Où est passé tout le cacao en Côte d’Ivoire ?

 Où est passé tout le cacao en Côte d’Ivoire ?
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Les récentes pluies qui sont tombées en Côte d’Ivoire la semaine dernière ont été les bienvenues pour les cacaoyers dans toutes les régions de production de Côte d’Ivoire. Car depuis décembre, il faisait sec et chaud ce qui inquiète quant au bon développement des cabosses pour la campagne intermédiaire, qui démarre le 1er avril.

Quel sera l’impact réel de cette météo ? Les avis divergent. Certains planteurs mettent en garde : ne criez pas encore victoire car ces pluies devront continuer à tomber, régulièrement, tout au long du mois de mars pour que les fèves grossissent et que leur teneur en cacao soit bonne. Ils anticipent une récolte intermédiaire qui démarrerait tardivement et lentement et qui serait courte ; habituellement, elle court jusqu’en septembre, la prochaine campagne démarrant début octobre, mais souvent les volumes sont très faibles les dernières semaines.

Pour d’autres planteurs, notamment près de Divo, les conditions météorologiques n’ont pas été si mauvaises. “Nous avons eu de bonnes pluies et les arbres vont bien, avec beaucoup de cabosses sur leurs branches“, précise Amadou Diallo interrogé par Reuters. Dans la région de Soubre, Salame Kone est plutôt optimiste : “Si les pluies sont bonnes en mars, la récolte intermédiaire sera longue et la qualité bonne. De nombreuses petites cabosses ont grossi, ce qui assurera d’une récolte abondante.”

Difficile donc d’anticiper, d’autant plus qu’une partie des commentaires sont, sans aucun doute, à des fins spéculatives pour soutenir le redressement des cours mondiaux tombés si bas ces derniers mois (lire nos informations).

Trouver des fèves pour honorer les contrats

Mais, côté exportation, la situation actuelle serait, bel et bien, délicate. Avec la chute des volumes d’arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ce jour, les exportateurs peinent à trouver des fèves pour honorer leurs contrats, souligne l’exportateur GNI. A Abidjan, 22 000 tonnes (t) ont été réceptionnées la semaine dernière contre 67 000 t fin janvier, estiment des exportateurs.

Nous avons reçu 140 000 t en février contre 175 000 t l’année dernière et, vu la situation actuelle, nos prévisions sur mars sont de 70 000 t contre 124 000 t l’année dernière“, souligne le directeur d’une société européenne d’exportation qui a requis l’anonymat.

Toutefois, la chute brutale des arrivages suscite des interrogations parmi les opérateurs. “La question que se pose l’ensemble de la filière est : où est passé tout le cacao ?” souligne un responsable de GNI. Des membres du Gepex, l’association des exportateurs, se pose la même question.  

En attendant les estimations de l’ICCO aujourd’hui

Selon un sondage réalisé par Reuters la semaine dernière, la production est estimée avoir atteint 1,32 million de tonnes (Mt) d’octobre à mars, en baisse par rapport aux 1,5 Mt sur la même période la campagne dernière mais qui, rappelons-le, avait été record, mais en baisse aussi par rapport aux prévisions de 1,45 Mt faites au début de l’actuelle saison.

Toujours selon les estimations des exportateurs, les arrivages aux deux ports d’Abidjan et de San Pedro auraient totalisé 1,267 Mt entre le 1er octobre et le 25 février, contre 1,301 Mt sur la même période la campagne dernière.

Propos spéculatifs ou non, la situation en Côte d’Ivoire fait grimper le prix de la fève sur les marchés : la tonne de fèves a terminé hier soir sur le marché à Londres à son plus haut en trois mois, à £ 1 574. La publication aujourd’hui du nouveau rapport de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) qui va faire état de ses premières prévisions sur l’équilibre du marché mondial en 2017/18 a, sans doute, attisé le suspens sur le marché. La spéculation en raffole….

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