Ouverture du Sommet UA-UE en Côte d’Ivoire : quid de l’agriculture et des APE ?

 Ouverture du Sommet UA-UE en Côte d’Ivoire : quid de l’agriculture et des APE ?
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Le cinquième sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne (UA-UE) s’ouvre ce matin à Abidjan avec pour thème Investir dans la jeunesse pour un avenir durable“. Un sommet anniversaire puisqu’il y a dix ans était adoptée la stratégie commune Afrique-UE. Quelque 5 000 participants sont attendus dont 83 chefs d’Etat et de gouvernement représentant 55 pays d’Afrique et 28 pays d’Europe.

Si l’investissement dans la jeunesse africaine est au cœur de la rencontre, l’agriculture devrait être un facteur clef puisque créateur d’emploi, de valeur ajoutée et permettant d’infléchir l’exode rural qui est l’avant-garde des migrations d’un continent à l’autre.

Le  soutien de l’UE au PDDAA

A l’occasion de l’ouverture de ce sommet anniversaire, rappelons que l’UE intervient dans l’agriculture africaine à travers son appui au Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) mis en place par l’Union africaine (UA) et mis en œuvre  dans chacun des pays. Il s’agit notamment, de renforcer les capacité des Etats à concevoir et à mettre en œuvre des plans d’investissement dans l’agriculture et la sécurité alimentaire ainsi qu’à coordonner l’élaboration et l’harmonisation des politiques. En outre, l’agrobusiness en Afrique a été soutenu par le biais de l’Initiative africaine d’agrobusiness et d’agro-industries qui a identifié et démarré la mise en œuvre de quelque 40 chaînes de valeurs dans 16 pays d’Afrique, rappelle l’UE.

Le point sur les APE en Afrique de l’Ouest

De façon plus pragmatique et commerciale, l’UE est le principal débouché pour les produits agricoles africains et les accords de partenariat économique (APE) sont au cœur de la problématique pour ces prochaines années. Décriés par les uns comme étant “une stratégie de l’UE pour ouvrir les marchés alimentaires des pays en voie de développement aux multinationales“, selon l’économiste d’ATTAC Jacques Berthelot, ils sont perçus par d’autres comme offrant un débouché privilégié pour les productions africaines.

Le 31 octobre dernier, lors de la présentation par la Côte d’Ivoire de sa stratégie 2017-2020 de mise en œuvre de son APE, le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly, déclarait être “convaincu que la mise en œuvre de l’APE contribuera à la compétitivité de notre économie ainsi qu’à l’accroissement de la capacité de production, de transformation et d’exportation des produits agricoles et industriels ivoiriens”. L’APE pourrait favoriser la délocalisation et l’implantation en Côte d’Ivoire d’entreprises européennes et de pays tiers, particulièrement dans les secteurs de l’agro-industrie et des services associés et permettant d’accroître la transformation des matières premières, avait-t-il précisé selon Fraternité Matin.

La Côte d’Ivoire et le Ghana ont ratifié leurs APE intérimaires durant l’été 2016, rappelle le ministère des Affaires étrangères français dans une note. L’APE Côte d’Ivoire est en application provisoire depuis le 4 septembre 2016 et l’APE Ghana devrait s’appliquer fin 2016-début 2017. Ces APE intérimaires garantissent à ces deux pays le même accès au marché européen que l’APE régional et prévoient à terme une libéralisation de 89 % des lignes tarifaires par la Côte d’Ivoire et 80 % par le Ghana, étalée sur une période de 15 ans. Le Nigéria bénéficie dans le cadre du Système généralisé de préférences d’une réduction des droits de douane européens sur environ 1/3 des lignes tarifaires et d’une exemption totale des droits de douane sur 1/3 de lignes tarifaires supplémentaires. Le Cap Vert bénéficie du SPG + qui octroie une exemption de droits de douane européens sur environ 2/3 des lignes tarifaires. Les douze autres pays, du fait de leur statut de PMA, bénéficient du SPG Tout sauf les armes qui leur octroie un accès au marché européen pour toutes leurs exportations vers l’UE sans droit ni quota.

Le commerce UE Afrique de l’Ouest sous les APE

Le MAE rappelle que la libéralisation des échanges, côté ouest-africain, couvrira 75% des lignes tarifaires. Elle sera échelonnée sur 20 ans dont les premières 5 années sans aucune réduction tarifaire. 25% des lignes tarifaires ouest-africaines sont traitées comme sensibles et ne seront pas libéralisées du tout. Notamment, 43 % des produits agricoles ne sont pas libéralisés dont les viandes, les produits de la pêche, certains légumes, les céréales, le cacao et préparations à base de cacao, les pâtes etc. D’autres produits industriels comme le ciment, les textiles et habillement ne seront pas non plus libéralisés.

L’UE quant à elle offrira un accès total, sans droit de douane ni quota, à tous les pays de la région dès la date d’application provisoire de l’accord. L’accord porte à ce stade uniquement sur les échanges de marchandises et ne couvre ni l’investissement, ni les services qui font l’objet d’une clause de rendez-vous, tout comme la propriété intellectuelle.

La région Afrique de l’Ouest représentait plus de 38% du volume des échanges entre l’UE et les pays ACP en 2014. L’UE importe principalement d’Afrique de l’Ouest des produits agricoles et issus de la pêche, ainsi que, pour ce qui est du Nigeria en particulier, des produits pétroliers. Les importations européennes depuis l’Afrique de l’Ouest se sont élevées à 37 Mds € en 2014.

Enfin, des mesures de sauvegarde sont prévues comme des droits et taxes à l’exportation si l’Afrique de l’Ouest peut justifier des besoins spécifiques de revenus, de promotion d’industrie naissante, ou de protection de l’environnement ; des mesures de sauvegardes bilatérales pour une période allant jusqu’à quatre ans (renouvelable une fois) ; des mesures de protection d’une industrie naissante (suspension de la libéralisation ou augmentation du droit de douane sur le produit concerné) pour huit ans renouvelables, en cas de menace à l’établissement d’une industrie naissante ou perturbation du marché d’une industrie naissante.

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