L’OIC lance un nouveau rapport et révise son calcul de consommation de café des pays producteurs

 L’OIC lance un nouveau rapport et révise son calcul de consommation de café des pays producteurs
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La production mondiale de café a diminué de 1,4% à 168,5 millions de sacs (Ms) au cours de l’année caféière 2021/22, année basse dans le cycle végétatif du caféier mais aussi parce que plusieurs pays producteurs importants ont connu des conditions météorologiques défavorables. Toutefois, cette production devrait rebondir de 1,7% et atteindre 171,3 Ms en 2022/23, souligne l’Organisation internationale du café (OIC) dans son premier numéro de rapport semestriel Coffee Report and Outlook (CRO) qu’elle a lancé vendredi.

Comment se place l’Afrique du café ? En termes de production, les volumes récoltés sur le continent ont moins baissé que la production mondiale en 2021/22, de l’ordre de -0,8% contre -1,4% pour toute la planète, ce qui a permis à l’Afrique avec ses 19,1 Ms d’accroître très légèrement sa place sur la scène globale caféière, à 11,4% contre 11,3%.

Si au plan continental, la production est donc relativement stable d’une campagne à l’autre, la situation par pays témoigne de grandes évolutions.

La “renaissance tranquille” du Togo

La Côte d’Ivoire est le seul pays producteur africain dont la production ait baissé en 2020/21. Les caféiculteurs des petites exploitations ont souvent choisi de ne pas récolter les cerises lorsque leur nombre était insuffisant sur les caféiers car leur prix était peu attractif. Avec la remontée des cours en 2021/22, la cueillette est redevenue intéressante, les volumes bondissant alors de 41,9% pour atteindre 1,5 Ms soit son volume le plus élevé depuis l’année caféière 2010/11.

En revanche, la production en Ouganda a diminué de 10,0 % en 2021/22 en raison de la sécheresse, alors qu’en Ethiopie, le niveau record de 7,9 Ms a été atteint, en hausse de 3,6% par rapport à 2020/21 : les superficies caféicoles ont augmenté (+22,3% entre 2015 et 2020) et de bonnes pratiques agricoles ont été adoptées. L’OIC souligne qu’au Coffee Farm College créé par l’ONG TechnoServe en 2012, environ 200 000 caféiculteurs ont été formés en Ethiopie.

La Zambie a poursuivi son ascension avec une hausse de 16,4 % en 2021/22 pour atteindre 64 000 sacs après avoir grimpé de 59,4% la campagne précédente. Depuis 2014/15, la production a été multipliée par 22 grâce à un verger renouvelé notamment par Northern Coffee Corporation (NCCL), filiale d’Olam Food Ingredients (OFI).

La « renaissance tranquille » du Togo est saluée par l’OIC. Après environ 30 années de déclin, la production togolaise est passée de 433 000 sacs en 1990/91 à 34 000 sacs en 2020/21 pour regrimper à 53 000 sacs en 2021/22, soit une hausse de 55,9%. L’OIC s’attarde sur ce renouveau togolais : « La superficie totale sous café était de 42 691 ha en 2019, cultivés principalement par de petits exploitants en collaboration avec le cacao utilisant l’ancienne variété Robusta, est localement appelé “Niaouli”, qui aurait été cultivée pour la première fois dans les années 1920. En 2011, le Projet d’appui au secteur privé a été lancé pour appuyer l’Unité technique café cacao (UTCC), une branche du Comité de coordination des filières café cacao (CCFCC), organisme chargé de la gestion de la production de café et de rajeunir le verger. Jusqu’en 2021, 974 ha ont été replantés et 35 000 autres (café et cacao) devaient l’être en 2022. Il semble que ces actions portent désormais leurs fruits », conclut l’OIC.

En revanche, la production continue de chuter au Cameroun : en 2021/22, cette baisse a été majeure, de l’ordre de 34,3%, à 165 000 sacs alors que sa superficie caféière est stable autour de 114 000 à 118 000 ha entre 2015-2020. Ce « ralentissement est dû à une combinaison de facteurs, notamment l’âge et le faible productivité des plantations de café, le désintérêt des jeunes pour la caféiculture, le travail épuisant qu’elle requiert et la concurrence d’autres filières plus lucratives. »

Le Robusta a le vent en poupe

En 2021/22, la récolte de Robusta a bondi de 7,1% à 74,2 Ms avec pour force motrice le Vietnam. Sa production a progressé de 14,9% en 2021/22, à 30,8 Ms, essentiellement grâce aux bonnes conditions météorologiques. C’est son volume le plus élevé enregistré depuis ses 31,8 Ms en 2017/18.  Quant à l’Indonésie, aune météorologie défavorable a fait glisser de 1,1% sa production en 2021/22, à 9,4 Ms. En revanche, l’Inde a enregistré une hausse de 4,2 % à 4,2 Ms en 2021/22. Globalement, l’Asie et l’Océanie ont représenté 61 % de la production mondiale de Robusta en 2021/22 contre 59 % la campagne précédente.

Au record du Vietnam s’est donc ajoutée la belle performance ivoirienne 2021/22 et le renouveau du Togo précités.

Une consommation vigoureuse

La consommation mondiale de café a augmenté de 4,2% pour atteindre 175,6 Ms en 2021/22 après s’être hissée de 0,6 % la campagne précédente. Un effet quasi mécanique avec l’après Covid et la forte croissance économique mondiale.

En revanche, l’OIC prévoit que cette consommation mondiale ne progresserait que de 1,7% à 178,5 Ms en 2022/23 en raison de la décélération des taux de croissance économique mondiale en 2022 et 2023, associée à la forte augmentation du coût de la vie, aurait un impact sur la consommation de café pour l’année caféière. L’Europe connaitrait la plus forte décélération avec un taux de croissance tombant à 0,1% en 2022/23 après une expansion de 6 % en 2021/22. Mais le marché mondial du café devrait connaître une nouvelle année de déficit.

La nouveauté dans ce premier rapport semestriel de l’OIC est d’avoir adopté une nouvelle méthodologie de calcul statistique de la consommation locale dans les pays producteurs, en incluant les importations. Des importations dont elle ne tenait pas compte auparavant. Ceci a pour conséquence immédiate que els chiffres de consommation locale ont fortement augmenté.

Ainsi, avec ce nouveau mode de calcul, les 55 pays producteurs de café ont multiplié par six leurs importations entre 2000/01 et 2021/22 qui sont passées de 1,9 Ms à 12,6 Ms. Pour l’OIC, plusieurs raisons expliquent ceci : dans certains pays, notamment en Afrique, la qualité du café local ne répond pas aux attentes des consommateurs, d’où la nécessité d’importer ; les volumes locaux sont parfois insuffisants et ce d’autant plus que les belles qualités sont, en général, aujourd’hui encore, destinées à l’export.

Quid de l’Afrique ? Sa consommation de café a augmenté de 2,6 % en 2021/22, à 12,9 Ms après s’être envolée de 4,3 % en 2020/21. Une consommation africaine fortement concentrée : six pays ont représenté 74% de part de marché en 2021/22 et 63,8% de la progression enregistrée en 2021/22 était due à ces six pays consommateurs.

L’Algérie et la Tunisie sont les seuls pays parmi les six premiers à avoir vu leur consommation du café diminue au cours de l’année caféière 2021/22, respectivement de 14,2 % et 7,3 %, en raison essentiellement du renchérissement du coût de la vie.

 

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