Coton : un secteur prioritaire pour la coopération technique brésilienne en Afrique de l’Ouest

 Coton : un secteur prioritaire pour la coopération technique brésilienne en Afrique de l’Ouest
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Le Brésil a lancé en 2009 un programme de coopération technique dans le domaine du coton en Afrique de l’ouest. Baptisé  « Appui au développement du secteur cotonnier dans les pays du C-4 (Bénin, Burkina Faso, Tchad et Mali) », ou « Cotton-4 », cette initiative est conduite par l’Agence brésilienne de coopération (ABC), qui dépend du ministère des Relations extérieures, en partenariat avec l’Entreprise brésilienne de recherche agricole (Embrapa), équivalent brésilien de l’INRA, qui dépend du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et du ravitaillement (MAPA).

Un vrai transfert Sud-Sud

Le programme a permis de revitaliser la station d’expérimentation de Sotuba, à Bamako, dans laquelle a été installée le Centre Cotton-4, une unité pilote comprenant un centre de recherche et une surface agricole d’expérimentation.  Ce dispositif fonctionne comme « une grande vitrine des technologies de l’Embrapa, mais également comme un centre de diffusion de ces connaissances pour les pays de la région » selon un rapport de cette entité publié en 2013.

La contribution brésilienne a consisté principalement dans : l’adaptation de dix variétés brésiliennes de coton aux conditions naturelles africaines, le transfert de techniques de plantation (semis direct sous couverture végétale par exemple) ou de luttescontre les ravageurs. Un gros effort a été fait en matière de formation d’experts des quatre pays au sein de la station de Sotuba. Les résultats ont été publiés dans une série d’ouvrages en langue française.

Interrogé récemment par le quotidien économique brésilien Valor, João Almina, directeur de l’ABC, estime que la coopération brésilienne a permis une augmentation très importante des rendements de la culture du coton dans les quatre pays: de 800 kg  à 3 tonnes par hectare au Mali par exemple.

Une action désormais centrée sur les petits producteurs

La deuxième phase du projet, qui a démarré en 2015, comporte une série de modifications ainsi que l’inclusion du Togo. Baptisé « Renforcement technologique et diffusion des bonnes pratiques agricoles pour le coton dans les pays du C-4 et au Togo »,  ou « Cotton-4 +Togo », il s’agit principalement de disséminer l’information auprès des petits producteurs, de former la main d’œuvre, de revitaliser des laboratoires dans les pays partenaires et de mettre en place une banque de stockage collectif.

La 1e réunion du  comité de pilotage de la 2e phase, qui s’est tenue à Brasilia du 25 au 29 avril 2016, a permis de faire un point sur son avancement. Le gouvernement brésilien prévoit d’allouer USD 4,6 mns pour cette 2e phase, mais ce montant pourrait être revu à la hausse selon, João Almina et dépasser USD 5 mns. La 1e phase avait représenté une dépense de USD 5,2 mns.

Pour financer cette opération, le Brésil compte sur les compensations fournies par les Etats-Unis dans le cadre du règlement du différend sur le coton dans le cadre de l’OMC. Celles-ci sont affectées à l’Institut brésilien du coton (IBA) qui a décidé d’en consacrer 10% à la coopération technique brésilienne, en Afrique et en Amérique latine. De fait, l’IBA a couvert une partie des  dépenses de la 1e phase (USD 1,2 mns sur USD 5,2 mns), le reste provenant de l’Etat brésilien.

Une réussite brésilienne

Une inconnue subsiste cependant à propos du financement de cette 2e phase. Le MRE table sur une contribution accrue de l’IBA par rapport à la 1e phase. Quelle que soit l’issue de la crise politique brésilienne, le pays sera confronté à la nécessité de mettre en place une politique d’ajustement budgétaire à grande échelle pour réduire un déficit public qui se situe actuellement aux alentours de 10% du PIB. Les projets de recherche et de coopération ont toujours été les premières victimes des coupes budgétaires. Une contribution du secteur privé, évoquée par certaines sources à Brasilia, semble hypothétique. Dans ces conditions, l’apport de l’IBA sera vital.

 

En ouverture de la réunion du « copil », Sergio Danese, secrétaire général du MRE, a rappelé que l’Afrique est le premier continent bénéficiaire de la coopération technique brésilienne et qu’en matière d’agriculture, le secteur cotonnier est prioritaire. Le programme Cotton-4 + Togo est considéré à Brasilia comme une sorte de « success story » de la relation avec cette zone. 

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