Le coton africain en tĂȘte d’affiche au Burkina Faso et au Maroc

 Le coton africain en tĂȘte d’affiche au Burkina Faso et au Maroc
Partager vers

Tandis que va s'ouvrir demain Ă  Casablanca la 1Ăšre Ă©dition de la "ConfĂ©rence Made in Africa" sous le thĂšme ‘‘​Le Textile & le Coton​ Made in Africa’’ organisĂ©e par Maroc-Export qui entend rassembler les organismes de promotion du commerce (OCP) d'Afrique sur ce thĂšme, Ouagadougou accueille depuis samedi la 2Ăšme Ă©dition du Dan'fani Fashion Week (lire nos informations) et, depuis lundi, les travaux du ComitĂ© d’orientation et de suivi du Partenariat Union europĂ©enne-Afrique sur le coton. Des travaux qui dĂ©boucheront demain par une rencontre des chefs d’Etat sur cette problĂ©matique cotonniĂšre.

Inscrit sous le thĂšme de  "La transformation du coton, un dĂ©fi pour l’Afrique : les nouveaux enjeux des chaĂźnes de valeur du coton en Afrique», ces travaux UE-Afrique clĂŽturent surtout le Partenariat coton dĂ©marrĂ© en 2004, travaux sur lesquels nous reviendrons dans nos colonnes.

Cette rencontre de trois jours a pour objectifs de diffuser et valoriser les rĂ©sultats obtenus depuis une dizaine d’annĂ©es, mais aussi de dĂ©gager des perspectives en fonction des nouveaux enjeux pour un dĂ©veloppement inclusif et durable des chaines de valeur coton en Afrique, souligne l'UE.

Rappelons que le Partenariat UE-Afrique sur le coton s'est dĂ©clinĂ© de 2007 Ă  2012 au travers du Programme tous ACP sur les produits de base agricoles et de 2013 Ă  2017 avec le Programme d’appui Ă  la consolidation du cadre d’action du partenariat UE-Afrique sur le coton. Le premier Ă©tait de l'ordre de € 15,8 millions et le deuxiĂšme de € 11 millions.  

Des rendements africains allant de 1200 Ă  200 kg/ha

Une filiĂšre coton dont les dĂ©fis, pour l'Afrique mais pas seulement, demeurent majeurs. Le coton est la fibre naturelle la plus utilisĂ©e au monde, reprĂ©sentant 27% de la consommation finale de fibres Ă  l’Ă©chelle mondiale et 78% de l’ensemble des fibres naturelles produites dans le monde, rappelle Coton ACP. La consommation mondiale de coton a augmentĂ© de 10,4 millions de tonnes (Mt) en 1960 Ă  24 Mt en 2015, mais sa part sur le marchĂ© des fibres a considĂ©rablement diminuĂ© face aux autres fibres textiles, notamment le polyester.

En 2014/2015, sur un total mondial de 26,3 Mt de coton-fibre produites, l’Afrique n’a reprĂ©sentĂ© que 7%, l’essentiel en zone CFA d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Et sur les 1,39 Mt de coton-fibre produites en Afrique, 90% ont Ă©tĂ© exportĂ©s. Pour 2015/16, l’International Cotton Advisory Committee (ICAC) indique que 25 pays africains Ă©taient producteurs de coton, avec des performances allant de plus de 200 000 t de fibre par an (Burkina Faso et Mali) Ă  moins de 10 000 t (Afrique du Sud, Centrafrique, Ghana, Kenya, GuinĂ©e, Niger et Angola). Quant au rendement moyen, il s’Ă©tale de 1 250 kg de fibre par hectare (Afrique du Sud, en culture irriguĂ©e) Ă  moins de 200 kg (Kenya, Mozambique et Zimbabwe), note encore Coton ACP.

Un quart des chercheurs coton Ă  la retraite d'ici 20 ans

Dans le cadre de ce Partenariat UE-Afrique sur le coton, un rapport a Ă©tĂ© rendu en janvier dernier, dressant un diagnostic de la recherche cotonniĂšre africaine. RĂ©alisĂ© par Lamine Seiny Boukar et Bruno Bachelier, ce rapport permet, entre autres, de souligner divers points. Par exemple, il n'y aurait pas de corrĂ©lation significative entre le nombre de chercheurs coton dans un institut national de recherche agricole ou agronomique (INRA) d'un pays et le volume de production de coton-fibre national pour la campagne 2015/16. Les INRA des plus gros pays producteurs (Burkina Faso, Mali, CĂŽte d’Ivoire) n’ont pas le plus grand nombre de chercheurs et, inversement, les INRA les mieux pourvus en nombre de chercheurs (UARI en Tanzanie, INRAB au BĂ©nin, NaSARRI en Ouganda) ne correspondent pas aux plus gros pays producteurs."

Parmi les 168 chercheurs coton dans les INRA interrogĂ©s, le quart des effectifs actuels de chercheurs devraient partir Ă  la retraite d’ici 5 Ă  15 ans et la moitiĂ© d’ici 15 Ă  20 ans. En termes de diplĂŽme validĂ© dans le systĂšme LMD (licence/master/doctorat), 18% des chercheurs INRA diplĂŽmĂ©s possĂšdent une licence, 55% un master et 27% un doctorat. En termes de diplĂŽmes en cours de prĂ©paration (Figure 11), 12 chercheurs coton INRA prĂ©parent une licence, 6 un master et 22 un doctorat (dont 20 en Afrique de l’Ouest et du Centre, AOC). La trĂšs grande majoritĂ© des chercheurs coton est rattachĂ©e Ă  la recherche publique : 73% Ă  un INRA et 12% Ă  une universitĂ©. Les autres appartiennent Ă  une sociĂ©tĂ© cotonniĂšre publique (10%) ou privĂ©e (5%).

20% des chercheurs des INRA n'ont pas d'ordinateur

Globalement, 14 INRA ont accĂšs Ă  un appui en communication (78%), 11 en documentation (61%), 7 en statistiques (39%) mais 7 seulement en informatique (39%).

Dans 20% des INRA ayant rĂ©pondu au questionnaire dans le cadre d el'Ă©tude prĂ©citĂ©e, des chercheurs n’ont pas accĂšs Ă  un ordinateur de travail. Dans 30% de ces INRA, des chercheurs n’ont pas accĂšs Ă  internet et dans 40% des chercheurs n’ont pas accĂšs aux logiciels nĂ©cessaires Ă  leurs activitĂ©s.

En outre, l’accĂšs Ă  internet n’est jugĂ© de bonne qualitĂ© que dans un tiers des INRA, sans aide financiĂšre aux chercheurs pour leur permettre d’accĂ©der Ă  internet pour leurs besoins professionnels Ă  l’extĂ©rieur de leur INRA. Enfin, seuls un tiers des INRA donnent aux chercheurs et techniciens coton un accĂšs Ă  de petits Ă©quipements de recherche (balance, compteur, mesureur d’humiditĂ© du coton, tamis…)

Un intĂ©rĂȘt croissant pour le coton biologique

Quant Ă  la couverture disciplinaire de la recherche cotonniĂšre, pour 70 Ă  75% des INRA, l’agronomie, l’entomologie et la gĂ©nĂ©tique sont suffisamment couvertes dans leur structure mais 65 Ă  88% des INRA estiment que l'Ă©conomie, la malherbologie, la technologie, la phytopathologie, la sociologie, la biotechnologie,  sont soit insuffisamment couvertes soit non couvertes dans leur structure.

Dans la logique de la couverture disciplinaire, les travaux de recherche cotonniĂšre des INRA  ont portĂ© majoritairement en 2015-16 sur quatre thĂ©matiques : la gestion des ravageurs (22%); les  variĂ©tĂ©s/semences (21%) ; les itinĂ©raire technique (15%) ; la fertilitĂ©/semis direct sur couverture vĂ©gĂ©tale permanente/agriculture de conservation (11%). Les principaux travaux prĂ©vus en 2016-17 et 2017-18 portent sur les mĂȘmes thĂ©matiques mais on note une hausse de l'intĂ©rĂȘt pour l’amĂ©lioration variĂ©tale et la fertilitĂ©, ainsi que pour le coton biologique.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *