La Chronique matières premières agricoles au 27 septembre 2018

 La Chronique matières premières agricoles au 27 septembre 2018
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La perspective de nouvelles hausses de taux d’intérêt par la Réserve fédérale américaine a soutenu le dollar face à un panier de monnaie. L’euro, pour sa part, connait des faiblesses face aux signes de tension au sein du gouvernement italien sur la question ultra-sensible du déficit budgétaire; il a terminé hier soir à € 1,1699 pour un dollar, au plus bas depuis une semaine. Or, un billet vert fort renchérit de facto le prix des matières premières pour les acteurs non-américains. Les cours du brut, quant à eux, sont repartis à la hausse, de nouveau soutenus par la perspective d’une diminution de l’offre mondiale lorsque les sanctions américaines contre l’Iran s’appliqueront dans cinq semaines. A noter que la Chine sera en vacances la semaine prochaine.

 

CACAO

Partie de £ 1 565 à Londres et de $ 2 167 à New York, vendredi dernier, la tonne de cacao a glissé hier soir à £ 1 529 et $ 2 114 respectivement, son plus bas en six mois.

En Côte d’Ivoire et au Ghana, la campagne 2018/19 démarre lundi. L’effervescence est au rendez-vous avec des rumeurs qui filtrent du Conseil du café-cacao (CCC) concernant le prix garanti au planteur qui pourrait être de FCFA 750 le kilo, soit FCFA 50 de mieux que le prix garanti en 2017/189 mais FCFA 50 à 100 de moins que ce qui est attendu eau Ghana.

D’autre part, en Conseil des ministres mercredi à Abidjan, le Conseil d’administration du Conseil du café-cacao (CCC) a été restructuré, le nombre de conseillers passant de 14 et de 10 et les acteurs du privé s’en voyant exclus. Le secteur privé s’est insurgé mais, visiblement, en vain (lire nos informations).

Troisième point d’actualité ouest-africaine, un rapport de Fitch Solutions souligne que l’harmonisation des politiques entre la Côte d’Ivoire et le Ghana n’aurait guère d’impact sur les marchés mondiaux du cacao car les deux pays connaissent des systèmes de commercialisation de leurs fèves très différents et leur taux de transformation locale est de toute façon très faible.

Quant aux arrivages de fèves aux ports ivoiriens, ils totalisent 1,871 million de tonnes (Mt) du 1er octobre au 23 septembre, en baisse de 8% par rapport aux volumes sur la même période la campagne dernière, estiment les exportateurs. Côté exportations, la Côte d’Ivoire a vendu 1,403 Mt de fèves entre le 1er octobre et fin août, selon les données provisoires portuaires; Ceci représente une hausse de 5% par rapport à la même période l’année dernière. Quant aux produits semi-transformés du cacao, les exportations auraient été de 397 785 t, soit des volumes relativement inchangés par rapport à la même période l’année dernière.

L’Indonésie a annoncé hier maintenir à 5% son taux de taxation à l’export pour le cacao sur le mois d’octobre ; il est à ce niveau depuis le mois de juillet, le prix de référence étant considéré comme devant rester en-deçà du seuil des $ 2 750 la tonne pour ce mois à venir.

CAFE

De $ 1 489 la tonne de Robusta à Londres et $ 0,999 la livre (lb) d’Arabica à New York vendredi dernier , le café a terminé hier soir en hausse pour le premier, à $ 1 516, soutenu par la perspective d’une production en baisse au Vietnam, mais en baisse sur l’Arabica déjà très bas, à $ 0,993 la livre.

Sur les marchés asiatiques, le prix au producteur a grimpé cette semaine au Vietnam, où le planteur dans les Central Highlands s’est vu proposer 32600 à 32 800 dongs le kilo ($ 1,40-1,41) contre 32 000 à 32 500 la semaine dernière. Les exportateurs, quant à eux, ont vendu avec une décote de $ 40 la tonne par rapport au prix de Londres sur l’échéance novembre, alors que cette décote était entre $ 30 et $ 40 la semaine dernière. Le Vietnam s’attend à une récolte moins importante en 2018/19, de l’ordre de 2,3% par rapport à la campagne dernière, à 1,71 Mt (28,5 Ms), car les pluies ont été plus importantes que de coutume. Outre les pluies, c’est aussi le désintérêt des producteurs pour le café qui impacterait les volumes, ces derniers préférant cultiver des avocats, du poivre, ou d’autres fruits et produits.

En Indonésie, les exportateurs ont vendu leur café avec une prime sur Londres de $ 50 à $ 70 la tonne de Grade 4, 80 défauts.

En Inde, la production pourrait chuter de 14% en raison des fortes pluies, soit une baisse de 75 000 t. La production 2018/19 est attendue à 85 000-90 000 t d’Arabica et 200 000-210 000 t de Robusta, contre 103 100 t et 247 300 t respectivement en 2017/18.

En Côte d’Ivoire, les exportations de Robusta ont grimpé de 46% sur les 8 mois de 2018, à 44 363 t, selon les données portuaires.

Toujours en Afrique, le Costa Rica pourrait former des producteurs ougandais aux bonnes pratiques agronomiques de la caféiculture. L’Ouganda produit essentiellement du Robusta. Or, depuis 1989, les autorités du Costa Rica ont interdit la culture du Robusta sur leur territoire.

CAOUTCHOUC

Le prix du caoutchouc naturel sur la place de Tokyo a terminé en baisse aujourd’hui, à 167,1 yens le kilo ($ 1,48) contre 168,9 yens à la clôture vendredi dernier.

L’actualité qui a dominé le marché est l’annonce faite mercredi selon laquelle la filière automobile nippone ne devrait pas être impactée par les négociations commerciales  qui vont démarrer entre les Etats-Unis et le Japon. Toutefois, les acteurs demeurent méfiants, Tokyo estimant avoir gagné du temps mais pas nécessairement la bataille. Ce qui explique que l’annonce n’ait pas déclenché une vague d’achat de caoutchouc naturel .

Les chiffres de production et consommation publiés mercredi  par l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC) ont, en revanche, soutenu la tendance. Ainsi, la production mondiale a augmenté de 1,3% sur les premiers huit mois de 2018, atteignant 8,51 Mt, face à une consommation qui a galopé à 5,5%, touchant les 9,342 Mt.

Autre facteur soutenant les prix du caoutchouc naturel, le prix du Brent qui a touché mercredi un plus haut en 4 ans, renchérissant ainsi le prix du caoutchouc synthétique à la faveur du naturel.

COTON

Parti de 79,13 cents la livre vendredi dernier à New York, le coton a terminé hier soir à 77,72 cents, tombant à son plus bas en sept mois. La demande mondiale demeure terne, notamment à cause de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, ce qui l’empêche de grimper, alors que les Etats-Unis ont connu cette semaine une météo défavorable, avec des pluies dans le sud-est qui ont ralenti quelque peu  la récolte et surtout le passage de l’ouragan Florence en Caroline du Nord. mais on ne mesure pas encore l’impact des dégâts.

Rappelons que les Etats-Unis est le premier exportateur mondial de coton tandis que la Chine est le plus important consommateur. La Chine qui a annoncé mercredi réduire les droits d’importation sur un certain nombre d’équipements et de produits textiles, Pékin voulant se préparer à la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Ainsi, à partir du 1er novembre, les droits d’importation passeront de 9,8% à 7,5% sur plus de 1 500 produits industriels, dont des équipements textiles,  afin de réduire les coûts pour les entreprises et les consommateurs. Sur les 8 premiers mois de l’année, la Chine a importé pour quelque $ 632 millions en équipements divers, en hausse de 19,6% par rapport à la même période en 2017.

Notons que la Chine a vendu mardi 21 900 t, soit 73% des volumes proposés, au prix moyen de $ 2 117,87 la tonne ; 13 200 t mercredi   au prix moyen de $ 2 127,72 la tonne ; 15 400 t jeudi soit 54% des volumes offerts, au prix moyen de $ 2 150,98 la tonne.

Notons, toujours s’agissant de la Chine, que la China National Textile and Apparel Council (CNTAC) a manifesté son intérêt pour investir en Ethiopie. Autre actualité africaine, les exportations ivoiriennes de coton ont grimpé de près de 2% sur les 8 premiers mois de l’année, à 295 220 t, selon les données portuaires.

HUILE DE PALME

L’huile de palme avait bien commencé la semaine, avec trois sessions consécutives de hausse, clôturant mercredi soir à $ 528,75 la tonne. Toutefois, la perspective de  stocks massifs en octobre et novembre a pesé sur le marché, l’huile de palme glissant hier soir à $ 523,50, demeurant toutefois plus élevé que sa clôture vendredi dernier à $ 519,14.

Selon Julian McGill de LMC International, les prix de l’huile de palme brute s’échangeraient à $ 590 la tonne CAF d’ici la fin de l’année, sur fond de demande soutenue des filières de biocarburants.

En Asie du Sud-est, on s’attend à des stocks record en octobre et en novembre. On s’attend à 5 Mt stockés en Indonésie et 3 Mt en Malaisie. En août, les stocks malais ont été de 2,49 Mt, au plus haut en sept mois.

L’Inde devrait enregistrer une hausse de 8,7% de ses importations d’huile de palme, à 9,26 Mt en 2018/19, la campagne démarrant le 1er novembre. Car la consommation nationale d’oléagineux est en hausse (+2,1%, à 22,6 Mt) alors que la production nationale est anticipée en baisse (-6,2%, à 7,25 Mt) par manque de pluies, estime Govindbhai Patel de GG Patel & Nikhil Research Company.  Depuis le 1er juin, début de la mousson, les pluies sont inférieures de 9% par rapport à la moyenne, ces années dernières. Rappelons que l’Inde a relevé ses droits d’importation sur les oléagineux, à des taux jamais enregistrés depuis une décennie, afin de soutenir ses filières nationales.

RIZ

Une forte demande des Philippines a fait grimper les prix du riz au Vietnam et en Thaïlande cette semaine, alors qu’en Inde, ils baissaient face à la perspective d’une récolte record cette année et d’une faible roupie. Le Vietnam 5% brisures s’est vendu à $ 400-405 la tonne, contre $ 396 à $ 405 la semaine dernière. Les 5% brisures de Thaïlande ont coté $ 395-398 la tonne FOB contre $ 390-393 précédemment, 100 000 t ayant été vendues cette semaine à la Chine, la première transaction avec Pékin depuis mars dernier.

En effet, les Philippines ont décidé lundi d’acheter 500 000 t supplémentaires d’ici la fin de l’année, ces volumes venait s’ajouter aux 250 000 t déjà programmées. Or, ce sont le Vietnam et la Thaïlande qui sont les principaux fournisseurs, traditionnels, des Philippines. En outre, l’Irak s’est également porté à l’achat de 60 000 t du Vietnam.

Le riz indien, en revanche, a glissé de $ 3 cette semaine, le 5% brisures trouvant acheteur à $ 370-374 la tonne. La demande pour la nouvelle récolte est plutôt terne alors que la chute de 12% de la valeur de la roupie depuis le début de l’année, devrait rendre l’offre indienne attrayante.

Côté demande, le Bangladesh devrait acheter 700 000 t d’ici juin 2019, sa récolte nationale ayant chuté l’année dernière à son plus faible volume en sept ans suite aux inondations qui ont ravagé nombre de rizières.

SUCRE

Le sucre roux a replongé cette semaine face aux nouvelles indiennes. Jeudi soir, sur le marché à terme de New York, il a terminé à 10,91 cents la livre (lb) mais ayant regagné 1 cent sur la veille lorsqu’il avait côté 9,90 cents, son plus bas en une décennie. Le prix du sucre blanc, à Londres, a terminé mercredi soir à $ 311,70 la tonne. Vendredi dernier, New York cotait encore 11,68 cents pour le roux et Londres $ 331 pour le blanc.

En effet, l’Inde a décidé mercredi  de porter à 138 roupies ($ 1,90) contre 55 roupies auparavant, le versement de l’Etat au producteur de canne à sucre. D’autre part, afin d’inciter les raffineurs à exporter le sucre, le gouvernement leur octroie une subvention allant de 1 000 roupies ($ 13,77) à 3 000 roupies la tonne de sucre acheminée aux ports, la somme variant selon la distance entre l’usine et le port. Rappelons que l’Inde va démarrer la campagne avec 10 Mt de sucre dans ses entrepôts alors qu’elle devraient produire 35 Mt cette campagne alors qu’elle n’en consomme que 25 Mt. Une situation qui pèse très lourdement sur sa filière et sur le marché mondial.

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