Akinwumi Adesina, réélu à la tête de la BAD, face aux défis agricoles et alimentaires

 Akinwumi Adesina, réélu à la tête de la BAD, face aux défis agricoles et alimentaires
Partager vers

Akinwumi Adesina est réélu à l’unanimité à la tête du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) suite au vote hier du Conseil des gouverneurs de la BAD. Seul candidat à sa réélection, l’ancien ministre de l’Agriculture du Nigeria débutera un second mandat de cinq ans à partir du 1er septembre. Il est difficile de dresser un bilan précis de l’impact de ce premier mandat sur l’agriculture en Afrique car des projets sont en cours, certains résultats sont le fait de politiques de la BAD entre autres, sans oublier que la BAD a pu impulser -ou non- des réformes ou des projets sans que cela fasse l’objet d’un financement en tant que tel.

Nonobstant, la situation agricole de l’Afrique s’est nettement améliorée au cours de ces cinq dernières années. L’édition 2019 de la Revue annuelle de l’efficacité du développement (RAED) de la Banque -dans lequel est tiré le tableau ci-dessous récapitulatif des avancées de la BAD dans le programme Nourrir l’Afrique entre 2015 et 2018- témoigne que les exportations agricoles africaines ont doublé ces dix dernières années. La balance commerciale de l’Afrique s’est améliorée, passant de $ -38,9 milliards en 2015 à $ -24,8 milliards en 2018. La productivité agricole augmente et atteint $ 1 692 par travailleur contre $ 1 544 en 2015.

141 millions d’Africains ont eu recours à des technologies agricoles améliorées

Le premier mandat d’Akinwumi Adesina à la présidence de Banque commence par son élection le 28 mai 2015. Il dresse alors un programme qui s’appuie sur 5 priorités de développement (les célèbres « High 5 ») qui consistent à éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, l’industrialiser, l’intégrer, améliorer la qualité de vie des populations et nourrir l’Afrique. Pour mener à bien ce programme, la première institution de financement du développement en Afrique a augmenté son capital de 125 % ($ 208 milliards) au cours de ce premier mandat.

De façon générale, 18 millions de personnes ont eu accès à l’électricité, 15 millions de personnes  à des financements d’investisseurs privés alors que 101 millions de personnes ont profité de transports améliorés ; 3 400 km de routes ont été construites ou réhabilitées en 2018 contre 800 km en 2015.

La BAD déclare avoir permis à 141 millions d’Africains d’accéder à des technologies agricoles améliorées tandis que « 19 millions de personnes ont bénéficié d’une amélioration de l’agriculture » grâce aux projets de la BAD ; 60 millions de personnes ont eu accès à l’eau et à l’assainissement. En outre, la Banque aurait considérablement augmenté la fourniture d’intrants (engrais, semences, etc.) sur le continent qui s’élèvent à 1,7 million de tonnes (contre 600 000 tonnes en 2015).

Parmi ses projets phares figurent la création de zones de transformation agro-industrielles notamment au Togo et en Ethiopie ; elle compte développer ce concept à 15 pays au total. La BAD a également soutenu l’alliance Côte d’Ivoire/Ghana afin qu’ils aient une plus grande influence sur le marché du cacao (Lire : Comment va être utilisé le prêt de $600 millions en faveur du cacao au Ghana ?).

La prise en compte de la problématique agricole est indéniable, mais selon le média The Africa Report, des progrès restent à entreprendre dans deux domaines en particulier : l’accès pour les femmes aux technologies agricoles et le développement de systèmes de gestion de l’eau.

L’agriculture en Afrique est un domaine en proie à de nombreuses mutations technologiques grâce à l’utilisation de drones, de tracteurs, d’applications sur les téléphones portables, etc. L’accès des agriculteurs à ces nouvelles techniques est en cours et représente un défi considérable, notamment pour intéresser la jeunesse qui ne perçoit pas le potentiel considérable de l’agriculture africaine, qui s’éloigne de la terre et qui rêve d’exode rural.

De nombreux défis attendent le second mandat du Dr. Adesina, parmi lesquels la gestion de la pandémie mondiale de la Covid-19 qui a lourdement impacté l’agriculture et l’alimentation, la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), la création de nouvelles monnaies africaines, l’insécurité alimentaire en augmentation et bien sur le changement climatique. Tant de thématiques parmi lesquels la présence et la participation de la BAD est attendue.

 

 

 

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *