Crises sécuritaires et alimentaires au menu du 36è Sommet de l’Union africaine

 Crises sécuritaires et alimentaires au menu du 36è Sommet de l’Union africaine
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Ce week-end s’est tenu à Addis-Abeba le 36ème sommet de l’Union africaine (UA). En plus des dirigeants des 55 pays membres de l’UA, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, et le président du Conseil européen, Charles Michel, ont participer au sommet.

Parmi les sujets majeurs à l’ordre du jour aux côtés des conflits armés au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, les crises sécuritaire et alimentaire ont dominé les discussions. En effet, les sécheresses et inondations qui sont imputées au changement climatique ainsi que les conflits armés ont fait, selon les estimations des Nations unies, 44 millions de déplacés en 2022, soit 15% de personnes en plus que l’année précédente.

Le Commissaire de l’UA à la paix et à la sécurité, Bankole Adeoye, avait pour objectif d’obtenir le soutien des Etats-Unis, de l’Union européenne et des pays africains pour créer un nouveau financement des opérations de sécurité, ont déclaré à Reuters deux diplomates.

« Malgré le ralentissement occasionné par de multiples chocs, l’Afrique a fait preuve d’une résilience continue dans tous les pays, sauf un, et a maintenu un taux de croissance positif en 2022 avec des perspectives stables en 2023 et 2024. Les économies africaines sont effectivement résilientes », a déclaré le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, mais elles ont besoin d’un « soutien mondial » pour l’aider « à faire face aux fardeaux financiers et aux défis en matière de sécurité ».

L’occasion pour la Banque africaine de développement (BAD) de présenter la première édition de son rapport semestriel Performance et perspectives macroéconomiques de l’Afrique (https://www.afdb.org/fr/documents/performances-et-perspectives-macroecon…), qui paraitra aux premier et troisième trimestres de chaque année. Il devrait d’aider les pays africains à orienter la planification nationale, a indiqué le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat.

« L’Afrique ne peut pas gravir la pente raide en portant un sac de dettes sur son dos », a déclaré le président Adesina. « La canalisation des $ 100 milliards supplémentaires de droits de tirage spéciaux fera une énorme différence. »

Car le potentiel est bel et bien là. Le directeur du Centre pour le développement durable de l’université de Columbia, l’économiste Jeffrey Sachs, a déclaré que l’Afrique avait la capacité d’atteindre une croissance annuelle de 7 à 10 %. Il a fait observer que l’Afrique pouvait tirer parti de sa population pour développer un marché unique robuste, citant des exemples comme la Chine et l’Inde.

« La création d’un marché unique permettra à l’Afrique de se positionner parmi les trois plus grands marchés mondiaux. C’est le continent qui a le plus grand potentiel de croissance », a-t-il déclaré, appelant les dirigeants africains à construire des infrastructures régionales vitales et de combler les lacunes en matière d’infrastructures au cours des prochaines décennies. « L’Union africaine doit devenir un membre permanent du G-21 », a-t-il ajouté.

Selon le rapport, les effets persistants de la pandémie de Covid-19, les ravages de l’accélération des changements climatiques et l’impact de la montée des conflits et des tensions géopolitiques ont ralenti la croissance de l’Afrique à 3,8 % en moyenne en 2022. Pour soutenir la croissance, les économies africaines auront besoin d’informations et de perspectives complètes pour naviguer dans un labyrinthe de risques mondiaux imbriqués, indique le rapport.

La croissance moyenne  estimée  du  PIB  réel  en Afrique a  ralenti,  passant  de  4,8%  en  2021  à  3,8  %  en  2022,  et  devrait  se  stabiliser  à  4 %  en  2023/24. Les estimations montrent un ralentissement de la croissance en Afrique de l’Ouest qui passerait de 4,4 % en  2021  à  3,6%  en  2022,  reflétant   les ralentissements en Côte d’Ivoire et au Nigeria, les deux grandes économies de la région, lit-on dans le rapport.

Elle devrait s’accélérer à moyen terme, pour atteindre 4,1% en 2023  et  4,3 %  l’année  suivante.  À l’exception du Niger, de la Gambie, de la Guinée et du Togo, tous les autres pays de la région ont connu

une diminution  de  leur  croissance  en  2022.  Les performances économiques soutenues des économies les plus diversifiées de la région devraient permettre à la croissance régionale moyenne d’atteindre 4,1 % en 2023 et 4,3 % en 2024.

Au  Ghana,  la  croissance  a  chuté  à  3,6 %  en  2022, contre 5,4 % l’année précédente, reflétant  de  profonds  déséquilibres  macroéconomiques,  dont  une  inflation  plus  élevée,  une  monnaie  locale  ayant  dépréciée  et  une  dette  publique élevée, estimée à 91 % du PIB.

Au Nigeria, la  plus  grande  économie  de  la  région,  les  estimations  de  la  croissance  indiquent une baisse à 3% en 2022 contre 3,6  %  en  2021,  toutefois  supérieure  au  taux  de  croissance démographique  du  pays,  qui  est  d’environ  2,4  %.  Le  Nigeria  a  toutefois  souffert d’une chute prolongée de sa production  pétrolière  en  raison  d’inefficacités  techniques  dues  au  vieillissement  des  infrastructures et aux vols, ce qui a limité ses gains liés aux  cours  internationaux  élevés  du  pétrole.  Il connaît également de profonds déséquilibres macroéconomiques, provenant d’une  subvention coûteuse du carburant, d’une inflation élevée  depuis  près  de  20  ans  et  du  manque  de devises étrangères avec pour résultat une dépréciation rapide de sa monnaie nationale, et  une  érosion  du  pouvoir  d’achat  de ses  citoyens. L’incertitude quant à la continuité des politiques  au  lendemain  des  élections  générales de 2023, conjuguée à la montée de l’insécurité, a entamé la confiance des investisseurs, ce qui a freiné les investissements et affaibli les perspectives  de  croissance  du  pays.  Face à ces vents contraires, la croissance du PIB réel devrait rester modeste, à 3,1 % en 2023, avant de se redresser lentement pour atteindre 3,3 % en 2024, précise le rapport.

En Côte d’Ivoire, les investissements  dans  les  infrastructures  logistiques  stratégiques,  l’expansion  de  projets  de  construction  pour  répondre  à  l’urbanisation  croissante  et  les  projets énergétiques prévus pour améliorer le secteur  des  énergies  renouvelables  du  pays  devraient  accélérer  le  taux  de  croissance  estimé de 6,8 % en 2022 et à 7,2 % en 2023.

Le Sénégal, qui s’apprête à devenir un exportateur de pétrole et de gaz en 2023 et qui profite d’une reprise du tourisme et de la production  agricole,  pourrait  se  retrouver  sur  la  liste  des économies à la croissance la plus rapide d’Afrique. Dans ce contexte, la croissance du Sénégal devrait s’accélérer, passant de 4,7 % en 2022 à 10,2 % en 2023.

Selon les estimations, l’inflation moyenne des prix à la consommation en Afrique a augmenté de 0,9 %  pour  atteindre  13,8%  en 2022 contre 12,9 % en 2021, soit le niveau le plus élevé depuis plus d’une décennie. L’inflation a été à deux chiffres dans 19 pays africains, avec les niveaux les plus élevés en Afrique de  l’est (25,3%) et en Afrique de l’Ouest (16,8 %). Le revenu réel moyen des ménages par habitant en Afrique a chuté de 0,84%  (alimentation)  et de 1% (énergie) en raison de l’inflation consécutive des prix depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cela a conduit à une perte agrégée du revenu réel des ménages par habitant de 1,84 % pour l’ens.emble des ménages.

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