C’est le riz qui bloque la frontière Nigeria-Bénin, jetant le doute sur la ZLEC

 C’est le riz qui bloque la frontière Nigeria-Bénin, jetant le doute sur la ZLEC
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Il aura fallu le TICAD7 organisé par le Japon (lire nos informations Le Japon s’apprête à recevoir l’Afrique lors du TICAD 7) pour que les chefs d’Etat du Nigeria et du Bénin abordent officiellement hier l’épineux dossier de la fermeture partielle des frontières entre les deux pays voisins.

La fermeture -dont la réalité faisait débat, le Nigeria évoquant jusqu’à hier “un exercice conjoint de sécurité visant à lutter contre la criminalité transnationale“- toucherait essentiellement le poste frontalier de Sèmè Kraké. Une décision prise unilatéralement par les autorités nigérianes et qui impacte lourdement le Bénin, très dépendant économiquement de son commerce avec son voisin, notamment en pétrole dont les prix ont flambé depuis la semaine dernière. Environ 20% du budget général du Bénin provient des taxes douanières entre le Bénin et le Nigeria

Hier donc, après cette rencontre à Yokohama, le conseiller spécial aux médias du président nigérian Muhammadu Buhari, Femi Adesina, a précisé que La frontière entre le Nigeria et le Bénin est partiellement fermée en raison d’activités de contrebande notamment du riz qui “menace l’autosuffisance déjà atteinte en raison des politiques agricoles de son administration. Muhammadu Buhari serait disposé à rouvrir les frontières de son pays mais, au préalable, il veut rencontrer ses homologues du Bénin et du Niger afin de définir en commun des stratégies pour faire cesser la contrebande.

Une politique constante depuis 2015

Rappelons que depuis son accession à la présidence en 2015, le chef de l’Etat nigérian a adopté une politique tendant à l’autosuffisance agricole, dont rizicole. Il a instauré des contrôles aux frontières mais qui, jusqu’à maintenant, ont eu des résultats positifs jugés limités à l’aune de la fraude et des prix élevés que cela a engendré.

Le 13 août, il avait dit à la Banque centrale de cesser d’octroyer des devises pour l’importation de denrées alimentaires (Lire Le Nigeria interdit l’accès aux devises pour les importateurs de produits alimentaires). Rappelons que, là encore, depuis 2015 et sur injonction présidentielle, la Banque centrale a pris un certain nombre de mesures afin de stimuler les secteurs agricoles et agro-industrielles afin de réduire la dépendance du pays à l’égard du pétrole ; parmi ces mesures figurait l’interdiction d’accès aux devises pour l’importation de 41 produits, dont le lait, que la Banque centrale estimait pouvoir être produit sur place. Les importations de lait coûtent chaque année au Nigeria $ 1,2 à $ 1,5 milliard et $ 4 milliards pour les riz et blé. En outre, des contrôles à l’importation de produits allant du riz, cacao, tomates, … aux meubles et chaussures sont assortis de taxes dont les taux peuvent atteindre jusqu’à 70%.

Le doute jeté sur le projet de la ZLEC

Au-delà de l’impact politique et économique sur le Nigeria et ses voisins immédiats, cette décision intervient alors que ce n’est que début juillet que le Nigeria, avec son PIB de $ 400 milliards et ses 190 millions d’habitants, a signé l’accord portant sur la zone de libre échange continental (ZLEC). D’ailleurs le Bénin l’a aussi signé à ce même moment là, portant à 54 le nombre total de signataires du continent. Ils étaient parmi les derniers à ne pas l’avoir encore fait.

Dans le cadre de la mise en place de la ZLEC, il est prévu de lever les barrières tarifaires sur quelque 90% des produits échangés entre les pays du continent dès juillet 2020. La décision unilatérale du Nigeria de la semaine dernière à l’égard du Bénin jette une nouvelle lueur sur la réalité de cette volonté de libre échange par le géant de l’Afrique et augure d’un chemin parsemé d’embuche pour la ZLEC.

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