustibles fossiles sont généralement utilisés. Quant à l’irrigation solaire, entre 2019 et 2020, on compte près de 40 000 pompes solaires vendues, principalement en Inde, en Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda) et au Sénégal.

Cuisiner sans polluer est un défi considérable. En 2019, près de 2,6 milliards de personnes dépendaient du charbon de bois pour cuisiner -polluant l’air et dégradant les forêts- parmi eux, 900 millions se situent en Afrique subsaharienne. Le Programme de partenariat pour le biogaz en Afrique a facilité l’installation de 72 000 digesteurs au Burkina Faso, Ethiopie, Kenya, Sénégal, Tanzanie, Ouganda depuis 2009.

Gambie

La Croix-Rouge gambienne (GRCS) a officiellement mis en service une pompe solaire afin de délivrer de l’eau au village de Jagula, dans la région de l’Upper River. D’une valeur de D 1 698 090 (€ 29 000 environ), cette réalisation est effectuée en collaboration avec Action contre la faim et le financement de l’Union Européenne ainsi que du Fonds humanitaire Thani Bin Abdullah Al Thani. Trop souvent victime de pénuries d’eau, ce forage devrait améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des habitants de la région. En effet, l’accès à l’eau facilitera le développement du village, la création de jardin communautaire et scolaire, de potager, la mise en œuvre de plus grandes cultures et assurer un filet de sécuritaire pour le bétail.

Ghana

L’Université technique de Kumasi met en œuvre un projet basé sur les énergies renouvelables pour fournir de l’électricité au réseau national. Baptisé « Hybrid Waste To Energy (W2E), a sustainable solution for Ghana », ce projet utilise les déchets ménagers pour obtenir de l’énergie biogaz, de la pyrolyse et du solaire photovoltaïque. En effet, l’installation est recouverte de panneaux solaires et comprend un laboratoire, un système de biogaz, une unité de pyrolyse, une usine composite et des réservoirs d’eau. Ce projet est actuellement essayé à Gyankoba, de la municipalité d’Atwima Nwabiagya, dans la région d’Ashanti, et devrait être multiplié dans 10 autres municipalités à travers le pays. Notons que ce projet reçoit le financement du ministère allemand de l’Education et de la Recherche (BMBF).

Guinée Bissau

Vendredi dernier, le gouvernement de Guinée-Bissau a reçu une aide de la Banque africaine de développement (BAD) pour financer le Projet d’appui aux chaines de valeur et à l’entreprenariat agricole et rural (PACVEAR). Ce dernier devrait permettre l’aménagement de périmètres maraichers d’une superficie cumulée de 22,46 hectares (ha) dans 13 villages et la construction de 13 forages à gros débit (5 m³/heure) équipés de systèmes d’irrigation solaire. L’appel d’offre est lancé et l’aménagement devrait être effectué sous 4 mois. Notons que le montant du financement de la BAD n’a pas été divulgué.

Nigeria

Les Etats-Unis signent un accord d’aide au développement de $ 2,1 milliards avec le Nigeria afin d’aider le pays à relancer son économie suite à la crise de la Covid-19 en favorisant une croissance économique inclusive et durable. Cet apport devrait toucher de nombreux projets parmi lesquels le projet quinquennal de l’USAID, Nigeria Power Sector. Estimé à $ 110 millions, le programme devrait créer 250 000 emplois dans le secteur de l’énergie et apporter de l’énergie solaire à 25 millions de Nigérians situés dans les zones rurales.

C’est une histoire de fraude. Le gouvernement fédéral nigérian a financé plusieurs sociétés pour la mise en œuvre de projets d’eau solaire dans les zones touchées par l’insurrection de Boko Haram à Machina, Karasuwa et Jakusko. Plus de 350 millions de nairas (€ 760 000 environ) semblent avoir été dépensés par le gouvernement pour des installations qui devaient être construites entre décembre et mars dernier. Une enquête de WikkiTimes -rapportée par l’International Center for Investigative Reporting (ICIR)- révèle ainsi que les forages n’ont jamais été réalisés malgré le paiement des entrepreneurs…

Sénégal

La Banque allemande de développement (KFW) et le gouvernement du Sénégal ont signé une convention de financement d’une valeur de $ 28,5 millions pour la création de système de stockage d’énergie par batterie. Ces installations sont destinées à assurer le développement des énergies renouvelables dans le pays et permettre au Sénégal de multiplier l’implantation de centrales solaires qui feraient passer sa part des énergies renouvelables à 30 % dans le mix énergétique sénégalais.

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