Pourquoi parle-t-on moins des feux en Afrique qu’au Brésil ?

 Pourquoi parle-t-on moins des feux en Afrique qu’au Brésil ?
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Avec l’annonce hier du revirement de politique du président brésilien Jair Bolsonaro qui a finalement décidé d’accepter l’aide financière internationale et étrangère pour lutter contre les incendies en Amazonie alors qu’il l’avait refusée la veille au G7 à Biarritz, le géant sud-américain capte encore un peu plus l’attention du monde.

Pourtant, il n’y a pas qu’au Brésil où cela flambe. L’Afrique aussi est en proie aux flammes, s’est inquiété lundi le président Emmanuel Macron à Biarritz. D’ailleurs, au vu de la carte de la NASA, les points rouges sont encore plus intenses en Afrique qu’au Brésil, surtout dans le centre et le sud du continent. L’Afrique sub-saharienne où “Nous sommes en train d’examiner la possibilité de lancer une initiative similaire à celle que nous venons d’annoncer pour l’Amazonie”, a informé par tweet Emmanuel Macron : les pays du G7 ont proposé de débloquer $ 20 millions pour envoyer des avions bombardiers d’eau dans le premier poumon forestier du monde qui absorbe 14% du CO2 mondial.

On parle moins de l’Afrique, sans doute parce que si la forêt du Bassin du Congo est le deuxième poumon de notre planète avec ses 2 millions de km2 de forêts, les feux, quant à eux, sont “plutôt en Angola, en Zambie, etc“, précise Guillaume Lescuyer du Cirad, interrogé par le Huffington Post. Donc, plutôt en Afrique australe. Les feux touchent plutôt la savane et non la forêt, précise Greenpeace dans un communiqué publié à Kinshasa. Depuis le 21 août, plus de 6902 feux en Angola et 3395 feux en République démocratique du Congo ont été documentés“.

Des feux “habituels” en Afrique

Mais ce qui fait surtout la différence en terme médiatique est que ces feux en Afrique sont habituels en cette fin de saison sèche : l’agriculture itinérante sur brûlis est une technique culturale vieille comme le monde, notamment en Afrique.

“Ces incendies sont monnaies courante durant cette période de l’année”, souligne la NASA qui fournit les cartes permettant de rendre compte de l’ampleur du phénomène. “Loin d’être dus à la sécheresse ou à la pollution, ils sont le résultat d’une pratique agricole dénommée « culture sur brûlis » (slash and burn practice). Cette technique simple et peu coûteuse vise en effet à re-fertiliser les sols par un brulage des terres.”

Des solutions émergent

De nombreux projets et études tentent déjà de trouver une alternative durable à cette pratique destructrice, souligne la revue de la Francophonie, Mediaterre dans un article paru hier “La culture sur brûlis en Afrique : quand les feux brûlent plus encore qu’en Amazonie“.

Ainsi, l’Association écologique cesse de détruire protège (AE-CDP) au Congo, propose de substituer une plante comme fertilisant naturel, la mucuna (pois mascate), à la culture sur brûlis. Un projet est en cours. Cette légumineuse riche en azote, permet de fertiliser les sols devenus drastiquement arides par la culture du manioc ; les rendements successifs obtenus sur plusieurs années d’essai se veulent être largement supérieurs à ceux des terres brulées. De même, l’instauration d’un nouveau système fondé sur l’utilisation de la mucuna amènerait à la sédentarisation d’une agriculture jusqu’àlors itinérante et à sa mécanisation, écrit notre confrère.

De même, Justine Gay-des-Combes, thésarde au sein du Laboratoire des systèmes écologiques (ECOS) de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), a mis au point à Madagascar une technique durable afin d’améliorer la culture «sur brûlis» en réduisant l’abattage des arbres, précise Mediaterre. Cet abattage est partiel et on étend un compost d’ordures ménagères produit par la population elle même. L’adjonction du compost apporte alors la matière organique et l’azote qui manquent  dans les sols pauvres et dont les cendres sont dépourvues, renforçant dans le même temps l’humidité des sols.

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