Les labels de certification, un système trop coûteux pour les pays pauvres ?
Une étude de l’IIED pose la question
(30/04/2012) Actuellement, les consommateurs sont confrontés à un nombre croissant de labels. A titre d’exemple, on peut citer le label bio, le label Fairtrade, la certification Rainforest Alliance ou encore Utz Certified.
Des chercheurs de l’IIED, l’Institut International pour l’Environnement et le Développement, ont examiné plusieurs systèmes de certification dans une étude qui porte sur le café, le thé et le coton produits en Chine, au Vietnam, en Indonésie et en Inde.L’IIED montre que les prix et les avantages qui y sont attachés varient énormément selon les systèmes de certification. Dans certains cas, la certification n’offrirait que très peu d’avantages aux producteurs les plus pauvres.
Pour la co-auteure de l’étude, Emma Blackmore, : « Certaines certifications tels que Rainforest Alliance, Utz Certified et Starbucks’ CAFÉ Practices n’offrent pas de prix minimums garantis, pas de primes et ne visent aucunement à répondre à la volatilité et l’inégalité des prix dans la chaîne de valeur. Cependant, ces systèmes de certification sont moins bureaucratiques comparés à certains autres et ils facilitent mieux l’accès au marché».
Les autres systèmes de certification comprennent les labels bio et les label Fair Trade, lesquels se différencient également en matière de coût et de bénéfice pour les producteurs. Les labels bio mettent l’accent sur la protection de l’environnement, mais les avantages sociaux et économiques pour les petits producteurs sont moins évidents. La certification commerce équitable, quant à elle, joue le rôle important de filet de sécurité en garantissant des prix minimums aux agriculteurs pauvres. Mais dans certains cas, la part du prix au détail revenant aux producteurs est moins élevée que pour les produits conventionnels.
Selon les chercheurs, les primes du commerce équitable ont baissé en terme réel au cours du temps, et il va falloir les réajuster pour qu’elles puissent réellement améliorer les moyens de subsistance des petits agriculteurs.
«Les systèmes de certification sont souvent présentés comme un outil pour améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs pauvres dans les pays en développement et pour les aider à produire de manière plus soucieuse de leur environnement», déclare James Keeley. « Mais les informations disponibles permettant de faire des comparaisons rigoureuses et significatives entre les nombreux systèmes de certification sont très peu nombreuses. Notre étude conclut qu’il est peu probable que ces systèmes de certification défendent vraiment les intérêts des producteurs les plus pauvres et des petits agriculteurs. »
Pour les petits agriculteurs, les avantages d’une certification sont notamment les relations à long terme avec les acheteurs, ainsi que de meilleurs revenus grâce au pouvoir de négociation que leur offre les systèmes de certification – comme le commerce équitable – qui incitent les agriculteurs à former des organisations démocratiques de producteurs.
La certification aide aussi à promouvoir des pratiques agricoles améliorées et des produits de meilleure qualité. Elle offre bien d’autres opportunités aux agriculteurs. Mais il est peu probable que tous soient en mesure de bénéficier de la certification.
«Pour beaucoup d’agriculteurs, la certification est tout simplement trop chère », explique Emma Blackmore. «La certification peut donc être un facteur de différenciation rurale qui sert à améliorer les moyens de subsistance et les opportunités de marché des agriculteurs qui ne sont pas les plus pauvres. »
Le rapport est téléchargeable sur le site de l’ International Institute for Environment and Development (http://pubs.iied.org/14604IIED.html).