La diversification de l’agriculture : un moyen pour assurer la sécurité alimentaire du continent

 La diversification de l’agriculture : un moyen pour assurer la sécurité alimentaire du continent
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Conflit russo-ukrainien, pandémie de la Covid-19, difficultés d’approvisionnement et tensions sur la chaîne logistique mondiale, les inquiétudes ne manquent pas pour les acteurs économiques alors même que la pression inflationniste commence dangereusement à se faire sentir sur le continent africain. Sur le plan agricole, afin d’assurer définitivement ou du moins durablement la sécurité alimentaire des populations, il devient urgent de procéder à une diversification agricole.

La production et la transformation locale, une nécessité pour le continent

Selon le Centre d’Étude Stratégique d’Afrique, plus de 100 millions d’Africains ont fait face à une crise, à une situation d’urgence ou à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire en 2020. Dans un contexte sanitaire et socio-politique actuel sans précédent, les questions de production et de transformation agricole en Afrique sont plus que jamais au cœur des enjeux de politiques publiques. Nombreux sont les pays et les entreprises à s’engager vers une plus grande résilience des systèmes agricoles et alimentaires afin de pouvoir faire face aux crises et aux blocages des chaînes d’approvisionnement à l’international. Si la dynamique n’est pas nouvelle, la crise de la Covid-19 a contribué à accélérer ce processus. Ainsi, en 2021, de nombreux États africains, comme le Bénin, ont annoncé s’engager en faveur de grands projets d’investissements visant à développer une agriculture plus locale, durable et transformée directement sur place.

En effet, le gouvernement béninois fait de l’augmentation de la production de denrées pour la consommation locale, son cheval de bataille. Premier producteur et exportateur de coton en Afrique de l’Ouest avec une production de 728 000 tonnes en 2021, le Bénin, en partenariat avec Agri Resources Group, la branche agricole de Monaco Resources Group souhaite investir 8,5 milliards de FCFA pour la production et la transformation de riz, de fruits et de légumes.

Malgré tous ces engagements, les acteurs du secteur demeurent très dépendants des fluctuations exogènes du marché. Pour limiter les risques, ces initiatives déjà louables doivent être renforcées au niveau des États et des industriels afin de garantir la durabilité de la production agricole, tant du point de vue socio-économique pour les producteurs locaux que sur l’aspect environnemental.

Le soutien aux producteurs locaux, une nécessité

La question des revenus et du coût pour le producteur se trouve au cœur des défis de résilience. Une importante partie des cultures du continent étant destinées à l’exportation, cette problématique fait directement écho à celle de la transformation locale des produits bruts et à la création de valeur ajoutée dans le pays. Par ailleurs, l’accroissement des rendements doit aller de pair avec des méthodes de production plus durables et respectueuses de l’environnement. Pour cela, la mise en place d’un accompagnement technique et d’un soutien financier des communautés locales est indispensable.

Ce partenariat gagnant-gagnant entre grandes entreprises et agriculteurs locaux s’illustre par exemple au Ghana. Installée dans la région de Bono East depuis 2020, Prang Agro Resources, filiale d’Agri Resources Group a investi dans une production agricole diversifiée. Des légumes, comme les oignons et les piments, aux céréales comme le riz, le maïs et le sorghu en passant par le soja, l’entreprise prépare un portefeuille de produits agricoles très demandés sur le marché local.

Pour répondre aux enjeux de durabilité, l’entreprise a notamment mis en place un programme d’assistance aux paysans locaux en leur proposant de leur racheter une partie de leur production afin de leur ouvrir l’accès à un marché plus conséquent. Cette approche, qui vient en complément du développement des programmes de certification tel que Fair Trade ou Fair For Life replace les petits producteurs au centre du jeu en leur garantissant des revenus suffisants et viables. Ces initiatives leur permettent ainsi de se projeter dans l’avenir et faire face à des imprévus comme la baisse du cours de certaines matières premières comme nous le précise Alban Bonnet-Casson, Chief Sustainable Officer d’Agri Resources Group.

Néanmoins, face à la fluctuation du cours des matières premières, la monoculture apparaît comme extrêmement fragile – la diversification de la production fait donc partie des solutions. De même, la culture de produits locaux jusqu’alors inexploités est un bon moyen de mettre en valeur les espaces cultivés et d’impliquer les communautés locales.

Combiner différentes cultures permet aussi de tirer profit des associations symbiotiques en améliorant les rendements et la productivité. L’agroforesterie constitue ainsi un mode de production appelé à se développer. Associant arbres, cultures et/ou élevages, l’agroforesterie permet d’améliorer et de diversifier la production des parcelles en optimisant les ressources du milieu et en restaurant la fertilité des sols. Les arbres sont par ailleurs d’excellents puits de carbone pour lutter contre le changement climatique.

Pour répondre aux défis de la résilience, une nouvelle dynamique agricole est en train de naître en Afrique. Plus local et plus durable, le nouveau visage de l’agriculture africaine entend assurer la sécurité alimentaire du continent tout en garantissant la compétitivité des produits exportés sur le marché mondial. De nouvelles synergies doivent ainsi se développer. En accompagnant les producteurs locaux, les acteurs agro-industriels ont plus que jamais un rôle essentiel à jouer.

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