La Chronique matières premières agricoles au 25 novembre 2021

 La Chronique matières premières agricoles au 25 novembre 2021
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La découverte en Afrique du Sud mais aussi au Botswana et à Hong Kong d’un nouveau variant du coronavirus, le B.1.1.529, ébranlent les places financières attendues aujourd’hui en net repli, les investisseurs étant plutôt incités à délaisser les actifs risqués. Les places asiatiques et les rendements des emprunts d’Etat sont déjà en baisse.

En effet, ce variant présente des mutations “très inhabituelles” qui constituent une source de préoccupation car elles pourraient lui permettre d’échapper à la réponse immunitaire de l’organisme et le rendre plus transmissible, ont déclaré les scientifiques lors d’une conférence de presse. L’Afrique du Sud demande une réunion d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Rappelons que le variant Beta, l’une des quatre variants qualifiés de “préoccupants” par l’OMS en raison de son taux de contagiosité élevé, a été initialement identifié en Afrique du Sud en 2020 avant de se répandre dans le monde entier.

Ces annonces interviennent alors que plusieurs pays européens renforcent leurs mesures en raison d’une recrudescence de l’épidémie sur le continent. “Les marchés anticipent le risque d’une autre vague mondiale d’infections si les vaccins se révèlent inefficaces. Les espoirs de reprise pourraient être anéantis”, a déclaré Moh Siong Sim, analyste chez Bank of Singapore.

Les choses vont vite car hier encore, les Bourses européennes avaient clôturé sur un timide rebond grâce notamment au secteur défensif et aux solides résultats de Rémy Cointreau. Toutefois, les inquiétudes se faisaient déjà sentir et l’absence des investisseurs américains sur les marchés pour cause de Thanksgiving a pesé.

Face au dollar, l’euro, en repli de 2,9% depuis le début du mois, a hier clôturé en légère hausse, à $ 1,1212.

Affectés par les incertitudes sur la réaction de l’Opep et ses alliés après la décision de plusieurs grands pays, dont les Etats-Unis et le Japon, de débloquer leurs réserves stratégiques de brut, le Brent a terminé hier à $ 82,15 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 78,12. A noter que els déblocages américians ne représenterairnt que trois jours de consommation nationale de pétrole.

CACAO CAFÉ CAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE 

CACAO

Si mardi, sur le marché à terme de Londres, le cacao a touché son prix le plus élevé depuis un mois, à £ 1 758 la tonne sur l’échéance mars, il ne fallait pas avoir de faux espoirs : la hausse était essentiellement liée à des facteurs monétaires, la livre sterling chutant face aux autres devises. Ceci rend toujours très attractif les achats de cacao sur cette place financière. Rappelons que le cacao demeure quasiment la seule matière première agricole cotée en livre sterling à Londres. Toutes les autres sont en dollars.

Ainsi, partie de £ 1 722 en fin de semaine dernière, la tonne de fèves a en définitive clôturé hier soir en baisse sur la période sous revue, à £ 1 718 à Londres. La même lourdeur a été notée sur le marché de New York où la position mars est tombée de $ 2 583 en fin de semaine dernière à $ 2 512 hier soir à la clôture.

On s’y attendait…. Les pluies plus élevées que la moyenne en Côte d’Ivoire apaisent les craintes -les rumeurs spéculatives ?- sur les niveaux de récolte des deux premiers producteurs mondiaux. On est tenté de dire que depuis le début, les planteurs indiquaient que le développement de la campagne était bon même si tardif au démarrage. En définitive, Citibank estime que 2021/22 sera bel et bien déficitaire après les 300 000 t d’excédent sur 2020/21, mais ce serait un petit déficit mondial de l’ordre de 75 000 à 100 000 t.

« Les grands équilibres mondiaux sont en train de glisser d’une situation d’excédent à celle de déficit, mais nous maintenons notre moyenne (de prix estimé) de $ 2 620 la tonne contre $ 2 500 en 2021 », écrit la Citi.

Côté production, la saison sèche démarre en Afrique de l’Ouest mais les planteurs ivoiriens interrogés par Reuters estiment que les pluies, exceptionnellement abondantes jusqu’à la semaine dernière, devraient permettre de garder une bonne humidité des sols jusqu’à la fin de la récolte principale, en février-mars. Cette dernière semaine, les pluies ont persisté, restant quasiment au niveau moyen des cinq dernières années ou légèrement en dessous, rapporte Reuters.

Mais pour l’instant, force est de constater que les arrivages de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro demeurent lents alors qu’on termine quasiment le deuxième mois de ce début de campagne. Ainsi, selon les exportateurs, 576 000 t auraient été acheminées en zones portuaires entre le 1er octobre et le 21 novembre, en baisse de 10,8% par rapport à la même période la campagne dernière.

CAFÉ

Il grimpe, il grimpe le café ! Mardi, les deux variétés de café -Arabica et Robusta- caracolaient à des niveaux de prix qu’ils n’avaient plus enregistrés depuis 2011 (lire notre article Les prix du café, Robusta et Arabica, au plus haut depuis 10 ans !). Le marché demeure inquiet face à la pénurie de conteneurs, les craintes de voir des producteurs faire défaut et la chute des stocks certifiés : sur la seule journée de mardi, les stocks certifiés du marché de New York ont chuté de 70 000 sacs. Du jamais vu…. Ces 20 derniers jours, ils ont baissé de 205 000 sacs.

Quant aux cours mondiaux du café, parti de $ 2 245 sur l’échéance janvier, la tonne de Robusta a terminé hier soir à $ 2 292 à Londres. L’Arabica n’a pas été en reste, la livre (lb) passant de $ 2,3340 sur mars à $ 2,4540 hier soir.

Au Vietnam, le café Robusta de la nouvelle récolte n’est pas encore arrivé aux ports en volumes conséquents car il pleut dans les zones de production. En outre, les travaux de récolte et de préparation des grains pâtissent de la pénurie de main d’œuvre à cause de la pandémie et des mesures de restrictions. Ceci dit, le Département américain de l’Agriculture (USDA) estime que les exportations de café vert du Vietnam pourraient progresser de 4,5% cette campagne 2021/22 pour atteindre 22,9 millions de sacs (Ms).

Sur le marché vietnamien cette semaine, les producteurs dans les Central Highlands se sont vus proposer 40 200 à 42 000 dongs pour leur kilo de café ($1,77-$ 1,85) contre 39 900 à 42 000 dongs la semaine dernière. « Il est encore trop tôt pour savoir si la pluie ce dernier mois a abîmé les grains de café mais s’il continue de pleuvoir en décembre, la qualité se verra impactée », a expliqué à Reuters un trader dans la ceinture caféière du n°1 mondial du Robusta. Selon un autre trader, la demande est bonne pour le café de la nouvelle récolte mais les exportateurs sont prudents étant donné l’étroitesse de l’offre, le manque de conteneurs et l’évolution très incertaine de la Covid-19. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, s’est vendu avec une décote de $300 sur le contrat mars contre $ 280 à $ 300 sur l’échéance janvier la semaine dernière.

Quant à l’Indonésie où il reste encore quelques rares lots à l’export, la décote est stable a environ $ 250 sur le contrat janvier.

N°1 du Robusta africain et premier exportateur africain de café, l’Ouganda a enregistré une envolée de 14% de ses exportations de café en octobre par rapport à il y a un an, à 486 534 sacs de 60 kg, grâce essentiellement à une météorologie clémente (lire nos informations cette semaine : Les prix du café, Robusta et Arabica, au plus haut depuis 10 ans !)

Côté marchés, la coopérative brésilienne monteCCer a vendu cette semaine au négociant Volcafé son premier lot de café Arabica neutre en carbone. Et, cerise sur le gâteau, elle l’a vendu quasiment au double du prix d’un café certifié durable, à $ 17,90 environ le sac ! Le marché destinataire final ? Le Japon, toujours friand du haut de gamme et de qualité. MonteCCer a vendu 300 sacs de 60 kg et cinq autres contrats de vente sont sur le point d’être conclus environ au même prix, selon le directeur de la coopérative Regis Damasio Salles.

CAOUTCHOUC

 Net rebond sur le marché du caoutchouc avec une clôture hier sur l’Osaka Exchange à 256,7 yens ($2,2) le kilo contre 229,8 yens vendredi dernier et à 15 755 yuans ($2 467) la tonne contre 14 935 yuans sur le marché de Shanghai. Un marché porté par le plan record de relance au Japon, soit $490 milliards, la reprise anticipée du secteur automobile ainsi que la faiblesse du yen par rapport au dollar. Toutefois, vendredi matin, les cours ont brisé quatre séances consécutives de hausse, alors qu’un variant  du coronavirus nouvellement identifiée en Afrique du Sud fait craindre un ralentissement économique, faisant grimper le yen valeur refuge par rapport au dollar

L’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC) estime que les fondamentaux du marché sont solides avec une prévision d’une hausse de la demande en caoutchouc naturel de 8,3% en 2021 à 14,028 Mt. Face à la reprise de la demande, l’offre mondiale de caoutchouc ne progresserait que de 1,8% à 13,836 Mt. Le marché serait donc légèrement en déficit en 2021.

Pour le mois d’octobre, l’évolution des prix sur le marché physique et à terme a été contrastée indique l’ANRPC. Ainsi,  les prix des contrats à terme du caoutchouc ont enregistré une reprise après une chute le mois dernier sur les marchés clés, à savoir Shanghai Futures Exchange, Singapore Exchange et Osaka Exchange avec une croissance respective de  9%, 6,1% et 10,3 %  au mois d’octobre. A l’inverse, les prix sur les marchés physiques étaient en baisse en Thaïlande et en Inde. Seule exception, la  Malaisie où le prix moyen FOB du SMR20 (+ 6,7%) et le latex en vrac (+5%) ont progressé.

Au Japon, les constructeurs japonais annoncent que leurs activités devraient retourner à la normale en décembre. Ainsi Toyota a annoncé la semaine dernière que ses usines retrouveraient une activité normale, une première depuis sept mois, en décembre. La même annonce a été faite par Honda.

COTON

Stabilité sur le marché du coton où la fermeté du dollar a exercé une pression à la baisse. Hier les cours ont clôturé sur l’ICE à 115,78 cents la livre contre 116,43 cents vendredi dernier.

Aujourd’hui, le spécialiste Cotlook, estime que les stocks mondiaux vont moins baisser pour la campagne 2021/22 par rapport à son estimation du mois d’octobre. En effet, ils ne diminueront « que » de 110 000 tonnes contre 207 000 tonnes estimées en octobre. La raison ? Une hausse de 97 000  tonnes de  la production mondiale  sous l’impulsion d’une augmentation dans les pays africains de la Zone Franc  (+67 000 tonnes) et en Turquie (+30 000 tonnes). Ainsi la production mondiale de coton atteindrait 26,043 millions de tonnes (Mt) pour une consommation inchangée à 26,153 Mt.

Au Vietnam se déroulera le 1er décembre la cinquième Cotton Day  Vietnam organisée conjointement par l’Association du textile et de l’habillement du Vietnam (Vitas) et l’American Cotton Association avec pour thème principal la durabilité avec notamment le programme américain Cotton Trust Protocol.

En Côte d’Ivoire, le directeur exécutif de l’Association professionnelle des sociétés cotonnières de Côte d’Ivoire (Aprocot-Ci), Brou Kouakou revient dans une interview pour CommodAfrica sur les facteurs internes et exogènes de la détérioration de la qualité de la fibre  ivoirienne. La principale cause identifiée est que le coton-graine n’est pas assez trié lors de la récolte  et pas assez contrôlé au niveau des usines d’égrenage (Lire : Dégradation de la qualité du coton en Côte d’Ivoire : « le facteur principal réside dans le manque de rigueur de la récolte du coton-graine »).

Le Burkina Faso a adopté un plan d’action triennal, doté de FCFA 36,225 millions,  de lutte contre les pires formes de travail des enfants dans les champs de coton de  la Boucle du Mouhoun ( Lire : Le Burkina Faso adopte un plan de lutte contre le travail des enfants dans la boucle du Mouhoun).

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme a été volatil mais termine la semaine quasi-inchangé à 4 923 ringgits ($1164,38) la tonne hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre  4988 ringgits vendredi dernier. La faiblesse du pétrole a pesé sur le marché mais la demande en huile de palme est en hausse, même si le rythme de croissance diminue, les exportations d’huile de palme de Malaisie progressant entre 4,5% et 10,9% suivant les inspecteurs sur la période du 1er au 25 novembre par rapport à la même période au mois d’octobre.

La production mondiale des quatre principales huiles végétales – huiles de palme, de tournesol, de soja et de colza – devrait augmenter à son plus haut niveau en quatre ans, a déclaré mardi l’analyste principal Thomas Mielke. La production des quatre huiles devrait augmenter de 6,3 à 6,8 millions de tonnes au cours de la campagne 2021/22 après deux années de déficit de production mondial.

En Indonésie, les exportations et la production d’huile de palme devraient toutes deux baisser en 2021 pour la deuxième année consécutive, a déclaré mardi le vice-président de l’association de l’huile de palme du pays (Gapki), Togar Sitanggang. Les exportations totales d’huile de palme devraient chuter, pour une deuxième année, de 0,34% en 2021 par rapport à l’année précédente, a déclaré Togar Sitanggang, lors d’une conférence virtuelle. Celles d’huile de palme brute (CPO) devraient quant à elles chuter de 60,5% cette année par rapport à 2020, a-t-il ajouté, le principal acheteur indien optant plutôt pour des produits raffinés. Ainsi, les exportations de produits à base d’huile de palme raffinée devraient augmenter de 22,2% en 2021. Le vice-président de Gapki a déclaré que la baisse des exportations de CPO est conforme à l’objectif du pays de cesser complètement les exportations de CPO, tout en augmentant les expéditions d’huile de palme à valeur ajoutée.

RIZ

Si les prix à l’exportation du riz thaïlandais ont atteint leur plus haut niveau sur un mois, c’est la stabilité qui prime tant en Inde qu’au Vietnam.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont grimpé à un plus haut d’un mois à $390- $403$ la tonne contre $385- $395  la semaine dernière sous l’effet conjugué d’une hausse des commandes et du renforcement du bath par rapport au dollar.

Au Vietnam, les prix Viet 5 % sont restés inchangés à $425- $430  la tonne. Selon plusieurs sources, les Philippines, le plus grand marché d’exportation de riz du Vietnam représentant environ 40% des exportations du riz vietnamien, prendraient des mesures afin de limiter temporairement les importations en provenance du Vietnam en raison d’une importante récolte nationale. Les expéditions de riz du Vietnam vers les Philippines au cours des 10 premiers mois de cette année ont augmenté de 12,3% par rapport à l’année précédente pour atteindre 2,09 millions de tonnes (Mt), selon les données douanières du gouvernement. Toutefois, selon les commerçants cela ne devrait pas avoir un impact majeur sur les exportations de riz du Vietnam car aujourd’hui les  approvisionnements sont faibles et la récolte n’est attendue que fin février ou début mars.

En Inde, les prix du riz étuvé 5%  se sont stabilisés après deux semaines consécutives de baisse et restent  inchangés à $354- $360 la tonne. La récolte d’été arrive progressivement sur le marché augmentant les approvisionnements.

SUCRE

Non, le sucre roux ne termine pas la période sous revue en ayant franchi les 20 cents la livre (lb) ! Pourtant, il l’a frôlé une bonne partie de la semaine : partie de 19,99 cents vendredi dernier, il a clôturé hier soir à 19,93 cents à New York. Quant au sucre blanc à Londres, le prix de la tonne s’est contracté, passant de $ 512,60 en fin de semaine dernière à $ 511,20.

Dans une note de marché, la Citibank a relevé cette semaine ses prévisions de prix moyen sur 2022, les faisant passer des 19,50 cents estimés précédemment à 20,30 cents maintenant. Pour étayer sa position, la banque estime que l’étroitesse du marché persistera jusqu’à la campagne 2022/23 notamment à cause de l’impact du phénomène métrologique La Niña au Brésil et des faibles volumes d’exportations attendus d’Inde.

La ceinture sucrière du centre-sud du Brésil devrait enregistrer une baisse d’environ 10% de sa production cette campagne, à 30,7 Mt a indiqué mardi le gouvernement après avoir évalué l’impact qu’ont eu les gelées et les sécheresses. Selon l’agence statistique gouvernementale, la Conab, la production de canne à sucre est estimée à 520 Mt contre la prévision de 538 Mt avancée en août. Le rapport souligne que cette baisse doit, certes, être essentiellement attribuée aux conditions météorologiques défavorables mais aussi à l’attrait qu’exercent d’autres cultures que la canne comme le soja et le maïs qui sont plantés en rotation avec la canne. Selon la Conab, les superficies dédiées à la canne sont en baisse de 4,1% sur 2021/22, à 8,2 millions d’hectares. Les rendements chuteraient de 9,5% en raison de cette mauvaise météo.

Les raffineries du centre-sud du pays ont produit 626 000 t de sucre sur la première quinzaine du mois de novembre, soit 49,7% de moins que sur la même période l’année dernière, indique le groupe industriel Unica. Les volumes de cannes broyées ont totalisé 12,55 Mt, en baisse de 38,4%. Toutefois, c’est davantage que ce à quoi s’attendait le marché qui avait anticipé 9,4 Mt de canne.

Mardi, les Etats-Unis ont augmenté de 150 000 tonnes courtes, soit 136 077 tonnes, la limite de ses importations de sucre du Mexique.

 

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