Chronique Énergies renouvelables & Agriculture au 28 avril 2021

 Chronique Énergies renouvelables & Agriculture au 28 avril 2021
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Après avoir évoqué plus attentivement la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso les semaines précédentes, le Bénin est aujourd’hui à l’honneur ! Un pays décrit par la Banque mondiale en 2018 comme entièrement dépendant des importations pour couvrir ses besoins en électricité (comme le Togo et le Niger d’ailleurs). Une situation qui est amenée à évoluer… Mais avant de se concentrer sur l’actualité de plusieurs pays, évoquons une nouvelle qui devrait satisfaire tout le monde.

La Banque européenne d’investissement (BEI) a annoncé vendredi dernier de nouveaux investissements durables en Afrique de l’ordre de € 350 millions, dont € 300 millions seront utilisés à l’interconnexion entre la Guinée et le Mali. Il s’agit d’une ligne électrique de 225 kV, longue de 714 km, qui reliera Sanankoroba au Mali à Nzérékoré en Guinée. L’objectif de cette réalisation est de renforcer la disponibilité énergétique durable entre les deux pays. Notons que l’année dernière, la Banque a mobilisé pas moins de € 5 milliards en Afrique pour améliorer l’accès aux financements, aux énergies renouvelables et à l’eau potable, notamment.

BÉNIN BURKINA FASO GHANAMALI TOGO

BÉNIN

Comme son voisin burkinabè la semaine dernière (Lire : Chronique Énergies renouvelables & Agriculture au 20 avril 2021), le Bénin vise l’autosuffisance énergétique en 2025 ! C’est ce qu’il ressort du Plan stratégique 2020-2025 du ministère de l’Energie. L’objectif est de porter la production d’électricité à 548 MW dont 232 MW proviendraient d’énergies renouvelables, soit 42 % du mix énergétique.

L’énergie produite sera mise au service du développement et des activités productrices (agriculture, industries, transport, tourisme, services). Du point de vue social, la population urbaine et rurale devrait être électrifiée à 51,3 %… Vous avez-dit « autosuffisance » ? Comme pour le Burkina Faso, on se retrouve dans une situation où l’ensemble de la population n’aura pas accès à l’électricité en 2025, dès lors l’autosuffisance signifie que l’énergie consommée de Bénin sera produite dans le pays et il y a de grandes chances qu’une partie de cette électricité soit également exportée.

Comprenons-nous bien, à terme, l’autosuffisance et l’exportation d’électricité répond au projet d’interconnexion régional de la Banque mondiale et de la CEDEAO qui tend à créer un marché régional de l’électricité et à faciliter les échanges énergétiques entre les pays de la région. Le projet vise également à rendre le coût de l’électricité plus abordable, l’approvisionnement plus fiable et la production plus durable. Nous allons donc devoir nous familiariser avec une actualité centrée autour de la distribution énergétique comme c’est le cas plus haut avec le projet de la Banque européenne d’investissement.

L’objectif d’autosuffisance énergétique au Bénin devrait être réalisé grâce à plusieurs projets de construction parmi lesquels la mise en œuvre de nouvelles centrales solaires à Illoulofin-Pobè (25 MW extensible à 40 MW), Bohicon (15 MW), Parakou (15 MW), Djougou (10 MW), Natitingou (10 MW), Kandi (10 MW). A ces réalisations, il faut ajouter la construction de centrales à biomasse qui produiront une puissance totale de 4 MW.

Notons par ailleurs que Engie Energy Access Bénin a dévoilé sa nouvelle marque « Mysol » qui remplace « Fenix Power » au Bénin. « ENGIE Energy Access a pour objectif de rester la première entreprise d’énergie propre, en desservant des millions de clients en Afrique d’ici 2025 », souligne Philippe Robert, Directeur général de Engie Energy Access Bénin dans le communiqué de Engie.

BURKINA FASO

Nous allons devoir être très attentif aux évènements qui vont se dérouler au Burkina Faso ces prochains mois depuis les annonces de la Banque mondiale, l’installation de 300 MW sur le territoire et la mise en œuvre du programme Yeleen de l’AFD et la BAD pour la réduction de la dépendance énergétique du pays grâce au développement de l’énergie solaire.

Le développement solaire dans le pays se tourne vers la question pastorale. L’Organisation néerlandaise de développement (SNV-Burkina) recherche des entreprises spécialisées dans l’énergie solaire photovoltaïque pour mettre en œuvre le projet Mobilité pastorale transfrontalière apaisée et stabilité sociale au Sahel (MOSS) dont l’objectif consiste à doter en équipements solaires les exploitations familiales et les PME qui exercent dans les secteurs du lait et de la viande.

Plusieurs communes sont concernées par la mise en œuvre de ces infrastructures solaires : Kompienga, Fada, Kantchari, Bottou, Tansarga, Sindo, Kourouma, Kayan, Samorogouan, Djigouera, Samogohiri, Kangala, Koloko, Ouéléni, Sindou, Loumana.

GHANA

Au Ghana, Unilever ne souhaite pas louper le coche de l’avènement du marché continental. Ainsi, Geoges Owusu-Ansah, directeur général d’Unilever Ghana, souhaite profiter de la ZLECAf pour investir dans la production et l’exportation d’huile de palme.

L’huile de palme a mauvaise réputation, mais rappelons qu’il s’agit de l’huile végétale la plus utilisée au monde. Par ailleurs, cette matière première présente un fort potentiel économique pour le Ghana, un apport en devises important ainsi qu’une source d’emplois et de revenus pour la population.

Dans le cadre de ce projet, Unilever affiche sa volonté de payer une prime pour s’approvisionner en huile de palme responsable et se refuse à l’achat de toute huile de palme non-certifiée. Toujours dans cette logique de protection environnementale, Unilever Ghana investi dans des panneaux solaires pour « réduire la pression sur le réseau national avec des travaux en cours pour garantir que leurs produits aient beaucoup moins d’impact sur l’environnement ».

MALI

Au Mali, la grande mosquée de la ville de Kayes s’est dotée de panneaux solaires dont l’installation s’est terminée dimanche dernier. Une énergie qui prend en compte la totalité des besoins d’électrification de l’édifice qui devient ainsi une « mosquée verte » qui ne supportera plus les coupures d’électricité d’EDM… (Bamada.net)

TOGO

L’ambassadeur de l’Union Européenne au Togo, Joaquin Tasso Vilallonga, a annoncé l’ouverture d’un marché au bétail dans la ville d’Anié. D’une valeur de FCFA 62 millions, il contient un parc pouvant rassembler près de 2 000 bœufs. Le nouveau marché n’aurait jamais pu voir le jour sans un forage et une pompe solaire pour assurer l’alimentation en eau. Ce marché vise à promouvoir « une transhumance apaisée et le développement local dans le contexte de décentralisation en cours au Togo », souligne l’ambassadeur européen.

Par ailleurs, le gouvernement togolais va démarrer le Projet d’hybridation des moteurs diesel des plateformes multifonctionnelles avec système solaire (PHMD-PTFM) de l’Agence nationale d’appui au développement à la base (ANADEB). Ces plateformes fournissent de l’électricité : 80 % en énergie solaire et 20 % en diesel. Elles permettent donc de réduire la dépendance au pétrole et d’assurer une transition énergétique respectueuse de l’environnement. A ces plateformes, il faut ajouter la mise en place d’une pompe solaire pour l’approvisionnement en eau potable et pour l’irrigation.

Le coût du projet est de FCFA 9,6 milliards et financé par le Fonds pour l’environnement mondial et la BOAD. Au cours des 3 prochaines années, 50 localités devraient disposer de ces plateformes et ces pompes, et à terme 62 500 personnes devraient en bénéficier dont 500 femmes organisées en coopératives agricoles.

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