SARA 2019 : La France à l’honneur

 SARA 2019 : La France à l’honneur
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La France est haute en couleur pour cette 5ème édition du Salon ivoirien de l’agriculture et des ressources animales (Sara) 2019 qui s’est ouverte vendredi dans la capitale économique ivoirienne. Pays à l’honneur, son pavillon s’étend sur 460 m2 avec 63 exposants ; une trentaine d’entreprises serait également présente mais sans stand car plutôt en mission de prospection. Cinq régions ont répondu à l’appel de Business France et de l’Adepta – les Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, les Hauts-de-France et la Nouvelle Aquitaine, ceci en partenariat avec notamment FranceAgriMer, Digital Africa, l’AFD, le Cirad et l’IRD.

Un pavillon qui, depuis le début du Sara bruisse de monde, de visites de délégations, dont celle du ministre de l’Agriculture et de l’alimentation, Didier Guillaume, reparti samedi soir après une soirée à l’ambassade de France où il a décoré de l’Ordre français du mérite agricole le directeur général du chocolatier Cémoi, Benjamin Bessi, la sous-directrice des enseignements à l’INFPA, François Vanga, le conseillier technique auprès du Minader, Soumaila Bredoumy ainsi que le directeur régional du Cirad, Patrice Grimaud. La veille, au Sara, il avait salué une initiative collective de la communauté des acteurs agricoles français en Côte d’Ivoire, le Club Agro, en partenariat avec l’Ambassade. Car, si la France demeure un partenaire économique et agricole majeur pour la Côte d’Ivoire (son quatrième client en produits alimentaires et agroalimentaires avec € 700 millions), la concurrence est forte.

La création d’une chaire d’innovation technologique

Samedi, trois accords de coopération ont été signés.  Un concerne la création en Côte d’Ivoire de la chaire “Innovation agricole en Afrique” par la Fondation Pierre Castel. Concrètement, une formation agricole commune entre les deux pays sera mise en place et au moins 300 étudiants ivoiriens seront accueillis chaque année dans les lycées et écoles ainsi que dans les instituts techniques en France au cours des prochaines années. Un accord qui implique le ministère français de l’Enseignement et de la recherche. Cette chaire doit permettre aussi de faciliter les transferts de techniques culturales entre les deux pays, avec des variétés de riz français particulièrement ciblées. La déclaration d’intention a été signée entre l’Insitut national de formation professionnelle agricole (INFPA) du ministère de l’Agriculture et du développement rural de Côte d’Ivoire et la Direction générale française de l’Enseignement et de la recherche (DGER) en faveur de la formation professionnelle agricole.

D’ailleurs, une des visites de terrain, samedi, du ministre français était au Lycée de Bingerville, avant de se rendre sur une plantation cacaoyère à Anyama où, avec le Cirad, des innovations ont été mises en place par les villageois, notamment l’utilisation d’engrais organiques. A noter, s’agissant du Cirad, que Christian Cilas, actuellement directeur de l’unité de recherche sur les maladies et les ravageurs des cultures pérennes tropicales, prendra en janvier ses nouvelles fonctions de directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest côtière, basé en Côte d’Ivoire, en remplacement de Patrice Grimaud.

S’agissant des régions, les Pays de la Loire sont partis à la conquête du marché africain avec, depuis 2017, la création d’un poste basé à Abidjan pour accompagner les entreprises de la région et, très prochainement, la mise en place avec Business France et les trois chambres consulaires du “Booster Afrique” : il sélectionnera une dizaine d’entreprises pour consolider leur modèle économique et les soutenir financièrement. Quant au Grand Est, il ambitionne de créer dans la capitale économique un World Trade Center Metz-Saarbrücken. Un protcole d’accord  a été aussi entre la Chambre nationale d’agriculture de Côte d’Ivoire et la Chambre régionale d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes en faveur des filières stratégiques.

L’innovation est aussi au rendez-vous. Dès le lendemain de l’ouverture du Sara, une quarantaine de porteurs de projets s’est réunie sous la houlette de la plateforme Digital Africa pour organiser le Agreen Startup Hackaton. La remise des prix doit avoir lieu samedi prochain, la veille de la fermeture du Sara.

“Un marché des sauces tout simplement énorme”

Cheminant à travers les stands sur le pavillon France, on constate à quel point l’offre française est diversifiée, technique et pragmatique. Par exemple, S3A accompagne les professionnels africains de la charcuterie en leur proposant des conseils et produits pour transformer la viande et le poisson dans les pays africains, que ce soit des ingrédients, des boyaux, des emballages ou du petit matériel. AVL, quant à lui, propose des packs de matériel agricole d’occasion pour développer 100 ha de maïs (en forte demande en raison du développent de l’aviculture, souligne Yvette Dervoet) ou 200 ha de riz, le pack comprenant un tracteur, des outils de labour, d’affinage, de semis, d’engrais de pulvérisation.Autre exemple, Erwan Bretel de chez Ferchaud Ingenierie est en prospection : “Nous mettons à disposition de clients un dessinateur avec une compétence en matière de dessin et dans le métier ciblé“, comme des laiteries, explique Erwan Bretel, “itinérant” sur le Sara.

Après avoir développé ses activités en Algérie il y a 4 ans qui aujourd’hui représentent 40% de son chiffre d’affaires, Proxes mise depuis deux ans sur le développement du marché d’Afrique sub-saharienne pour ses lignes de production agro-alimentaire clés en main. Présent au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Cameroun sur lesquels il dégage un chiffre d’affaires de € 2,5 millions sur un total de € 8 millions, il est positionné sur les unités de fabrication de sauces mayonnaises, tomate, moutarde, etc. sur lesquels il est leader en technologie de procédés. Un segment en plein essor. “Le marché des sauces en Afrique est tout simplement énorme“, souligne Taylor Livingston. “L’arrivée des grands du fast food comme Burger King, etc. amène une forte hausse de la consommation de ces produits. La moutarde, par exemple, marche très bien au Sénégal et au Cameroun.”

Concurrent de Proxes sur des “niches de marché seulement“, selon Taylor Livingston, Pierre Guerin Technologies est présent en Côte d’Ivoire sur le segment laitier depuis une quarantaine d’année, lorsque Nestlé s’est implanté. Spécialiste de l’équipement et des lignes de process en acier inoxydable pour l’industrie agro-alimentaire, le groupe conçoit mais aussi rénove l’outil industriel. La Côte d’Ivoire et les pays d’Afrique francophone sont des marchés sur lequel le groupe mise, souligne Laurent Monnereau, avec pour principaux concurrents le matériel “low cost” chinois et indien. Son chiffre d’affaires sur l’Afrique de l’Ouest pourrait friser le million d’euros l’année prochaine.

Une offre française diversifiée et pragmatique

Autres exemples, la start-up française de solutions d’agri-intelligence pour l’Afrique, E-Tumba (e-tumba, le conseil agricole personnalisé au producteur), est sur le point de signer un projet de cacao bio en Côte d’Ivoire après en avoir conclu un sur le maïs en RD Congo avec l’ONG américaine Anzafrika. “Nous sommes la seule solution en Afrique de conseil individuel à la parcelle jusqu’à la récolte“, précise son CEO Dieu-Donné Okalas Ossami.

Quant au n°5 mondial des laboratoires, Ceva Santé Animale est présent depuis 25 ans en Afrique, sur deux axes, les ruminants et l’aviculture. Sur un chiffre d’affaires mondial de € 1,2 milliard, l’Afrique représente une faible part mais le groupe est présent dans 30 pays avec un total de 22 personnes, essentiellement des vétérinaires qui dirigent les équipes locales. Ceva est en Côte d’Ivoire depuis deux ans. “La vaccination au couvoir est notre spécificité. Cela évite les problèmes de conservation du vaccin et de chaîne de froid. Avec la machine, on peut vacciner 2500 poussin par heure”, précise-t-il. D’autre part, au Sénégal, le leader local avicole Sedima-qui a obtenu le 4 octobre dernier la franchise KFC- a recours aux vaccins au couvoir.

Le bureau d’études -le seul sur le Pavillon France- BRL Ingénierie, spécialisé notamment sur l’eau agricole et la sécurité alimentaire, réalise 60% de son chiffre d’affaires à l’international dont 80% en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest ; il est en Côte d’Ivoire depuis 2015 et œuvre notamment sur le projet de pôle agro-industriel du Bélier qui est le tout premier du pays.

L’industriel M21, spécialisé dans les solutions biologiques pour protéger les végétaux, travaille avec la Cie Fruitière depuis deux ans pour protéger les bananiers. “En les reproduisant par bio-mimétisme en laboratoire, puis en concevant les diffuseurs et els modes d’application innovants, des solutions sont mises au point pour lutter contre les ravageurs, que ce soit les charançons du palmier ou du bananier, la mineuse de la tomate, les mouches des fruits ou la légionnaire d’automne, par exemple. ” Par biométrie, on reproduit ce que la femelle extrait pour attirer le mâle, ce qui permet d’éviter la reproduction. Nos solutions sont conditionnées en billes, en micro encapsulation naturelle et biodégradable, appliquées ensuite par des fusils de paintball”, explique Hermann Gbrou. En Côte d’Ivoire, la société est en discussion avec des acteurs des filières cacao, café et riz. Au Ghana, des tests sont en cours sur le palmier à huile, au Cameroun la société travaille sur le bananier, au Nigeria, sur le maïs s’agissant de la chenille légionnaire. Une solution qui devrait être validée par la FAO.

Des exemples parmi d’autres de cette offre française au Sara avec un grand manquant, la gastronomie !

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