Ernest Mintah, directeur de l’ACA : “Notre objectif ultime est de voir un secteur privé de noix de cajou florissant en Afrique”

 Ernest Mintah, directeur de l’ACA : “Notre objectif ultime est de voir un secteur privé de noix de cajou florissant en Afrique”
Partager vers

L’Alliance pour le Cajou Africain (ACA) organisera du 7 au 9 novembre à Dar es Salaam en Tanzanie sa treizième conférence annuelle du cajou sur le thème « Favoriser les synergies : influencer la dynamique du marché ». Interview d’Ernest Mintah, directeur général de l’ACA, sur les enjeux de cette conférence et plus généralement sur le secteur du cajou en Afrique et le rôle de l’ACA.

Quels sont les objectifs de cette treizième Conférence de l’ACA ?

Comme chaque année, l’ACA organise une conférence annuelle très fréquentée par les acteurs de l’industrie de la noix de cajou. Cette rencontre est une plate-forme unique d’échange de connaissances et d’expériences entre les experts de l’industrie sous forme de sessions plénières et de forums de discussion. La 13ème conférence de l’ACA vise à nourrir de nouvelles idées, à promouvoir le partenariat entre les différents acteurs et à influencer la délibération sur les questions critiques qui concernent l’industrie de la noix de cajou à l’échelle mondiale.

La conférence est placée sur le thème « Favoriser les synergies : influencer la dynamique de marché ». Pouvez-vous nous expliciter cette thématique ?

Ce thème relève d’une analyse approfondie de la situation du marché de la noix de cajou jusqu’en 2018, où les acteurs ont connu une escalade des prix de la noix de cajou brute (NCB) puis le retrait des gros acheteurs du marché. Cela a eu d’importantes répercussions sur le marché du cajou africain, en particulier pour les transformateurs de noix de cajou basés en Afrique qui n’ont plus eu les moyens de se procurer la matière première pour produire des amandes. Ainsi, le thème de cette année abordera les principaux enjeux du marché de la noix de cajou, l’impact des politiques et les synergies à créer pour équilibrer les intérêts privés et publics.

Quelles sont vos attentes en matière de coopération, de partenariat et avec le secteur privé ?

Actuellement, l’Alliance africaine pour le cajou (ACA) est positionnée comme la voix du secteur privé de la noix de cajou africaine. Cela signifie que nous travaillons pour le bien du secteur privé et nous parlons en son nom. Comment avons-nous travaillé à ce titre jusqu’à présent? L’ACA s’associe aux interprofessions des différents pays producteurs sur la meilleure façon de soutenir les acteurs par la facilitation de l’accès à un financement adéquat, l’assistance technique dans la transformation, le conseil aux entreprises et bien plus encore. Avec des projets et des fonds de bailleurs et un cofinancement du secteur privé, nous offrons une assistance technique aux transformateurs afin d’améliorer leur efficacité et leur rentabilité. Par exemple, notre la Label de Qualité de l’ACA, créé en 2011, est une marque de qualité soutenue par l’industrie qui signale la conformité du transformateur aux normes internationales en matière de salubrité, de qualité et de main-d’œuvre. La Label de l’ACA aide les transformateurs à réduire leurs coûts et à obtenir une prime sur le prix de vente. Il offre également un avantage commercial et positionne l’industrie de transformation africaine pour être compétitive. Notre objectif ultime est de voir un secteur privé de noix de cajou florissant en Afrique avec l’accès à un financement adéquat, et bien positionné pour concurrencer le marché international. À l’avenir, nous voulons voir davantage de dialogue entre le secteur privé et le secteur public où les intérêts des deux parties sont pris en considération pour des avantages mutuels durables.

L’engouement pour le cajou des pays africains ne se dément pas, nombreux ayant mis en œuvre des politiques de développement. Mais l’Afrique reste vulnérable au retournement de marche comme nous l’avons vu l’année dernière. La transformation semble être la meilleure solution pour limiter cette vulnérabilité. Elle progresse mais reste encore faible. Comment procéder pour l’amplifier ?

Le traitement de la noix de cajou, en particulier en Afrique, est au cœur de toutes les activités que nous menons actuellement. Dans toute la sous-région, nous avons enregistré de nombreuses entreprises de transformation de noix de cajou en difficulté, dont beaucoup sont incapables de fonctionner de façon concurrentielle et pour certaines ferment leurs portes. L’une des principales causes est l’absence de financement adéquat et en temps opportun. Cela conduit à une situation où seulement moins de 10% de la production de noix de cajou du continent est transformé sur le continent. Étant donné que chaque 1000 tonnes transformées crée environ 250 emplois, cela se traduit par environ 500 000 emplois perdus chaque année.

Outre, l’aspect financement, nous nous sommes également rendu compte que les institutions financières n’ont pas une bonne connaissance du secteur. Depuis 2017, l’ACA sensibilise les institutions financières dans les différents pays producteurs sous la forme d’ateliers de formation sur l’accès au financement. Les transformateurs ne sont pas exclus. Nous travaillons continuellement avec les transformateurs afin qu’ils répondent aux principaux critères des instituions financières pour obtenir un crédit. En outre, l’ACA se consacre à la création d’un système d’information sur le marché (SIM) fiable. Le SIM est essentiellement une base de données de suivi des données commerciales du marché de la noix de cajou. Des données qui diffusées aux membres. L’ACA a réalisé l’importance primordiale pour les transformateurs et les acteurs de l’industrie d’avoir accès à des informations saines sur le marché de la noix de cajou pour les aider à orienter leurs décisions de business.

Nous travaillons également avec le public, les autorités de régulation gouvernementales sur la mise en œuvre de politiques favorables, qui permettront non seulement aux transformateurs africains de noix de cajou de prioriser l’achat de noix dans les pays, mais aussi à travers l’Afrique continent. L’ACA est actuellement le représentant du secteur privé au Conseil international consultatif du cajou (CICC).  Le CICC (Lire nos informations) vise à réunir les gouvernements des pays producteurs de noix de cajou dans d’autres domaines pour influencer les décisions et les politiques au niveau gouvernemental. Faire partie de ce conseil et représenter le secteur privé permet à l’ACA de défendre les intérêts du secteur de la noix de cajou en Afrique.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *