30 juillet 2008 - 00:00 |

Le dossier du vivrier sur la table du conseil des ministres ivoirien

Les moyens financiers font cruellement défaut

(30/07/08)

« La Côte d’Ivoire sort d’une crise et nous avons besoin des bailleurs des fonds pour promouvoir l’agriculture vivrière et l’agro-alimentation », souligne Sahoua Rachelle Guede, secrétaire générale de la Fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises, présente au Forum AgriBusiness organisé par EMRC à Rome fin juin. « L’accent sera d’abord mis sur la production de riz », précise le chef de projets à l’Anader (Agence nationale pour le développement rural), l’ingénieur agricole Amari Raphaël Agneroh. « En volume, sur le 1,2 million de tonnes (Mt) que nous consommons, nous en importons quasiment 60%. Donc nous avons de grands besoins. »
Les acteurs du milieu agricole ont monté un projet de relance agricole d’une valeur de FCFA 16 milliards ($40 millions). « Le projet est sur la table du Conseil des ministres : le gouvernement l’examine avec les bailleurs de fonds. » Car la Côte d’Ivoire n’aurait pas les moyens de le faire seul : actuellement, une bonne partie des finances publiques sont consacrées à la préparation des prochaines élections et le pays a encore une importante charge financière liée à sa dette puisqu’elle n’a pas encore bénéficié de l’initiative PPTE. « Les ressources sont rares pour relancer cette production rizicole », nous précise-t-on.
Sous la pression des bailleurs de fonds, l’Etat s’était désengagé du riz, comme d’ailleurs de l’agriculture en général, rappellent-ils. C’est le secteur privé qui devait produire. Malheureusement, le secteur vivrier n’a pas de structures significatives : l’Anader ne fait qu’appuyer le secteur riz, conjointement avec l’Anarizi (association des producteurs de riz). Mais ils ne disposent que de peu de moyens. « Olam semble intéressée à prendre des positions sur le riz », note M. Agneroh.
L’utilisation de la variété Nerica est à l’ordre du jour. « Le Nerica a été développé avec l’Adrao en Côte d’Ivoire », rappelle-t-il. « On avait commencé à la vulgariser, mais la production riz n’était pas rentable tant qu’on pouvait importer du riz moins cher en Afrique. Sinon, les potentialités sont là ; les bas-fonds sont là. Avec la crise alimentaire et la montée des prix du riz, c’est maintenant que notre production devient compétitive. Aujourd’hui, nous avons même des difficultés à nous approvisionner à l’extérieur. Pour garantir notre sécurité alimentaire, on doit augmenter notre production. »

FCFA 5 milliards pour le vivrier
Outre le riz et toujours dans la même logique, la Côte d’Ivoire s’attache à redynamiser les cultures vivrières : bananes, manioc, igname, patate, maïs. « Nous avons des projets pour cela, mais le problème majeur pour ces cultures, c’est leur commercialisation. Il n’y a pas de déficit de ressources mais la question c’est le transport, la mise en marché, les pertes post-récoltes. _»
Le projet pour développer le vivrier nécessite un financement de l’ordre de FCFA 5 milliards. « _Il n’est pas encore passé en conseil des ministres. Le ministre cherche des partenaires, même dans le secteur privé
 », précise encore le responsable de l’Anader.
En urgence, la BM aurait réattribué $ 2 millions destiné à un projet de développement rural pour les consacrer à la distribution de semences de riz et à de l’engrais dans deux zones qu’elle a jugé vulnérable : au Nord-Est, la région de Zanzan et la région des Savanes à Korogho. Il s’agit de produire du riz dans une région où les cultures d’exportation sont le coton et l’anacarde. « Il y a un besoin de promouvoir la production de semences. C’est un préalable », affirme encore l’expert.

Quid du jatropha ?
En matière de biocarburants, le projet qui fait actuellement du bruit en Côte d’Ivoire, c’est bien évidemment le jatropha. Ce n’est pas l’Etat mais le secteur privé qui s’y intéresse particulièrement.
Des industriels italiens auraient approché la secrétaire générale de la Fédération des PME pour développer cette culture en Côte d’Ivoire. Présente au Sénégal depuis plusieurs années, le jatropha en est encore à ses balbutiements en Côte d’Ivoire. « Nous n’avons pas encore de financements », souligne Mme Guede. « L’étude de faisabilité montre que la culture est rentable. Nous n’avons pas l’intention de l’utiliser localement : pour nous, c’est pour l’exportation. Il existe de petites unités pour fabriquer l’huile de jatropha, près de Korhogo. Mais ce n’est pas encore bien structuré. »

Et l’huile de palme ?
Les volumes d’huile de palme produits ne sont même pas suffisants pour exporter, notent-ils. Or, la demande est très forte. « Les cours étaient bas et des producteurs ont déraciné les palmiers pour faire de l’hévéa. Mais il y a de grosses agro-industries qui produisent de l’huile de palme avec de grands groupes comme Unilever [Unilever se désengage toutefois des oléagineux. Voir notre information du 23.06.0, Ndlr]. On n’a pas développé de technologies sur place pour faire du biocarburant. Mais si des industriels veulent venir et la transformer en biocarburant, on est prêt à les écouter. Le potentiel existe. On attend les partenaires et les ressources. On recherche un partenariat win-win ! »

Filières: 

Publicité

Votre publicité sur notre site

En savoir +