Agriculture et climat en Afrique au menu de l’ Assemblée de l’ONU

 Agriculture et climat en Afrique au menu de l’ Assemblée de l’ONU
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Depuis le début de la semaine, lors du Sommet Action Climat, de la 74ème assemblée générale des Nations Unies  à New York et des réunions parallèles, les questions de l’agriculture et du climat ont été abordées en mettant l’accent sur l’impact du changement climatique et sa nécessaire adaptation, en particulier au Sahel, mais aussi sur les ressorts de la coopération sud-sud.

Le président du Niger et actuel président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Mahamadou Issoufou, a lancé un appel en faveur d’une « réaction mondiale » aux problèmes de dégradation des terres qui constituent une menace pour la bande aride du Sahel où les 250 millions de personnes vivant dans la région sont confrontés à la sécheresse, la désertification et autres conséquences du changement climatique. Il a souligné que chaque année, les agriculteurs du Niger perdait 100 000 hectares de terres arables tandis que les points d’eau se raréfiaient impactant les éleveurs. « Il est toujours possible d’inverser la tendance et de relever ces défis, mais cela exige des efforts d’adaptation qui soient durables ainsi que des actions collectives, avec le soutien de nos partenaires », a-t-il déclaré. Si le président du Burkina Faso, et président en exercice du G5 Sahel, Roch Kaboré a surtout abordé la sécurité et le terrorisme, il a remarqué lors du Sommet action climat qu’ « il existe un lien évident entre désertification et changement climatique » et souligné que le changement climatique « accentue les conflits entre les agriculteurs».

«Relever les défis au Sahel nécessitera une réponse commune, coordonnée et cohérente afin de fournir aux personnes vivant dans cette région désertique des moyens d’existence viables et d’établir des systèmes agroalimentaires résilients» a affirmé de son côté le directeur général de la FAO, Qu Dongyu. Au Sahel où cette année près de 4 millions de personnes sont menacées par une situation d’insécurité alimentaire aiguë a-t-il précisé et où la crise climatique tend à augmenter les conflits locaux entre agriculteurs et éleveurs.

Face au changement climatique, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, s’est engagé mardi à augmenter les engagements de financement de $12,5 milliards pour aider les pays à s’adapter aux effets du changement climatique entre 2020 et 2025. La Banque mettra en place des systèmes d’alerte précoce afin que les gouvernements africains soient informés des menaces émergentes ainsi qu’un système d’assurance prévoyant des indemnisations en cas de sécheresse, d’inondations et d’autres calamités. En outre, une collation de donateurs, d’institutions humanitaires et de philanthropes, au premier rang desquels la fondation Bill&Melinda Gates, s’est engagé à investir plus de $650 millions dans le consortium du CGIAR sur les trois prochaines années afin d’aider 300 millions de petits exploitants agricoles de pays en développement à s’adapter aux effets du changement climatique (Lire :  $650 millions promis pour adapter l’agriculture au changement climatique en Afrique et Asie).

La coopération sud-sud, une solution à  la sécurité alimentaire

Les regards se sont tournés vers la coopération Sud-Sud pour accroître la sécurité alimentaire en Afrique à l’occasion d’une session co-organisée par la BAD. « Cela suffit ! Il est inacceptable que 250 millions d’Africains continent de souffrir de la faim. L’heure est à l’action ! » s’’est indigné Akinwumi Adesina. Ajoutant « Des solutions, qui ont fait leurs preuves au Sud, existent : répliquons-les à grande échelle, en mettant en commun toutes nos ressources ! ». Une vision que n’a pas démentie la secrétaire exécutive de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique, Vera Songwe. « Le Rwanda est aujourd’hui un exportateur net de riz alors qu’il en était un importateur net en 2008. Pourquoi la Guinée-Bissau, qui en est un importateur net, n’arriverait-elle pas à suivre l’exemple du Rwanda, en profitant du leadership marocain dans les engrais, de l’expertise technique de la FAO et du financement de la BAD? » s’est-elle interrogée.

Pour le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, la coopération Sud-Sud est déjà mise en œuvre et fait de plus en plus d’adeptes. « Les initiatives de coopération Sud-Sud lancées récemment connaissent un succès important. L’initiative Soutenabilité, Stabilité et Sécurité (3S), initialement lancée par le Maroc et le Sénégal pour créer des emplois aux jeunes, aux femmes et aux migrants à travers la restauration de terres dégradées, connait un tel succès que 14 pays l’ont rejointe », témoigne-t-il. Au exemple, le Fonds fiduciaire de coopération Sud-Sud, financé par le Brésil, qui contribue à l’objectif de transformer16 millions d’hectares de savanes d’Afrique pour la production de maïs et de soja et développer le bétail.

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