Les prévisions matières premières agricoles de la Banque mondiale pour 2017

 Les prévisions matières premières agricoles de la Banque mondiale pour 2017
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Si la Banque mondiale prévoit un redressement sensible des prix des matières premières industrielles comme l’énergie et les métaux en 2017, en revanche, la hausse des cours des produits agricoles dans leur ensemble devrait être inférieure à 1 % en 2017, selon sa publication trimestrielle Commodity Markets Outlook parue ce matin.

Dressant le bilan du quatrième trimestre 2016, la Banque note que son indice des prix agricoles a baissé de 2%, entrainés par de fortes chutes des prix des boissons et des produits alimentaires. A noter que la Banque inclut le cacao dans sa catégorie boissons -"beverage"- et donc la chute du prix de la fève a largement impacté tout le segment agricole. Le prix des céréales, quant à lui, a perdu plus de 4% car la récolte mondiale de riz a été plus importante que prévu et que les perspectives de production de blé et de maïs se sont améliorées.

Quant à 2017, les experts de la Banque estiment que les prix des produits agricoles devraient "augmenté modestement" dans leur ensemble, avec d'importantes disparités entre produits. Le marché mondial du cacao devrait être bien approvisionné en 2016/17 et, par conséquent, les prix baisseraient de 10% en 2017 avant de remonter légèrement en 2018, selon la Banque. Quant au café, le déficit du marché du Robusta devrait conduire à une hausse de 13% de son prix en 2017 alors que celui de l'Arabica, dont le marché serait plus équilibré, devrait être inchangé.

Les prix des céréales baisseraient de 3% (la production de maïs augmenterait de 8% en 2016/17, le riz de 2%), mais les oléagineux et tourteaux devraient augmenter de 3% après les 5% de hausses de leurs prix déjà en 2016. A noter que, selon l'analyste Thomas Mielke d'Oil World qui a également publié cette semaine ses prévisions de prix, l'huile de palme brute devrait atteindre un pic de $ 800 la tonne au premier trimestre 2017, avant de perdre du terrain et descendre à $ 600 en 2018.

Le prix du coton ne devrait augmenter que modestement en 2017 après une hausse relativement régulière en 2016 malgré la faiblesse de la demande mondiale. Quant au caoutchouc naturel, l'impact d'El Niño réduisant l'offre combiné à une forte demande mondiale, ont soutenu les prix qui devraient grimper à $ 2,10 le kilo en 2017 contre $ 1,61 en 2016, en moyenne.  

Les changements de paradigme politique

Quels sont les risques à anticiper sur 2017 ? Ils viendraient principalement du côté de l'offre, au niveau du prix de l'énergie (prévu en moyenne à $ 55 le baril sur 2017 contre $ 49 au dernier trimestre 2016) et des engrais (hausse de 2% des prix attendue en 2017), la météo (le facteur La Niña devrait disparaitre dès février), les politiques nationales et commerciales de soutien à l'agriculture, selon la Banque mondiale.

Les politiques de subvention aux agricultures nationales reviennent à la mode (Egypte sur le blé, Thaïlande sur le riz). Côté Chine, acteur majeur sur la scène agricole mondiale, elle devrait continuer à réduire ses stocks agricoles (Pékin détenait en 2015/16 11,2 millions de tonnes de coton sur les 20,1 Mt de stocks mondiaux et la moitié des stocks planétaires de riz et de maïs) afin d'opter pour des politiques avec un moindre impact sur les cours mondiaux et ce, dans la grande mouvance actuelle de libéralisation économique en Chine. Alors, certes, souligne la Banque mondiale, l'écoulement sur les marchés mondiaux de matières premières  jusque là détenues dans les immenses stocks chinois impactera, à court et moyen termes, les prix mondiaux de ces denrées mais à terme, cela devrait eprmettre de stabiliser les marchés.

La mode des biocarburants passe

Autre facteur à garder à l'esprit pour 2017, le développement des biocarburants qui devrait continuer à exercer une demande sur les produits agricoles. Ceci dit, les biocarburants ne devaient pas connaître "le grand soir". "Le rôle des biocarburants devrait être moins important à long terme", note les auteurs du rapport de la Banque mondiale, "car les décisionnaires reconnaissent les bénéfices limités de l'indépendance environnementale et énergétique découlant des politiques en matière de biocarburant" ("However, the role of biofuels is expected to be less important in the long term, as policy makers acknowledge the limited benefits of environmental and energy independence from biofuels policies", selon la version en anglais du rapport). Ainsi, la Commission européenne a décidé le 30 novembre dernier que les biocarburants liquides ne devraient constituer que 7% des sources d'énergies renouvelables dans l'Union d'ici 2021 et seulement 3,8% d'ici 2030.  D'ailleurs, la croissance des biocarburants n'a été que marginale ces deux dernières années et ne serait que 3% en 2017 après avoir caracolé à +10% par an ces 15 dernières années.

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